→ Quel est votre sentiment vis-à-vis des étrangers ? Mitigé. C'certain, ça fait un raval'ment d'façade à toutes les têtes d'pecnots qu'on a toujours vu par ici. Puis ça peut avoir dans les poches d'trucs qu'on n'trouve pas forcément ici et dont j'me ferais une joie d'leur en débarrasser en douce. Diversifions, diversifions. Cependant, j'comprend pas les raisons pour lesquelles ils viennent s'poser l'derche ici. Y'a moins pourri, y'a vach'ment mieux. Ils m'font pitié quand ils débarquent, ils sont d'jà fichus, m'enfin bon, c'pas moi qui irait les accueillir car moi, j'les envie d'avoir pu vivre ailleurs. C'pas moi qui irait les foutre dehors non plus parce que v'la, maintenant, le rang des baisés par Caswell augmente. C'fait s'sentir moins seul.

→ Que pensez-vous du conseil municipal et de son action ? C'est l'genre de choses auxquelles j'ai pas souvent envie d'm'attarder. Comme partout, y'a divergence selon les personnes, moi j'suis pas d'accord avec tout après, bon, v'la, j'imagine qu'ils font d'leur mieux ou bien qu'ils essayent. C'juste que c'dérangeant d'avoir c'te sensation d'être surveillé. Une mèche d'cheveux d'traviole, une absence sur l'banc d'l'Eglise, le conseil le sait, le conseil juge. Le conseil est t'jours partout et parfois, c'fait chier. Si ça s'trouve, c'est l'conseil qui trouve toujours un moyen d'nous faire revenir à Caswell ! J'm'en méfie

→ Que pensez-vous des récents événements ? Croyez-vous en toutes ces rumeurs surnaturelles ? J'sais pas, je m'en branle un peu, vous savez. J'me sens pas concerné du tout, j'veux dire, ce Littleton, j'le connaissais pas. En tout cas, pas comme l'vagin d'ta mère .. Rho c'bon j'déconne. Non mais v'la, c'est pas un proche alors basta. Bon après la Gloria là, déjà c'quoi c'prénom de merde et puis bon, elle a foutu l'boxon. J'suis même pas étonné, y'en a qui sont vach'ment rancunier par ici. Après pour les rumeurs surnaturelles, j'sais pas, l'monde est vaste, y'a du mystère partout, qui sait ? Après tout, j'suis bien revenu à Caswell alors que j'le voulais pas

→ Dans quelles circonstances est apparu votre pouvoir et qu’avez-vous ressentit ? L'circonstances ? L'dérive tout simplement. M'voir m'éloigner des côtes, d'voir l'courant m'emporter j'ne sais où. En temps normal, ca m'aurait rien fait, j'aurais laissé faire, j'aurais juste attendu qu'le moteur d'mon bateau arrête d'faire sa tête d'con mais c'jour là, j'sais pas. C'm'a enragé et j'ai haï c'te ville d'merde ! C'te grande étendue d'eau salée ! J'ai haï c'te vie chienne ! Pétage de durite pure et dure. J'ai gueulé comme un hystérique, retourner l'intérieur d'bateau sens dessus dessous, gueuler contre l'ciel et l'mer, contre ce qui est vu et ce qui n'peut pas être vu. Gueuler contre m'vieille peau partie, envolée. Dead. C'que ça m'a fait ? Comme une araignée aux pattes tranchantes qui m'remontait l'long d'la colonne vertébrale, l'muscles qui s'raidissent et c'te sensation d'se vomir, d'être expulsé d'son corps comme s'il était d'venu trop p'tit. La tête, lourde, lourde, lourde comme entre deux eaux, comme assommé mais en même temps parfait'ment lucide, dur à expliquer, c'est un bordel d'sensations paumés. Comme si j'avais l'cul entre deux mondes qui n'se supportent pas, deux mondes qui m'rejettent mais en même temps m'aspirent. Vous voyez l'merdier ? Cétait 'pas spécial'ment douloureux physiquement, la chair s'meurtrissait pas, c'dans la tête, c'dans l'âme, comme si ç'brisait, c'se disloquait, comme si j'devenais taré, qu'la réalité perdait son sens, qu'elle périssait autour d'moi. La sensation d'être observé, épié, c'était pesant, trop pesant et là, ils sont apparus. Là. Comme des flashs d'ombres rapides, certains sans visages, certains avec. Au dessus d'l'eau, je l'ai vu m'vieille peau et j'ai compris c'qui s'passait, j'ai compris c'que les ombres étaient. J'ai compris c'qu'ne pouvait pas être vu l'était à c'moment précis. L'moteur s'est remis en marche, c'moi qui fut hors service.

→ Avez-vous un secret vous concernant à nous révéler ? En tout cas, c'que j'peux vous dire de secret sur moi, c'un d'mes petits plaisirs. Un plaisir énorme. Non, j'me touche pas l'poireau quand j'peux apercevoir Dylan par la fenêtre d'sa chambre. Non, j'pisse dans les bouteilles d'shampoing d'Olivia. Non seul'ment, c'me soulage d'vider ma vessie mais en plus d'ça, c'un tel bonheur quand elle s'fait un shampoing. Y'a pas à dire ... Comment ça c'pas vrai ? Ah t'veux un secret véridique ? Ok. J'ai bouffé Gloria. Avec d'petits légumes, c'fut excellent. M'reste son foie dans mon congélo, t'en veux ? J'aime disséquer les clebs du voisinage, j'me touche tous les soirs en pensant à Asher. J'suis glauque. J'me lave jamais les mains quand j'sors des chiottes. J'crache en douce dans chaque poisson que j'vend. Parmi tout cela, il y a un vrai secret, t'te démerde hein !

→ Avez-vous été témoin dans la ville de choses que vous aimeriez dénoncer ? Ouais. La connerie d'gens ! Mais ça, t'auras beau dénoncer, ç'ne changera jamais. M'enfin bon, c'juste chiant ! C'vraiment pète-couille toute c'te hypocrisie, c'me rend malade. T'aime pas quelqu'un bah t'le dis, t'aime pas quelqu'un, bah t'assume. Dieu va pas t'foudroyer. Dieu s'enfout d'toute ! Parce que bon les sourires and co à mon r'tour, c'bien beau mais quand j'chope les tags sur la coque d'mon bateau et les p'tites lettres mignonnes dans l'boîte aux lettres, bah ca fait chier. Alors, oui j'dénonce, j'accuse : les gens manquent d'couilles par ici.

→ Vous êtes pris dans un cyclone. Des débris sont tombés sur la personne qui vous est la plus chère et sur un enfant que vous ne connaissez pas. Si vous la sauvez cette personne vivra avec un handicap terrible mais l’enfant mourra. Si vous sauvez l’enfant il sera indemne mais l’autre mourra. Vous ne pouvez en sauver qu’un, alors que faites-vous ?