La soirée de la veille avait été plutôt mouvementé et heureusement pour elle Irene avait négocier un jour de congé supplémentaire juste au cas ou elle n’aurait pas eu assez de temps pour terminer son emménagement avec Ruby, ce qui était peu probable étant donné le peu de possessions qu’elle avait à installer mais leurs première vrai soirée ensemble avait été des plus rafraichissante, la jeune femme ne s’était pas sentie aussi détendue depuis très longtemps, elle avait enfin l’impression d’appartenir à quelques chose et sentait que finalement elle arriverait peut être à se reconstruire proprement ici. Ce n’était pourtant pas le plan de départ, elle s’était arrêter ici par le plus grand des hasard, quelque chose l’avait interpellé dans cette ville, quelque chose qui lui échappait, peut être était ce le destin ou tout simplement son subconscient qui lui susurrait qu’elle n’avait pas vraiment envie d’atterrir au Canada, peu importait après tout car ici ou ailleurs le but était le même, repartir à zéro, recommencer et faire mieux que la dernière fois, voilà une chose qui ne devrait pas être difficile, faire pire était difficilement faisable.

Elle s’était levée relativement tard aujourd’hui et après avoir remis un peu d’ordre dans l’appartement, elle était allez déjeuner avec Ruby en centre ville, prés de la bibliothèque, sa colocataire n’avait pas une coupure assez conséquentes pour leurs permettent de s’éloigner plus que ca, après le repas, elle avait décider d’allez explorer un peu mieux la ville et contre toute attente elle avait finie par atterrir dans son nouveau quartier ou il n’y avait pas grand chose à voir, c’était un quartier résidentiel mais elle avait cru apercevoir un parc ou quelques chose qui y ressemblait de la fenêtre de sa chambre, elle se mit donc à tourner dans le coin pour le trouver. L’air était plutôt frais mais le soleil réussissait néanmoins à faire de brèves apparitions ce qui n’était pas mal pour un mois de novembre, au alentours de 16 heure, elle s’arrêta pour acheter un café, qu’elle pris à emporter, elle venait de trouver l’endroit qu’elle cherchait.

L’entrée était discrète mais très jolie a bien y regarder, une plaque gravé, une arche qui devait sans doute être recouverte par la nature en été et une grille en fer forgé un peu grinçante, très rustique en soit, elle pénétra dans l’enceinte du jardin public, il était on ne peut plus désert et pourtant au loin elle aperçu une jeune femme qui marchait tranquillement, bon au moins ce n’ était pas un de ses motard à l’allure inquiétante, elle s’avança donc à son tour sur les chemins recouverts de feuilles, elle avait toujours adorer l’automne, les couleurs chaudes, le bruit de craquement sous ses pas, l’air à la fois froid et sec et aujourd’hui à tout cela s’ajoutais le calme de l’endroit, c’était exactement ce qui lui fallait pour se remettre de cette soirée un peu trop arrosée. Alors qu’elle s’était arrêter pour observer la perspective du paysage, elle pris une gorgée de son café qui avait déjà considérablement refroidie, un frisson parcourue sa colonne vertébrale alors qu’elle avalait la rasade de liquide brunâtre, c’est à ce moment là que dans son champ de vision réapparue la jeune femme entraperçu précédemment, cette crinière flamboyante, lui rappela une ancienne connaissance, des souvenirs non pas mauvais mais plutôt associés à un contexte qu’elle souhaiterais oublier, mais a bien y regarder ce n’était peut être pas qu’une ressemblance, était-ce possible ? Comment ? Elle ne pouvait pas rester là à tergiverser plus longtemps, elle devait être sûre, elle accéléra donc le pas dans sa direction, à peine deux minutes plus tard elle était juste derrière elle.

Tenterai…tenterai pas…après tout elle n’avait pas grand chose à perdre.

« Shirley ? » le son de sa voix avait résonné dans le parc ou peut être n’était ce juste que dans son esprit, la chevelure fit alors volte face, laissant apparaître un visage qu’elle connaissait par cœur, comment pouvait-il en être autrement, ce portrait, elle l’avait eu face à elle 24 heures sur 24 pendant des années, elle l’avait connu et observer dans les moindres détails, elle en connaissait les moindres expressions. Elle s’était arrêter net, bien trop surprise de se retrouver face à son passée, un passée qu’elle pensait ne jamais revoir…et pourtant elle était là, elle ne savait pas vraiment comment réagir, ni qu’elle comportement adopté et pourtant elle finit par s’avancer vers elle, elle se rapprocha suffisamment près mais tout en respectant une distance de sécurité, elle savait que son ex compagne n’était pas de ces gens qui supportait d’être approché de trop prés, certes elle avait à une époque eu la chance d’échapper à ce problème mais quand était il aujourd’hui ? C’est une question à laquelle elle ne pouvait pour l’instant pas répondre.
« Comment… » S’exprimer était devenue problématique, ce choc elle n’y était pas du tout préparé.

Le jardin était assez beau, et il devait l’être encore plus lorsque c’était l’été et que tout était vert. Ou encore au printemps lorsque tout fleurissait. Là, avec l’automne et l’hiver qui s’approchait, c’était plus dans les teintes de orangés, de jaunes, de nus aussi, quand les feuilles étaient trop tombées à certains endroits. M’enfin, peu importe la saison et comment les arbres et le décor étaient, tant qu’elle était seule, Shirley était comblée ; quand elle ne pensait pas à qui pouvait bien l’observer. Ce qui était en train d’arriver, alors que pour une rare fois, elle n’y pensait pas. Elle l’apprit très vite. Son prénom fut dit. Ce qu’elle trouva assez inquiétant. Ici, presque personne ne connaissait comment elle se nommait. Il y avait le propriétaire du logement où elle habitait, peut-être quelques personnes chez qui elle avait travaillé et, de ce qu’elle se rappelait, c’était tout. Sans que ce soit surprenant, elle se mit à s’inquiéter très rapidement. Rapidement, elle eut en tête quelques options. Il y avait la très simple option de tourner la tête et de regarder qui venait de lui parler et d’aviser ensuite. Il y avait aussi celle de faire comme si elle n’avait rien entendu et de continuer son chemin. Ce qui ne marchait pas vraiment parce qu’elle s’était arrêtée. Niveau subtilité, on repassera. Elle devait aussi tenir en compte qu’elle avait reconnu la voix. Ce qui était encore plus surprenant. Ça faisait par contre un bout de temps qu’elle ne l’avait pas entendu. Elle ne savait pas vraiment si c’était bon signe ou non. Elle prit pour acquis que c’était mauvais signe. Parce que ça faisait un bout de temps qu’elle n’avait pas entendu certaines voix. Elle ne la craignait pas. En même temps, avec un seul mot, elle ne pouvait pas vraiment se faire de réelle idée. Tant qu’elle ne se retournait pas, elle ne pouvait pas s’en faire aucune. Elle respira un grand coup, se retournant ensuite. Entre le «Shirley» et qu’elle se retourne, ça n’avait pris que quelques secondes.

Son regard se porta sur une jeune femme blonde, qu’elle reconnut. Ce qui expliquait pourquoi elle avait aussi reconnu sa voix. Elles avaient passé beaucoup de temps ensemble. Elle ne sut pas comment réagir. Elle resta, planter là, sans bouger. C’était bien la dernière des choses dont elle se serait attendue à retournant à Caswell. Elle ne s’attendait pas du tout à tomber sur Irene. Pas seulement parce que la dernière fois qu’elle avait eu de ses nouvelles, ce qui était de sa faute puisqu’elle avait arrêté de lui écrire, elle était toujours en prison. Il était vrai que depuis deux ans, elle avait eu le temps de sortir. Elle ne se souvenait pas si elle lui avait déjà parlé de Caswell par le passé. M’enfin, peu importe la raison, elles étaient toutes les deux, à quelques mètres, libres. Ce qui n’était jamais arrivé avant. C’était assez inusité. Assez pour qu’elle ne sache pas du tout quoi dire… enfin, encore pire que d’habitude. Tout comme Irene qui ne dit que «comment». Ce qui était un assez bon début. Comment étaient-elles là toutes les deux ? Elle ne savait pas trop si c’était le destin, le hasard, ou une coïncidence, et encore moins si elle croyait à ses trois phénomènes. Sauf que peu importe ses croyances, elles étaient toutes les deux-là. Elle croisa les bras, regardant autour d’elle, comme si les arbres pouvaient lui apporter une réponse quelconque. « Je suis née ici, j’y suis restée jusqu’à mes seize ans… » lui expliqua-t-elle. Elle ne savait pas trop si cela donnait une assez bonne raison pour pourquoi elle était là, mais c’était tout ce qui lui vint en tête. Elle n’avait pas été plus loin que seize ans. La blonde jeune femme était au courant, Shirley n’était pas entrée dans tous les détails, mais elle lui avait dit que ses parents l’avaient vendus à cet âge-là et que c’était à partir de là que tout avait changé.

« Je sais plus si je t’avais parlé de Caswell. » continua-t-elle, quelques secondes plus tard. Peut-être que ça lui était resté en tête et qu’elle avait aménagée ici juste comme ça. Elle, elle ne se souvenait plus si elle lui en avait parlé, mais elle savait très bien qu’elle n’avait jamais exprimé le désir de retourner dans sa ville natale. Ça lui était venu récemment. Elle ne savait pas combien de temps elle allait y rester, elle avait souvent déménagé ces deux dernières années. Ce n’était pas parce qu’elle était de retour que c’était pour toujours. Elle allait y aller au fur et à mesure comme d’habitude. « Ça fait longtemps que t’es là ? » Là à Caswell et non pas dans ce jardin. M’enfin, pour le coup, on pouvait lui donner une bonne main d’applaudissement : elle se montrait vraiment bavarde. En même temps, connaitre la personne en face d’elle devait aider. Elle ne partait pas de rien avec Irene. Surtout que, quelque part au fond d’elle, elle était contente de la revoir. Bien que ça ne paraissait pas. Elle était restée à la même place, sans bouger, les bras toujours croisés.

La jolie rousse semblait un peu perdue, elle la regarda dans un premier temps sans rien dire puis lui expliqua qu’elle avait grandie ici, peut être l’avait elle déjà mentionnée, elle ne s’en souvenait pas vraiment, était-ce donc pour ca que cette ville l’avait interpellé, un vague souvenir enfoui au fond de son esprit, vestige d’une conversation entre les deux jeunes femmes ? Rien n’était impossible à vrai dire cette période lui semblait tellement loin, beaucoup de choses s’étaient passées entre le moment ou Shirley était sortie et celui ou Irene avait pu à son tour recouvrer sa liberté, une vie en soi, le temps était plus long en prison…beaucoup plus long mais seulement ceux qui y ont séjourné peuvent s’en rendre compte.

Irene s’était détendue, après tout elle connaissait Shirley depuis longtemps, elle ignorait si elle était heureuse de la voir, non elle l’était…la nuance se trouvait plutôt dans le fait de la voir ici même à Caswell, elle était venue dans ce bled pour laisser derrière elle son passé et voilà qu’il tendait à la poursuivre, bon les choses auraient pu être bien pire, au moins c’était de Shirley qu’il s’agissait et non pas de Ben, cette situation là aurait été bien plus compliqué à gérer. Son amie n’était pas très bavarde, elle ne l’avait ceci dit jamais vraiment été, Irene se rappelait encore parfaitement le jour ou la jolie rousse avait rejoint la prison d’état de Boston, cela faisait déjà un an que la jeune femme y était enfermée, sans doute l’année la plus dure de sa vie, une lutte de tous les instants pour se faire une place dans cette micro-société gérer par la violence, qu’elle soit verbale ou physique, elle en avait chier, il n’y avait pas d’autre façon de l’expliquer, elle avait subit mais au final, elle avait réussi à s’imposer, elle s’était allier aux bonnes personnes, trempait une fois de plus dans des trucs peu orthodoxe mais elle à la fin de la journée elle était en sécurité entre ces quatre murs. La situation était donc stable lorsque Shirley avait investie sa cellule, elle avait l’air fragile et complétement brisé, Irene ne s’en était guère occupée au tout début, elle s’était vite rendue compte que la jeune femme ne risquait pas de tenir longtemps ici, trop introvertie, trop calme, trop silencieuse, une proie bien trop facile en soi. Il avait fallu quelques semaines pour que les choses commencent à changer, oh bien sûre on ne parle pas ici d’un changement d’ampleur, non mais, même si elle ne saurait du dire pourquoi, Irene avait vu quelque chose dans sa co-détenue, quelque chose qui l’avait toucher, quelque chose qui l’avait pousser à essayer d’en savoir plus, à même éventuellement user de sa petite influence pour l’aider à survivre dans ce trou à rat.

Elle secoua légèrement la tête comme pour chasser ses souvenirs, elle ignorait si toutes ces images avaient défilées dans sa tête en quelques secondes, ou si elle était resté planté là silencieuse et absente pendant plusieurs minutes, probablement la première option étant donné que Shirley était toujours là et n’avait pas vraiment bougé non plus. Alors, le son de sa voix retentit de nouveau. Et Irene se rendit compte qu’elle n’avait même pas répondu aux précédentes affirmations, quel manque de tact.

« Non pas vraiment, quelques semaines tout au plus, je ne me souvenais plus que tu y était d’ici, je ne sais même pas si tu à mentionné le nom de ce bled un jour, mais disons que je passait par là et ca m’a semblé un bon endroit pour me réinsérer…enfin tu voit ce que je veut dire… »

Irene ne savait pas vraiment quoi dire, elles avaient probablement l’air aussi stupide l’une que l’autre, raides et immobiles dans ce parc désert, ne sachant que se dire, mais aussi banale que la situation semblait être, elle ne l’était pas pour elles car elles s’étaient connue dans un endroit clos, surpeuplé et glauque à souhait, alors se retrouver ici, seule et au grand air, c’était une chose que la blonde n’aurait même pas imaginer, surtout lorsque plus aucune lettre ne lui était parvenue un beau jour.

« Et toi ? tu est ici depuis longtemps ? Qu’est ce que tu devient ? » Les banalités d’usage en soi, bien que les réponses lui importait et que sa curiosité prenait clairement le dessus, une question balayait de loin toutes les autres. Mais ce n’était pas vraiment le moment, probablement pas et pourtant avant même qu’elle n’a pu finir sa réflexion, sa bouche s’ouvrit et la question lui échappa tout naturellement. « Pourquoi à tu arrêter d’écrire ? »

Elle le regretta aussitôt, elle savait qu’elle n’avait aucun intérêt à la brusquer et que ce n’était pas comme ça qu’elle fonctionnait mais c’était sorti tout seul. Elle haussa les épaules et continua.« Désolé, c’était un peu sortie de nul part, c’est juste que je me suis toujours demandé, si c’était moi que tu cherchait à fuir ou juste ton passé carcérale. Tu n’a pas à répondre à cette question maintenant, c’était idiot de ma part, raconte moi plutôt ce que tu devient. » Elle lui avait adressée un sourire qui se voulait rassurant en espérant que cela l’encouragerait à lui parler sans détourner le regard toutes les secondes.

Shirley trouvait cette situation irréelle. Comme si elle allait se réveiller et se dire qu’elle avait rêvé. Si elle se réveillait tout de suite, ça ferait changement des cauchemars qu’elle faisait le reste du temps. Si elle ne se réveillait pas tout de suite, ça pouvait devenir un cauchemar n’importe quand. Rêve ou non, ça se poursuivait. Irene était restée silencieuse, elle ne pouvait pas dire combien de temps, étant elle aussi perdue dans ses pensées. Elle ne savait donc pas quand elle se mit à répondre à ses questions. Peu lui importait. Tout comme si la jeune femme avait décidé de partir sans avoir rien répondu. Elle ne pourrait pas lui en vouloir sur quelque chose qu’elle pouvait faire. Partir était un moyen comme un autre de ne pas répondre aux questions. Les questions furent répondu, cassant le silence qui c’était installé entre les deux jeunes femmes. Elle hocha la tête. Ce n’était pas grave. Ce n’était pas comme si elle avait insisté sur Caswell. Elle ne savait même pas si elle avait abordé le nom. En deux ans, ils s’en étaient passé des trucs. Enfin, pas tant que ça, elles étaient dans une prison, mais de là à se souvenir de tout ce qui avait été dit, même si elle avait une assez bonne mémoire, c’était trop lui demander. Il ne fallait pas non plus oublier les deux autres années en-dehors qu’elle avait passé, elle avait appris bien des choses et avait eu d’autres choses à mettre en mémoire. « Bonne chance. » Elle ne savait pas trop si c’était les termes appropriés, mais elle ne voyait pas trop quoi dire donc à propos de sa réinsertion. Se réinsérer. Elle ne savait pas trop si elle l’était vraiment. Si elle allait pouvoir l’être complètement un jour. On n’avait pas besoin de s’inquiéter pour elle. Ce n’était pas elle qui allait replonger dans ses vieilles habitudes. Pas du tout. Elle n’avait jamais voulu tout ça.
 
Les questions se portèrent maintenant sur elle. Ce qui n’était en rien extraordinaire. Ce qui l’était plus c’était qu’elle allait y répondre. Ce qui n’arrivait pas tout le temps. Mais, la blonde jeune femme était d’une certaine manière une exception. Elle n’était pas obligée de lui raconter pourquoi elle était de retour après tout ce temps absente de la ville, ce qu’elle avait fait, comment elle avait eu cette cicatrice… elle était au courant, en gros sans savoir les détails. Ce qui faisait changement d’avec la grande majorité des personnes. Shirley n’eut pas le temps de répondre aux questions, qu’il y en avait une autre qui ne leur ressemblait pas. Et, encore une fois, elle n’eut pas l’occasion de dire quelque chose, qu’il y eut une excuse et des explications sur la question. Elle secoua la tête. Ce n’était rien. Ça lui semblait être assez normal de lui donner une raison… bien qu’elle trouvait que la raison était assez nulle. « Je me suis juste laissée emportée par la vie. Tous les changements qu’il y avait. Les boulots que j’ai fait, les cours que j’ai pris, les déménagements, réapprendre à vivre en société, la technologie… j’ai dû me dire que j’allais te répondre plus tard et me redire ça jusqu’à oublier… je sais plus. » lui répondit-elle. Elle n’avait aucune excuse valable. Pas de j’ai fait des études en médecine, de je t’ai écrit je comprends pas pourquoi t’as pas reçu mes lettres, ou encore c’est toi qui a arrêté de m’écrire. Non, elle n’avait rien de vraiment valable. Juste ce qu’elle avait dit. À Irene de décider si c’était suffisant ou non, elle, elle ne pouvait rien y changer. Elle ne savait même plus après combien de temps elle avait arrêté de lui écrire. Elle se souvenait vaguement de ce qu’elle avait écrit dans les lettres. De tout ce qui était nouveau niveau technologie qu’elle ne connaissait pas et qui la larguait complètement. Des différents boulots qu’elle faisait parce qu’elle aimait bien le changement à ce niveau. Des cours d’auto-défense, de karaté qu’elle avait pris pour ne plus se laisser faire. Pour les autres cours, elle ne savait plus si elle en lui en avait parlé, donc ça menait entre neuf mois et un an son arrêt de lettre. Des changements de villes qu’elle faisait pour essayer d’en voir le plus possible parce qu’elle n’avait jamais pu le faire. Ses difficultés à faire confiance aux autres, l’ajout des verrous partout où elle aménageait… un peu de tout et de rien. Elle avait juste passé à autre chose aussi, probablement.
 
« C’est pas toi. » rajouta-t-elle, quelque instant plus tard. Elle aurait dû commencer par ça en réalité. Cela aurait été un peu plus rassurant pour la jeune femme. Elle lui fit un mince sourire, tapotant le sol de son soulier durant quelque instant. « Je suis ici depuis quelques jours et je suis femme de ménage. » lui répondit-elle ensuite. Elle avait enfin pu y répondre. Rien de très passionnant. Elle n’était pas devenue médecin, avocate ou vétérinaire. Elle n’avait pas inventé quelque chose de nouveau. « Ça fait longtemps que t’es sortie ? » De prison. Pas de l’endroit où elle était avant d’être là. Elle avait bien compris qu’elle était à Caswell depuis quelques semaines pour se réinsérer, mais peut-être qu’elle avait été ailleurs avant. Elle se montrait plutôt bavarde. Elle ne se rappelait pas avoir déjà autant parler depuis qu’elle était sortie de prison.

La chance...Irene n'y croyait plus vraiment depuis qu'une de ses amie avait pris une dose de trop, depuis qu'elle s'était  fait piquée ce soir là dans une banlieu tout ce qu'il y a de plus banale et depuis qu'elle avait du quitter Boston. Non décidemment la chance, elle ne comptait plus dessus, son crédo désormais était plutot de faire en sorte que ces désirs deviennent réalités à force de batailles et d'effort, elle ne laissait plus rien d'éxtérieur lui barrer la route. Lorsqu'elle eu terminée sa horde de questions, elle s'attendit à ce que Shirley panique et fuit la conversation comme elle avait eu l'habitude de le faire par le passée, la brusquer n'avait jamais été productif et elle le savait mais cette rencontre l'avait complétement prise au dépourvue, le monde ne pouvait pas etre si petit...
Cependant et contre toute attente, la jeune femme ne tenta aucunement de se défiler, bien évidemment elle avait l'air quelque peu mal à l'aise mais la blonde l'était aussi, l'équilibre était somme toute parfait. Ces deux ans l'avait changée, Irene n'aurait su dire à quel point mais en tout les cas, elle n'était plus la petite chose fragile qu'elle avait connue enfin tout du moins plus de la meme façon. Lorsque sa comparse se lança dans ses explications concernant son silence radio, Irene sans sciller se concentra sur le son de sa voix, un banal concour de circonstances à l'entendre, beaucoup de choses à faires, beaucoup à rattraper et un manque de temps...La jeune femme pouvait comprendre ces raisons, elle meme avait eu beaucoup à faire en sortant mais ces excuses ne la satisfaisait pas vraiment au final, elle spéculait sans doute mais elle était quasiment sure qu'elle n'aurait de son coté pas abandonné le lien qu'elles avaient toutes deux créer là-bas.

Irene se souvenait plutot précisement de cette période ou elles correspondaient et encore plus du moment ou elles ne l'ont plus fait, elle avait pris son mal en patience, avait trouvé maintes excuses à son ex compagne, peut etre était t-elle en train de déménager ou peut etre avait t-elle trouver un emploi, mais après plusieurs semaines, elle avait finit par se résigner, elle avait compris qu'elle ne recevrait plus rien, que malgré toute l'aide qu'elle lui avait apporté dans ce trou et ce qu'elles avaient partagés, rien de tout cela ne seraient suffisant, c'est ainsi qu'après la résignation et la décéption, la colère pris le dessus, fort heureusement, la jeune femme avait eu le temps de calmer ses sentiments et après tout de l'eau avait coulée sous les ponts depuis, elle n'oubliait pas comme Shirley lui avait entre guillemets tourné le dos mais elle restait contente de la voir, c'était plus fort qu'elle.

"C'est vrai qu'il est facile de se laisser prendre au jeu de la liberté mais..." Elle expira d'un air désolé, jettant un oeil alentours, le parc était toujours aussi désert, bien ce n'était absolument pas le moment de voir une tete connue se pointer par ici. " C'est juste que je pensait avoir été un peu plus qu'une co-détenue qu'on laisse derrière soi en sortant, mais que veux tu c'est le jeu"

La rousse avait continué en ajoutant qu'elle n'était pas la cause de cette disparition, cela Irene le savait déjà, elle ne doutait malgré tout pas de la sincérité des paroles et actes de Shirley lorsqu'elles étaient ensembles et elle savait aussi pertinnement que celle ci n'avait rien à lui reprocher, elle avait toujours un comportement irréprochable envers elle et Irene ne pouvait pas en dire autant pour la plupart des gens qu'elle a pu cotoyer dans vie. "Je sais". Elle n'avait pas beaucoup plus à répondre, de toutes les manières ce qui avait été fait, ne pouvait etre défait à présent, cela dit rien n'empechait de repartir sur de bonnes bases, surtout si elles allaient vivre dans la meme ville.

Sans perdre de temps, Shirley pris sur elle de répondre aux questions qu'Irene lui avait posées au préalables, elle n'étaient donc pas revenue depuis longtemps, expliquant pourquoi elle ne la croisait que maintenant. Femme de ménage, elle non plus n'avait pas trouvé un boulot duquel elle pouvait se vanter car cela ou serveuse au final cela ne faisait que peu de différences. Ce fut alors à son tour de répondre à quelques questions, elle se mit à réfléchir, elle n'avait pas vraiment fait attention au temps qu'elle avait passé ici, calculant rapidement elle enchaina.

"Je suis sortie il y a 2 mois, j'ai passée quelques temps à Boston mais après autant de temps derrière les barreaux, il n'y avait plus grand chose pour moi là-bas, alors j'ai filer et je doit dire que je n'avais que très peu d'attente concernant le coin et que je ne comptait pas y rester mais au final, ce n'est pas si déplaisant." Elle avait l'impression d'etre un moulin à parole, elle avait à bien y réfléchir toujours eu cette impression avec elle qui ne parlait que très peu. "Je suis contente de voir que tu va bien Shirley vraiment...Je ne veut pas te retenir cependant si tu as des choses à faire mais si tu est libre on pourrait marcher un peu et tu pourrait me raconter tout ce que tu à fait, tes projets, tout ca...Qu'en pense tu?"

Pour tout dire, Irene éspérait qu'elle ne filerait pas mais en lui laissant ansi le choix, elle savait que cela avait des chances de la dérider un peu, ainsi elle aurait choisie d'etre en sa compagnie et ne se sentirai pas obliger de s'ouvrir de la sorte.

Le jeu de la liberté. Shirley n'avait jamais considéré la liberté comme un jeu. Plutôt comme quelque chose d'inatteignable, qu'elle ne pouvait que rêver. Durant plusieurs années, c'était ainsi qu'elle avait vu la liberté. Ensuite, il y avait eu la prison. Pour la grande majorité, y aller, ce n'était plus la liberté. Pour elle, ce l'était. C'était autre chose que ce qu'elle avait vécu durant les dernières années. Elle trouvait qu'il y avait moins de contraintes, qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait. Ce qui était assez ironique au vu de l'endroit où elle était. Ses avant ses seize ans étaient loin, un vague écho... qui ne lui avait jamais manqué, sauf durant les premiers temps. Elle hocha tout de même la tête, bien qu'elle n'aille jamais considéré la liberté comme un jeu. Ça semblait peser lourd sur la conscience d'Irene qu'elle n'aille plus eu de lettre de sa part. Elle ne pouvait pas savoir ce que ça faisait. Personne ne lui avait jamais écrit quand elle était en-dedans, ça ne lui avait donc pas manqué. Elle n'avait jamais eu de visite non plus. Elle avait juste un numéro de téléphone pour pouvoir appeler en cas de problème. Elle n'avait pas été qu'une simple codétenue. Elle l'avait laissé être plus. Laissé était important. C'était mieux qu'avait été forcée. Elle se serait imposée et les abus auraient continué. Enfin, un certain temps. Le temps que ceux qu'elle avait aidé le sache et qu'ils fassent bouger les choses. Elle avait été envoyée  là pour une couverture, pour une protection, bien que personne ne le savait dans la prison. Officiellement, c'était pour prostitution, racolage qu'elle y était.

Bref, elle avait accepté, voulu, choisi, Irene. Ce qui avait une très grosse différence d'avec avant. C'était aussi la seule qu'elle avait eu, elle n'avait rien cherché par la suite, éloignant ensuite tout le monde. Sa dernière relation, et la seule d'une certaine manière, remontait à quand elle était en prison. Irene n'avait pas été qu'une simple fille. Sauf qu'elle n'avait rien de mieux comme explication à lui fournir. Elle était nulle, banale, mais c'était ça. Elle s'était dit demain et n'y avait plus repensé. En reparler, lui dire pourquoi, ne changerait pas le fait qu'elle avait arrêté de lui écrire. Ni qu'elle allait l'implorer pour se faire pardonner. M'enfin, la jeune femme semblait prendre sur elle, elle n'était pas partie après lui avoir dit ce qu'elle avait sur le cœur, disant plutôt qu'elle savait qu'elle n'avait pas été n'importe qui. Puis, elle l'écouta répondre aux questions précédemment posées, elle répondit ensuite à celles qui venaient de lui être demandées. Deux mois. Ce n'était pas très long. C'était un assez bon début, certaines prisonnières revenaient rapidement en prison, faisant une connerie ou une autre quelques jours ou semaines après être sortie. Ce qui n'était pas très intelligent selon elle. Depuis longtemps, elle ne pensait plus que la pensée magique 'ça n'arrive qu'aux autres' marchait. Pas qu'elle pensait que tout lui arrivait qu'à elle, pas du tout, plutôt qu'elle savait que ça pouvait peut-être lui arriver. Elle regardait le jardin, suivant une feuille qui tombait, mais ne la vit pas atterrir sur le sol. Elle regarda plutôt la blonde qui venait de reprendre la parole.

« Je suis contente aussi. » Ce n'était pas parce qu'elle avait arrêté de lui écrire qu'elle ne lui souhaitait que du mal. Marcher, parler... hum. Elle avait été assez sociable pour aujourd'hui non ? Elle méritait un A, si ce n'était pas un A+. Elle pouvait tout de même continuer, ce n'était pas si désagréable que ça. « Je veux bien, mais, c'est pas très intéressant ce que j'ai fait. » l'informa-t-elle. Assez ennuyant en fait. Surtout qu'elle n'avait pas vraiment de projet. Sauf peut-être finir dans un bunker antiatomique. Tiens, c'était une idée en l'air assez intéressante en réalité. Loin de tout, de tout le monde, seule, difficile d'accès. C'était à se demander pourquoi elle n'y avait pas penser avant. Ce qu'elle pouvait être stupide parfois. Elle savait maintenant quoi faire de ses économies. Bon, elle n'en n'avait pas vraiment, ça risquait de lui prendre du temps, mais elle allait réussir à l'avoir ce bunker. Il devait en avoir plein des années soixante qui ne devaient pas être très utilisés. Qu'ils ne soient plus à la mode ne la dérangeait pas, tant qu'elle pouvait faire l'ermite, ça lui irait très bien.

Marcher. C'était ce qu'avait proposé la blonde. Ça serait aussi un début de le faire plutôt que de continuer à rester planter là et à parler. Elle se rapprocha de la jeune femme, se tournant ensuite pour regarder dans la même direction qu'elle et donc marcher dans la même direction. Cela allait toujours mieux. Enfin, elle n'avait pas vraiment envie de crier. Déjà que la plupart du temps, elle n'avait pas trop envie de parler, il ne fallait pas trop lui en demander. Elle ne savait même pas pourquoi elle avait accepté. Peut-être pour le 'bon' vieux temps. « J'ai plus au moins fait la même chose dans différentes villes. » commença-t-elle. Si elle voulait vraiment qu'elle raconte, elle pouvait le faire, mais cela allait être répétitif. Elle n'avait rien fait de très original. Elle n'allait peut-être pas dire qu'elle rajoutait des serrures et des verrous partout, sur toutes les portes et fenêtres. Ni que ses cours et son accès à une arme avait été facilité suite à sa collaboration avec le FBI. Elle n'allait plus dire qu'elle se sentait toujours espionnée. Elle devait être bonne à aller se faire soigner, et elle n'y tenait pas du tout. Elle ne voyait pas trop comment en parler pourrait la faire aller mieux. Et elle ne voulait pas prendre de pilules, elle ne voulait pas être dictée par qui ou quoi ce soit.

Malgré le fait qu’Irene se fût liberée des questions et des présomptions qu’elle avait pu faire dans le passée concernant son ex compagne, celle ci resta on ne peut plus silencieuse et peu loquace, ceci dit elle avait toujours été ainsi mais, aujourd’hui cela était bien plus flagrant qu’en prison, il faut dire que la bas les gonzesses en phases post-traumatique ne sont pas en reste, on peut également y ajouter celle qui pense qu’en restant dans leurs bulles solitaires et silencieuses elles éviteront les ennuies…faux et faux, rien de tel que de jouer les brebis égarès pour se faire dévorer en quelques jours. Aussi à l’époque le probléme de sociabilité et de communication dont souffrait Shirley ne l’étonnait guère, elle s’y était même plutôt bien faite, au moins elle ne perdait pas de temps en bavardage stérile avec elle et de ce fait leurs relations s’était construite sur autre chose que de simples mots et aujourd’hui encore même si elle était passé à autre chose, Irene n’avait retrouvé ce type de relations avec personne d’autre, renforcant cette sensation de devoir au moins essayer de ne pas perdre entièrement ce que toute deux avaient partager. Oui Shirley avait arrêter de lui écrire mais attendait elle vraiment à l’époque que cette correspondance perdure ? peut être bien que non au final, elle n’avait jamais imaginer que leurs histoire sortirait de cette prison, jamais elle n’avait ne serait ce que pensée à un de ces foutue happy ending, non elle savait que ce qu’elles étaient l’une pour l’autre, elle l’était à cet instant, dans cette cellule, dans cette prison car en dehors, elles étaient trop différentes, et cela encore plus ici, dans ce bled, dans ce parc, ou elles n’auraient sans doute jamais du se retrouver.

Elle observa celle qui lui faisait face, elle n’avait pas beaucoup changé, l’uniforme et le teint blafart que donne la prison en moins, elle avait l’air de mieux se porter et par mieux, Irene pesait ses mots, quelque chose était pourtant toujours lisible sur ses traits, comme marqué à tout jamais, c’était l’inquiétude constante et permanente qui se reflétait sur le visage de la jolie rousse, elle n’avait visiblement pas vraiment surmonter ses problémes, Irene lui était donc d’autant plus reconnaissante de lui accorder de son temps et de sa parole car cela devait encore aujourd’hui représenter un véritable défis pour elle, elle se promit alors intérieurement de ne pas trop insiter, hors de question de reste des heures a marcher et papoter comme le ferait la plupart des gens car au final elles étaient toute deux bien loin de la plupart des gens. Elle lui assura son contentement mutuelle puis de nouveau l’informa du manque de nouvelles qu’elle avait à partager mais rien d’étonnant venant de Shirley, elle trouvait tout de même cela triste de la voir se dévaloriser ainsi, elle agissait comme ci elle ne voulait pas énoncé tout haut ce qui occupait son temps de peur de devenir trop réel, trop matérialisé et de perdre cette espéce de bulle invisible qu’elle tâchait de construire. Mais Irene avait su dépasser ces barrières un jour alors elle allait essayer de pousser délicatement la jeune femme à dépasser ses peurs ne serait ce qu’avec elle. Elle fit volte face et se positionna près d’elle afin de marcher un peu comme la blonde l’avait suggérer quelques secondes plus tôt.

« Je suis sûre que si tu réfléchie bien tu trouvera, sinon raconte moi ce que tu a vue, quelles villes tu à découvert, comment et pourquoi tu a finie la bas et ici ? » Irene remit une méche de cheveux rebelle en place et adressa un sourire a Shirley, essayant de la rassurer et de l’encourager à continuer. Elle se mit à son tour à avancer, le paysage était apaisant et agréable, un endroit parfait pour des retrouvailles à vrai dire, qui aurait cru que dans ce bled complétement paumé, elle retrouverait plus de gens issus de son passée qu’elle n’en avait croisé à Boston…la vie offrait parfois de curieuses opportunités. En effet, quelques jours auparavant, elle avait entendu un de ses clients parler d’un abruti répondant au nom d’Asher, elle s’était rapidement immobilisé pour tendre discrétement l’oreille, ce n’était pas un nom très répondu et elle ne connaissait pas de plus grand abruti que son Asher, et lorsqu’elle parlait d’abruti c’était de la facon la plus affecteuse possible, elle l’avait présumé mort pendant tellement longtemps qu’elle avait eu du mal à y croire mais ca valait le coup de mener sa petite enquête ce qu’elle comptait bien faire le plus tôt possible.

Mais pour le moment c’était avec Shirley qu’elle se trouvait entièrement et elle avait vraiment envie de savoir à quoi ressemblait cette femme en dehors de cette prison, elle n’avait pas envie de connaître la détenue mais la femme qu’elle était, peu importait si elle n’estimait pas son récit important, il l’était pour la blondinette. Il n’avait pas besoin de durer des heures, pas besoin de détails en pagailles ou encore de rebondissements haletants, elle voulait juste pouvoir garder en mémoire autre chose, que 4 murs, de long silences et ces affreuses combinaisons, tout ce qui avait rythmer leurs souvenirs, celui qu’elles créaient là mériterait bien plus d’être gardé en mémoire.

Restait à voir combien de temps la jeune femme tiendrait à communiquer.

Shirley regarda une feuille s'envoler et atterrir sur le sol. Il y en avait de moins en moins dans les arbres. On pourrait même compter le nombre de feuilles restantes dans les branches tant ses dernières étaient décharnées. C'était une période très peu attrayante de l'automne ; comme quoi, tout dépendant des personnes, ce qu'on voyait changeait énormément. Quand il n'y avait plus toutes les feuilles colorées, et avant la neige. Le temps était souvent gris. Ça faisait morne. Elle trouvait que cela allait bien avec son humeur. Elle était un entre deux. Un entre deux qui durait depuis super longtemps. M'enfin, elle préférait se sentir morne et vivante que rien, comme avant durant encore plus longtemps que super longtemps. Elle s'était souvent demandée comment Irene avait fait pour ne pas prendre un oreiller et l'étouffer avec. Il lui semblait qu'elle n'avait pas été d'une compagnie très agréable ni très vivante. Elle ne savait pas trop si elle s'était améliorée avec le temps, peut-être un peu, Irene voulait tout de même le savoir et n'avait pas pris cette excuse pour partir.

Elle hocha la tête, tout en se demandant par où commencer. « J'y allais selon les boulots que je trouvais. » commença-t-elle, quelques secondes plus tard. Elle changeait souvent pour éviter de rester trop longtemps au même endroit. Elle était sans attache, ce n'était pas très compliqué. Pas de longs adieux qui s'éternisaient. Juste avertir un peu en avance qu'elle partait à son propriétaire, et hop, elle allait ailleurs. Bon, ça lui revenait cher en camion de déménagement, mais puisqu'elle ne faisait pas vraiment de folles dépenses le reste du temps. Elle n'avait pas de voiture, elle ne savait même pas conduire, alors, elle n'avait pas trop le choix de faire appel à des compagnies. Elle n'était pas pour tout abandonner à chaque fois, là, cela aurait été de très folles dépenses. « Des petites villes, comme des grosses villes. » Elle n'avait pas jugé. Peu importe où, cela lui allait. Elle s'était parfois dit qu'elle pourrait s'arrêter, de prendre des cours. Des 'vrais' cours. D'avoir une autre sorte de diplôme que celui du lycée qu'elle avait fini en prison. Elle n'avait rien trouvé qui la branchait.

« Nouvelle-Orléans, New York, Phoenix, Albuquerque, Los Angeles, Denver... enfin, dans les plus grosses, y'en a eu d'autres. Dans les plus petites... Monroe, Albany, Scottdales, Roswell, Victorville, Vail... et d'autres. » Elle n'était pas pour tout dire, ça prendrait beaucoup trop de temps. Surtout qu'elle ne pensait pas se souvenir de toutes les villes. « J'ai même été à Boston un bout de temps. » C'était une ville, comme une autre pour elle. « J'ai fait la touriste aussi. J'ai été dans des places, à Boston, que tu m'avais parlé. » rajouta-t-elle. Après toutes ses années où elle n'avait rien vu d'autre que des chambres, parfois quelque paysages par les fenêtres, elle aurait été bien bête de se priver de visiter les endroits où elle allait. Ce n'était pas son but principal, mais elle en avait profité un peu, quand elle avait le temps. Mais cela avait surtout été boulot boulot boulot, les cours qu'elle avait pris. Pas tous en même temps. Elle attendait d'être assez avancée dans un pour en commencer un autre. Elle n'était pas capable de se doubler. Ni de faire pousser de l'argent dans les arbres.

« J'ai des photos, quelques souvenirs. » Quelques. Pas trop non plus. Aux nombres de fois où elle avait déménagé, où elle continuerait probablement de le faire (elle ne se doutait pas que Caswell ne la laisserait pas faire), elle évitait de trop se charger. Elle n'avait pas grand-chose de superflu, bien que son stock, en deux ans, avait augmenté. Comme elle prenait toujours des endroits déjà meublés, ça ne faisait pas trop à déménager. « C'était intéressant.. à faire, pas à écouter. » Elle ne se trouvait pas très intéressante. Elle ne faisait qu'énumérer. En même temps, ça prendrait beaucoup trop de temps de tout dire. Ça prendrait environ deux ans. Ça ferait une très longue discussion. Déjà qu'elle trouvait qu'elle parlait beaucoup, il ne fallait pas trop lui en demander.  « T'as des projets ?» lui demanda-t-elle... ou comment changer, plus au moins, de sujet de conversation. Surtout de qui avait le plus d'attention. Elle trouvait qu'elle avait été assez le centre comme ça. Elle ne voulait pas non plus monopoliser la conversation. En même temps, la jeune femme devait savoir assez bien que ce n'était pas trop son truc de parler autant. Elle n'avait pas trop changé sur ce point.

« Je pense que je t'ai jamais remercié, alors... merci. » fit-elle, tout en lui serrant une main. Merci d'avoir été là alors qu'elle était complètement larguée par tout. Elle lui fit aussi un mince sourire. Pas très longtemps. Elle ne savait plus trop comment on faisait. Elle n'avait jamais trop eu l'occasion de sourire dans le passé. Elle ne savait pas du tout ce qu'elle serait devenue sans Irene dans la même cellule qu'elle, elle ne voulait pas le savoir non plus, mais elle était bien contente que ce soit tombée sur elle. Bien qu'elle avait arrêté de lui écrire et qu'elle ne se montrait pas très chaleureuse. Elle parlait. S'il y avait plus provenant de sa part, autant se dire qu'il pourrait pleuvoir des grenouilles ou que la fin du monde approchait... ce qui était le cas en réalité. Selon les Maya, c'était le vingt-et-un décembre.

Irene avait finie par se détendre un peu, au final cette rencontre se passait mieux qu’elle n’aurait pu l’imaginer, elle y avait penser plusieurs fois quand elle était sortie, il faut dire qu’il est difficile de se retrouver dehors au début, aucun repère, personne pour l’accueillir ou l’attendre, rien le néant totale, alors oui elle avait penser essayer de trouver quelqu’un avec qui parler de tout ça et c’était à Shirley qu’elle avait penser mais elle n’avait jamais rien aboutie, pas même chercher à la retrouver, à quoi bon, elle n’avait jamais vraiment partagées que du réconfort et la plupart des détenue ne cherchait qu’une seule chose, oublier…et la jeune femme n’était même pas sûre qu’elles s’entendraient ou pourraient partager quoi que ce soit en dehors de la prison. Mais finalement, le destin avait choisie un tout autre chemin, elle marchait lentement, observant sa compagne du coin de l’œil, écoutant attentivement la liste des endroits qu’elle avait traversée, c’était tout de même impressionnant, elle avait vu plus de pays qu’Irene n’en verrait probablement jamais, elle n’était pas du genre baroudeuse, elle aimait connaître sa ville dans les moindres détails, avoir un entourage sûre, il faut dire qu’elle n’était pas la plus sociable dans son genre alors…c’est sans doute pour cette raison qu’elle appréciait Caswell, c’était un bled qui ne payait pas de mine, la plupart des gens y étaient installé depuis des générations, il ne s’y passait pas grand chose enfin ce n’était plus aussi vrai considérant les derniers événements plutôt étranges qui s’y étaient déroulés mais qu’importe c’était tout ce qu’elle cherchait à cet instant précis.
Boston…elle avait donc été la bas, Irene décrocha un petit sourire, l’image de Shirley dans des endroits qu’elle connaissait lui était particulièrement étrange mais le fait est qu’elle avait donc vraiment écouté et tenue compte de ce qu’elle avait pu lui dire de sa ville, celle qui l’avait vu grandir, se perdre dans ses plus sombres méandres, qui avait vu ses plus grandes joies et ses plus grandes peines, cette ville qui resterait toujours la sienne.

« Waouuuh, je n’aurai jamais penser que tu aurait tant vu et tant bouger, on peut dire que tu a vu du pays, je trouve ça génial que tu est fait tant de chose, je me souvient a quel points tu était avide de connaitre plus de choses…quand à Boston j’espère que ça t’a plu, tu sait à quel point j’aime cette ville, ça me fait plaisir que tu t’y soit arrêter, c’est un peu idiot mais ça me plait ! »

C’était vrai, pourquoi cela la touchait, elle n’aurait su le dire mais le fait était que cette idée lui plaisait beaucoup, peut être parce que cela les rapprochait d’avantage ou bien les liait d’une autre façon, elle aurait pu penser a bien des stupidités de la sorte mais au fond elle n’en savait strictement rien. À l’écoute de sa fin de discours, Irene lui donna un léger coup de coude.

« Ne dit pas de bêtises c’est très intéressant à entendre, je n’aurait probablement jamais l’occasion de voir autant d’endroits alors à défaut je pourrais les visiter par tes histoires, je me doute que cela serait un peu long de tout me raconter maintenant mais j’adorerais que tu le fasse un jour, j’ai une imagination très fertile je pense que tu le sait. »

Elle lui adressa un sourire, puis la jeune femme dévia la conversation vers elle. Des projets, elle en avait quelque uns rien de bien concrets ceci dit, à la base, elle avait pour idée d’écrire un bouquin, elle avait beaucoup lu, beaucoup étudié la littérature pendant qu’elle était en prison et elle pensait avoir vécu beaucoup de chose qui pourrait se révéler utile dans le processus d’écriture, oh bien sur elle n’était pas du genre à écrire un foutue roman autobiographique centré sur sa petite personne et la dur vie en prison, elle n’y voyait aucun intérêt, non ce qu’elle aimait c‘était la fiction, la création aussi elle s’était mise en tête d’écrire un roman, elle en avait les grandes lignes et était actuellement en phase de recherche pour situer son action mais entre son boulot et son déménagement elle n’avait pas trouvé beaucoup de temps pour s’y mettre.

« Un roman… » souffla t-elle.
« J’aimerai bien écrire un roman, je ne suis qu’en phase de recherche mais ça avance un peu, c’est peut être un peu présomptueux, je n’ai pas forcément l’intention de me faire publier mais j’ai envie de créer quelques chose pour changer…mise à part ça, je crois que pour le moment j’aimerai juste essayer de me reconstruire un semblant de vie, des amis, un appart et un boulot… »
Rien que la base en somme, mais dans l’immédiat ça lui semblait suffisant, quoi d’autre ? rester en dehors des problèmes peut être, c’était vraiment quelque chose de difficile elle devait l’avouer, les mauvaises habitudes ont la vie dure. « J’essaye de me tenir éloigner des problèmes aussi, ça n’a jamais été mon fort ceci dit »

Elle n’avait pas dit un mot de plus lorsque la jolie rousse lui attrapa la main a sa grande surprise, sans doute cela c’était t-il vu sur son visage mais le contact physique n’était pas vraiment la spécialité de Shirley alors il y avait de quoi être surpris. Elle l’a remercia, pourquoi elle n’en savait rien, elle était un peu perdue.

« Merci ? mais de quoi ? »
Elle n’avait pas vraiment l’impression de mériter des remerciements mais elle les acceptait avec plaisir, après tout elle n’en avait pas bien souvent reçus.
« Si c’est pour notre temps en prison, je pense qu’on peut dire que c’est réciproque tu sait… » et ça l’était car même si elle ne s’en était pas rendue compte, la jeune femme avait été un point de repère, quelqu’un à qui se raccrocher, se confier et lorsqu’on est enfermé et seule c’est bien plus que ce que l’on pourrait espérer.

Depuis que Shirley était là avec Irene, elle avait l'impression qu'elle avait plus ouvert la bouche que durant ses deux dernières années. De bout à bout peut-être pas, elle avait été serveuse, elle n'avait pas trop eu le choix de parler (ce n'était pas vraiment une conversation en réalité), mais en une seule fois, en un aussi cours laps de temps, c'était une première. Elle ne savait pas du tout si cela allait arriver souvent. Elle devrait rencontrer plus de personne avec qui elle avait fait de la prison. Bon. Ça ne changerait pas grand-chose, elle n'avait pas vraiment parlé aux autres autant qu'à Irene. C'était plus facile, elles étaient souvent dans la même pièce (cellule). Là, elles n'y étaient plus. Elles étaient à l'air libre, sans barreaux. La liberté, d'une certaine manière. Elle était libre de ses mouvements, mais pour sa tête, c'était une autre histoire. Elle avait tout de même réussi à en profiter de temps à autre. Elle pensait que ce n'était pas énorme, mais pas selon la blonde, cette dernière avait dit 'wahou'. Waouh ? À ce point ? Elle ne trouvait pas que c'était si impressionnant. Elle n'avait pas quitté les États-Unis. Elle n'était pas aller à Hawaï ni en Alaska, deux états à l'extérieur, d'une certaine manière, du territoire. Elle était restée sur le plancher des vaches. Elle n'avait pas de très bons souvenirs des vols en avion qu'elle avait pu faire. En même temps, elle savait très bien que pour la grande majorité des personnes, il ne se passait rien dans un vol. Rien, tout dépendant, mais pas de ce qu'elle avait vécu. Ils étaient sûrement moins surveillés et plus libres, peu importe les règles de sécurité qu'il pouvait y avoir.

« Je suis toujours avide. » Ce n'était pas en quatre ans qu'elle pouvait rattraper quatorze ans. Ils s'en étaient passés des trucs durant toutes ses années. Elle fit ensuite un mince sourire à Irene. Elle pensait comprendre ce qu'elle ressentait. Après tout, la jeune femme était à Caswell dans des lieux qu'elle avait déjà fréquentée par le passé. Des choses avaient changées en plus de dix ans, mais elle pouvait tout de même s'en faire une idée. « Si tu veux, si t'as rien à faire un jour, je peux t'en parler plus en détail, avec les photos et les souvenirs. » lui proposa-t-elle. Cela irait probablement mieux que de jute en parler comme ça, imagination ou pas en imagination. Des photos c'étaient toujours pratiques. Elle n'était jamais sur ses dernières. Parfois il y avait un de ses doigt (elle n'était pas photographe professionnelle après tout), son reflet, son ombre, mais rien de complet. Elle n'aimait pas se faire photographier, cela aussi ça lui rappelait de mauvais souvenirs. Ouais, à peu près tout lui en rappelait de mauvais. Elle aimerait bien pouvoir être amnésique, ça serait sûrement plus intéressant que de se rappeler de ce par quoi elle était passée. Elle gardait tout pour elle aussi. Elle ne voulait pas l'exorciser, pour le moment tout du moins.

« Oh ! » fit-elle, lorsqu'Irene lui parla de son projet de roman. Elle ne s'y attendait pas. Pas parce qu'elle ne voyait pas la jeune femme écrire, mais plutôt parce qu'elle n'avait jamais rencontré personne, à ce qu'elle sache, qui comptait écrire un roman. Elle ne pensait donc jamais à ça. « Et bien... euh... bonne écriture. » bredouilla-t-elle, ne sachant pas trop ce qu'on disait dans ces cas-là. Elle hocha la tête pour le reste. Elle aussi, elle essayait. Bien que pour la phase ami ça lui semblait être très compliqué. Elle bloquait toujours après un certain temps, elle n'arrivait pas à s'ouvrir et à être qui elle était. En même temps, ne pas savoir qui elle était ne devait pas vraiment aider. Se tenir éloigner des problèmes, ça aussi elle comptai faire. Bien que c'était les problèmes lui étaient tombés dessus. Elle n'avait rien demandé. « Moi aussi. » dit-elle. Pas de problème lui irait très bien. Sauf qu'elle ne pouvait pas décider de l'avenir.

Durant quelque instant, elle pensa ne pas avoir fait la bonne chose en prenant la main de la jeune blonde. Un instant seulement, le temps qu'elle se rende compte que c'était de la surprise et non pas du rejet qui s'était peint sur les traits de la demoiselle. Elle n'était pas toujours très douée pour décortiquée les émotions humaines. De l'embarras apparu sur les traits de la rousse, pourquoi merci. Elle voulait bien remercier, mais expliquer pourquoi elle le faisait... c'était un peu plus compliqué. Avant qu'elle n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, la blonde reprit la parole. Elle hocha la tête, c'était pour le temps en prison. Elle n'avait jamais eu l'impression de l'aider.  Irene était déjà là depuis quelque temps quand Shirley était arrivée. « Je savais pas. » Pas du tout. Elle ne s'en était jamais doutée. « Et il va parler de quoi ton roman ? » lui demanda-t-elle. Pour en revenir aux moutons. Ou juste changer de sujet, encore une fois. Puis, elle regarda autour d'elle, il faisait un peu plus sombre d'un seul coup. Elle ne pensait pas qu'autant de temps était passé. Ce n'était pas encore la nuit, c'était le soir, mais la nuit n'allait pas tarder. La nuit tombait vite en cette période-ci de l'année. « Tu dois sûrement avoir autre chose à faire... » dit-elle à Irene. Si elle voulait partir, elle pouvait y aller. Elle ne la retenait pas. Elle semblait être plus occupée qu'elle. Il était vrai que ce n'était pas très difficile de l'être plus. Elle n'avait pas de rendez-vous nulle part, sauf durant la journée pour travailler, et passait la plupart du temps, les soirées chez elle. Elle lisait, elle se renseignait sur ce qu'elle avait ratée, elle s’entraînait, elle faisait du ménage. Rien de vraiment palpitant.

Le vent avait soudainement tourné, les feuilles mortes quelques secondes plus tôt immobiles s’étaient mise à danser autour des arbres, le ciel quand à lui s’était assombrie, pour elle quelques minutes seulement semblaient avoir passées et pourtant son environnement lui disait bien le contraire, Irene se retint pourtant de jeter un coup d’œil à sa montre, elle ne voulait pas donner l’impression à sa compagne qu’elle s’ennuyait, un geste anodin pour bien des gens mais compte tenu des problèmes de la jeune femme, cela n’aurait été qu’un prétexte pour couper court à toute conversation, aussi elle n’en fit rien. Après tout il ne devait pas être si tard, nous étions en plein mois d’octobre et les jours se révélaient de plus en plus court et sa colocataire ne l’attendait pas avant la fermeture de la bibliothèque, heure à laquelle elles étaient supposés se rejoindre, il lui restait donc encore un peu de temps pour profiter de l’humeur sociable de la jolie rousse.

Lorsqu’elle lui répondit qu’elle était toujours avide, elle décocha un sourire, bien sûr qu’elle l’était comment ne pas l’être ? Irene avait toujours voulu voyager, même sans sortir du pays, elle avait juste eu des envies d’autres choses, surtout lorsqu’elle était en prison mais dans la réalité elle n’avait jamais vraiment eu l’âme d’une aventurière, aussi il était presque certains qu’elle ne verrait pas grand chose du monde dans lequel elle vit, elle se contenterait de voyager comme elle l’avait toujours fait à travers son imagination et ses bouquins. La jeune femme avait poursuivie son discours et décidément Irene allait de surprise en surprise aujourd’hui, voilà maintenant que Shirley l’invitait à la revoir et à parler… un nouveau sourire s’inscrivit sur ses lèvres avant qu’elle prenne à son tour la parole.
« Je n’en doute pas, c’est le genre de chose dont on ne se lasse pas si rapidement, et je serai vraiment ravie de voir tes photos et d’en découvrir plus sur ton parcours de globe-trotteuse, tu a dû rencontrer un tas de gens intéressant non?. » C’était inattendu mais agréable, elle n’aurait pas vraiment pensé que la jeune femme souhaiterai la revoir ou tout du moins souhaiterait s’imposer encore une épreuve de socialisation mais elle ne s’en plaignait pas bien au contraire, après tout elle ne s’en sortait pas si mal aujourd’hui. Alors qu’elles revenaient presque à leurs point de départ, finalement ce parc n’était pas si grand qu’il n’y paraissait ou peut être n’avait t-elle tout simplement pas fait attention, toujours est t-il que c’est à ce moment là que la jeune femme se montra particulièrement surprise de l’entendre se révéler écrivain, Irene ne sut pas vraiment comment le prendre, la pensait-elle trop stupide pour écrire ? Ce ne serait après tout pas la première, elle lui souhaita ensuite bonne chance, la blonde un peu prise au dépourvu bredouilla à son tour un merci avant de poursuivre et d’essayer à son tour de changer de conversation.

Lorsque son interlocutrice acquiesça son laïus, elle pris conscience que leurs passif de détenue bien qu’il ne les définisse pas, ne leurs laissait que peu d’opportunités, après tout reprendre sa vie là ou on l’avait laisser n’était qu’une bonne vieille utopie, on ne ressortait que changé, quoi que l’on puisse en dire et c’est là que le plus dur restait à faire, nos choix ? Tenter sans aucune certitude de se refaire une vie sans histoire ou se reprendre ses bonnes vieilles habitudes par dépit. Elle avait choisie toute deux de se laisser une chance de faire mieux, Irene était loin d’être sortie de l’auberge comme on dit, elle n’était dehors que depuis quelques mois et bien qu’elle se soit terré dans ce trou, elle n’en était pas moins sujette à la tentation alors que Shirley… Irene n’avait jamais vraiment su avec précision les raisons de son enfermement mais elle avait toujours eu la conviction que sa place n’était pas là-bas, et aujourd’hui bien plus qu’hier. Elle l’observa quelques instants, tandis que la jeune femme tenait toujours sa main dans la sienne et elle su, elle su que Shirley elle ne risquait pas de retourner croupir en prison, pourquoi ? aucune idée, elle le savait c’est tout.

Ses doigts se refermèrent sur ceux de son amie, une vague de chaleur l’envahit alors, souvenir d’un temps passé sans doute, après tout les sentiments ne disparaissent jamais vraiment, elle avait toujours gardé beaucoup d’affection pour la jeune femme et ses retrouvailles ne faisait que confirmer cela. La blonde ne répondit pas, il n’y avait pas raison de s’épancher sur ce qu’elle avait représenter ou comment elle s’était entraider, elles savaient, tout était dit. La conversation revient soudainement sur son livre, un brusque retour au présent, puis avant qu’elle n’est eu le temps de répondre Shirley, lui donna une occasion de partir si ses obligations le lui demandait, Irene jeta donc un coup d’œil à sa montre cette fois, elle devrait bientôt rejoindre la bibliothèque, le temps avait filé mais elle n’avait pas vraiment envie de partir, la jeune femme ne serait peut être pas aussi bavarde la prochaine fois et elle appréciait sa compagnie.
« Ah c’est un roman un peu sombre, ça parle de la descente aux enfers d’une jeune femme, rien d’autobiographique ceci dit, j’ai un égo surdimensionné mais pas à ce point » lança t-elle en plaisantant. « Pour l’instant j’essaye de situer l’intrigue, je pense que Caswell serait une bonne source, surtout vu les derniers événements, t’en a entendu parler ? oh et j’ai encore un peu de temps devant moi, on refait un tour de parc ou tu a des obligations ? »

Shirley était la première surprise de se retrouver dans cet endroit en train de parler. Pas nécessairement à Irene (bien que cela aussi était surprenant), mais parler tout simplement. Ça ne lui était pas souvent arrivé par le passé. Ce qui était encore plus étonnant, c'était qu'elle ne trouvait pas ça si désagréable que ça. C'était même agréable. Elle aurait dû le faire. Pas plus souvent, juste le faire. Ouais, en même temps, elle ne savait pas trop quoi dire à des personnes qu'elle ne connaissait pas. C'était là tout le problème. Bref, là, il n'y en avait aucun. Surtout que la blonde jeune femme voulait bien voir les photos qu'elle avait prise durant ces deux dernières années. Pour qu'elle puisse les voir, elle devait aller chez elle, mais aussi dire quand elle passait. Parler un peu pour savoir quand elles étaient disponibles. Des trucs assez banaux aux quels elle n'était pas vraiment habituée. « Tu veux mon numéro ? Comme ça tu m'appelles quand tu peux passer pour les photos. » lui proposa-t-elle, pas très sûre. Elle ne savait pas trop si c'était comme ça qu'on demandait si une autre personne voulait le numéro de l'autre. Peut-être qu'il y avait une sorte de code, de manière de faire qu'elle ne connaissait pas. Il était assez normal qu'elle ne connaisse pas cette méthode. Elle avait donné son numéro, outre à des compagnies, à un gros total de zéro personne. Elle faisait peut-être un drame pour rien, elle ne savait pas. Elle verrait bien selon la réaction d'Irene. Irene qui lui avait posé une question. Une question qui allait être assez simple à répondre. « J'imagine... j'ai pas parlé à beaucoup de personnes. » Hum. Ou comment dire qu'elle n'avait parlé à personne lorsque c'était obligatoire. Commander un café, un repas, indiquer un chemin quand on lui posait la question (le contraire n'était arrivé que rarement, elle préférait se débrouiller), répondre au téléphone (rarement aussi, elle ne donnait son numéro que lorsque c'était obligatoire) et d'autres petits trucs comme ça. Elle n'avait pas eu d'ami, ni de connaissances qui allait plus loin que bonjour ou vous devriez apprendre à cuisiner ; elle faisait presque tout cramer, ça n'avait pas vraiment changé aujourd'hui.

« Ça l'air intéressant. » Une descente aux enfers. Ça lui disait quelque chose. Bien qu'elle savait qu'il y avait des tonnes de façon d'en subir une. Elle ne voulait pas toute les connaître. Celle qu'elle avait vécu lui suffisait amplement pour cette vie et quelques autres aussi. Elle avait été une victime. Elle détestait ce mot, mais c'était bien vrai. Une pauvre petite victime. Elle n'avait pas souhaité ce qui était lui était arrivé. Tout ce qu'elle pouvait faire c'était d'éviter d'en être une nouvelle fois. Elle faisait tout pour ça. Elle ne souhaitait à personne de passer parce qu'elle avait vécu. Bien qu'elle savait que c'était tout de même le cas, en ce moment. C'était trop gros pour être totalement arrêté. Il y avait trop de personnes en profitaient. Elle ressassait très souvent ça. Ça n'aidait pas vraiment à la mettre de bonne humeur ou à la rendre plus portée sur les autres. Se concentrer sur la jeune femme était mieux. Elle pensait faire son histoire à Caswell. C'était une idée originale. Elle ne se souvenait pas d'un livre qui se passait ici. En même temps, elle était loin d'avoir tout lu (et tout vu et tout entendu, dans tous les sujets en général et pas juste en parlant bouquin). Par contre, elle avait bien entendu parler de ce qui était arrivé dernièrement. C'était très étrange. « Ça serait un roman sombre à tendance fantaisiste avec les derniers événements... enfin, de ce que j'ai entendu parler. » Des rumeurs, des potins, de ce qui avait été dit dans les journaux. Ce dernier devait être considéré comme l'officiel, mais les gens jasaient. Ce n'était pas parce qu'elle ne parlait pas qu'elle était sourde. Bien loin de là. Elle n'y était pas, elle pouvait juste se fier à ce qu'elle avait entendu et lu. Tant qu'à savoir ce qui était vrai ou faux, elle ne pouvait pas le savoir. N'empêche, c'était étrange.

« J'ai rien de prévu. » Elles pouvaient donc faire le tour. Elles continuèrent donc de marcher dans ce parc. La blonde avait encore un peu de temps devant elle. Elle n'avait pas dit qu'elle voulait partir tout de suite pour elle ne savait trop quelle raison. Comme d'habitude, elle ne pensait pas qu'elle pouvait être intéressante, pas ennuyante ou quelque chose dans le même genre. Elle pensait qu'on voyait très bien son manque d'habilité dans la communication, que ce qu'elle disait n'était pas intéressant et qu'elle devait être douée dans l'art de faire bailler. Niveau confiance en elle, elle devait atteindre un bon gros zéro là-dedans aussi. Il y eut ensuite quelque instant de silence où aucune des deux ne parla. Le silence ne la dérangeait pas. Elle aimait bien, sauf qu'elle ne savait pas si c'était aussi le cas d'Irene. En même temps, elle devait être habituée, d'une certaine manière, durant les deux ans environ qu'elles avaient passées ensemble en prison, elle avait dû se rendre compte qu'elle était lin d'être bavarde. N'empêche, essayer de trouver de quoi parler n'allait pas la tuer. « T'habites dans quel coin ? » lui demanda-t-elle. Tout un sujet de conversation. Elles allaient aller très loin avec lui. Trop tard, elle avait ouvert la bouche et des mots en était sortit afin de poser une question qui n'en menait pas vraiment large.

Elles avaient repris leurs chemin, re-visitant ce jardin arborant les chaudes couleurs du début de l’automne, à bien les observer, on pouvait désormais éliminer toutes gênes ou surprises peu importait ce que chacune d’elle avait pu ressentir de prime abord, à présent, elles semblaient l’une comme l’autre bien plus détendues. Shirley proposa même à la jolie blonde de prendre ses coordonnées téléphonique, ce qu’apprécia fortement Irene, elle avait pendant un instant eu un peu peur de s’être imposer, après tout c’était la ville de Shirley et elle aurait pu comprendre qu’elle se soit sentie mal à l’aise de la savoir ici elle aussi mais visiblement elle était loin de la vérité.
« Excellente idée ! » lui avait-elle lancé avant de sortir de son sac son téléphone, elle s’agita quelques secondes dessus avant de relever la tête vers son interlocutrice « Je t’écoute… » elle avait ainsi noté avec soin les cordonnées de la rousse avant de glisser son portable dans la poche interne de son sac à main. « Parfait ! je t’enverrai un message ce soir afin que tu ai également le mien et on se mettra d’accord pour que je passe admirer tes talents de photographe. » Irene savait pertinemment lorsqu’elle eu terminer sa phrase que Shirley devait probablement se dire qu’elle n’avait rien d’une photographe mais peu importait ce n’était de toute façon qu’une façon de parler.

Le sujet revint alors sur le roman que préparait la serveuse, elle n’était pas particulièrement à l’aise concernant le sujet, à vrai dire elle ne savait pas vraiment pourquoi elle en avait parlé en premier lieu, Shirley était à présent la seule personne au courant et clairement la seule raison pour laquelle elle ne tenait pas à tergiverser sur le sujet était qu’elle était complètement bloquée, elle n’arrivait pour le moment pas à avancer, manque de temps ou juste syndrome de la page blanche, elle n’en savait pas grand chose, mais une chose était sûre, elle n’avait pas écrit une ligne depuis de nombreuses semaines, chaque jour elle se promettait de remédier au problème pour ne pas se laisser enterrer par le temps mais tout les jours elle avait eu à faire quelques choses ou tout simplement avait fait comme si ça ne lui était même pas passer par la tête. C’est pourquoi les questions que pourraient lui poser Shirley risquaient pour la plupart de rester sans réponses, elle trouvait un moyen de noyer le poisson si le sujet persistait trop longtemps et de toute façon, la jeune femme n’allait pas pouvoir s’éterniser, elle avait promis à Ruby qu’elle serait à l’heure cette fois-ci. « Je te remercie » Elle espérait vraiment que ça l’était…intéressant, sinon elle allait une fois de plus devoir subir un bon gros ratage ! La description que venait de lui faire la jeune femme était sommaire mais correspondait plutôt bien à son idée de base et elle s’empressa de le lui confirmer.
« C’est ça oui, enfin c’est l’idée de départ tout du moins, après les récents événements restent tout de même un peu flous, les gens s’expriment peu dessus et il est difficile de faire la part des choses entre ce qui est vrai et ce qui est complètement déformé, mais je ne sais pas si cette impression ne vient que de moi » Elle ne pouvait pas vraiment se fier à son propre jugement, il faut dire qu’elle ne connaissait que très peu la ville et ses habitants, aussi elle attendait d’en savoir un peu plus, que les esprits se calment tranquillement et que les rumeurs se dissipent. Une petite expédition à la bibliothèque s’imposerait néanmoins très prochainement, elles pourraient sûrement y trouver des informations plus sûres. Pendant un instant, le silence plana entre les deux jeunes femmes mais, ce n‘était pas un de ces silences gênant que l’on cherche immédiatement à combler, pas du tout, cependant Shirley interrompis ce calme temporaire lorsqu’elle lui posa une question.
« Oh à vrai dire je vit dans le quartier, un bloc un petit peu plus haut, je voit le parc de ma fenêtre j’était d’ailleurs venue explorer les environs quand je suis tombé sur toi ! et toi tu vit par ici ou tu était juste à la recherche d’un coin tranquille ? » Elle n’avait jusqu’ici même pas pensé à lui demander les choses basique enfin bon de toute façon, elle ne doutait pas qu’elle en aurait bien l’occasion à leurs prochaines rencontres, car celle-ci ne tarderais maintenant plus à arriver à son terme, rendez-vous oblige.

Échanger un numéro de téléphone. Ça ne devait être que banalité pour la plupart des personnes. Pour Shirley, c'était autre chose. Si elle donnait son numéro, peut-être que ça pouvait remonter à des personnes qu'elle ne voulait pas voir. Là, encore une fois, son côté paranoïaque sortait. Sauf qu'elle n'arrivait pas à se contrôler à ce niveau. Elle l'avait tout de même proposé de le donner à Irene, ne voulant pas perdre contact encore une fois avec elle. Surtout dans la même ville. La blonde avait accepté, fouillant par la suite dans son sac en sortant son téléphone. C'était dingue comme la technologie avait évolué en une vingtaine d'années. D'un truc truc énorme qu'il fallait plus au moins tenir à deux mains, c'était maintenant plus mince, plus léger, plus tactile. Elle avait encore un peu de mal avec tout ça. Son téléphone était vieux, d'une certaine manière, il avait deux ans. Il n'était pas tactile, cela allait lui très bien. Bref, il n'était pas question de son téléphone, mais de celui de la jeune femme qui avait le sien entre les mains. Elle lui dit son numéro de téléphone après avoir hésité quelques secondes. Elle ne le disait pas très souvent. Elle avait une bonne mémoire, mais cette dernière n'était pas surpuissante. Surtout quand il était question de chiffre.

Le téléphone fut rangé quelque instant plus tard et elle hocha ensuite la tête. Un message. Cela aussi cela avait été toute une nouveauté. Elle n'y était pas non plus bien douée, n'envoyant presque rien. Talent de photographe. Elle n'irait pas jusque là. « Ils sont meilleurs à la fin qu'au début. » fit-elle la réflexion, pensant à son ''talent'' de photographe. Le temps qu'elle s'habitue. C'était bien loin de ce qu'elle avait utilisé durant son adolescence. Elle était loin d'être devenue experte à la fin, mais elle s'était améliorée. Pour une fois, elle ne pouvait pas vraiment dire le contraire. M'enfin, la jeune femme allait bien voir. Si elle la rappelait. Après tout, elle pouvait très bien faire comme le coup des lettres. Ne plus lui donner de nouvelles. Elle comprendrait. Ce serait plus au moins un juste retour des choses. Elle devrait faire attention où elle irait alors, Caswell c'était petit. Il n'y en avait pas une des deux qui étaient enfermées de plus. « Non. Les habitants de Caswell sont secrets. Ils n'aiment pas les étrangers, ils aiment quand tout reste plus au moins stable... je pense. » dit-elle, fronçant des sourcils. Elle ne faisait que revenir, ça ne faisait pas très longtemps qu'elle était là. C'était ce dont elle se souvenait. Bien qu'elle soit née dans cette ville, ses parents eux n'y étaient pas nés. Elle avait toujours senti une petite différence. Elle n'avait jamais compris.

Irene n'habitait pas très loin. Elle hocha la tête, regardant une nouvelle fois autour d'elle. « Ça doit être une belle vue. » Des arbres. C'était très beau des arbres. Ils étaient un peu tristes et nus quand ils n'avaient plus de feuilles, mais c'était tout de même beau. C'était surtout en attendant qu'il y ait de la neige sur les branches, c'était très joli. Sans le froid, ce serait même parfait. « J'habite au centre-ville, au-dessus d'une boutique... J'ai fini de faire du ménage dans une maison pas très loin, je me suis promenée après et j'ai vu cet endroit. » ''Et j'ai voulu éviter les enfants.'' Version qu'elle avait gardé pour elle. Elle comptait continuer de garder quelques petites choses et à ne le dire à personne. Jardin secret. Quoique le sien devait plus ressembler à une jungle qu'à un jardin. Elle aimerait tout de même avoir vu sur le jardin, ou sur l'eau, ou un champ. En avant, elle avait vu sur un autre magasin et en arrière elle avait vu sur le stationnement et sur l'arrière d'un autre logement. Ce n'était pas très beau. Bien que, au prix qu'elle payait, elle n'allait pas se plaindre. Étant au centre-ville, elle était près de tout. Assez pratique lorsqu'elle avait une course urgente à faire. Ce l'était moins lorsqu'il y avait énormément de personnes. En même temps, de cette manière, pourquoi on la remarquerait elle ? Elle avait, malheureusement, quelques idées, n'ayant entendu que trop de compliments... parce qu'il fallait bien donner un nom à ce qu'elle avait entendu. « Je suis très contente de t'avoir revue. » dit-elle, pas très à l'aise, mais tout de même sincère. Les sentiments, ce n'était pas trop son truc. Elle aurait bien voulu rajouter autre chose (que t'aille bien, que tu sois sortie de prison...), mais elle pensait que cela aurait peut-être fait un peu trop.

« Ils sont meilleurs à la fin qu'au début. »
Irene imaginait tout ce que ces photos devaient représenter, probablement beaucoup aux yeux de Shirley, elle avait pu immortaliser sur film tout ce qu’elle n’avait jamais pu voir avant, tout ce qu’elle avait eu à rattraper, c’était comme essayer de garder une trace indélébile de ce nouveau monde qui s’offrait à elle, cette nouvelle vie qu’elle commençait…C’est ce qui intéressait particulièrement la jeune femme, ce côté innocent, ce regard naissant qui avait pu transpercer le papier. Bien sûre, elle n’était pas photographe de métier et elle ne s’attendait pas à une exposition remarquable par sa technique mais là n’était pas à son sens toute l’importance d’une bonne photographie, elle était beaucoup plus touché par l’émotion qui pouvait s’en dégager, et connaissant l’hypersensibilité de sa compagne, elle était relativement impatiente de découvrir ses souvenirs.
« J’ai hâte de découvrir ton histoire, ce que tu a pu voir, vivre et découvrir depuis que nous nous sommes quittés. » Elle offrit un sourire franc et sincère à la jolie rousse, cette rencontre lui réchauffait vraiment le cœur, Shirley se présentait en tout les cas en cet instant comme un point de repère dans cet univers qu’elle découvrait et qu’elle tachait de faire sien et dieu savait que ce n’était pas chose aisé, Caswell était une ville de charme mais ses habitants eux contrastait beaucoup plus avec cette observation. Elle l’avait bien vite remarqué, ici pas besoin d’être blonde, repris de justice ou encore ancienne droguée pour être jugé, il suffisait d’être étrangère à la ville, bien évidemment elle ne souhaitait pas faire de généralité, ni collé une étiquette toute faite à l’ensemble de la population car d’une part ce n’était pas sa façon de penser et d’autre part, elle avait en quelques semaines rencontré des personnes vraiment fantastique mais la vérité était ainsi, il ne faisait pas bon être étrangère à Caswell. Ce qui il semblerait ne venait pas que d’elle car lorsque la conversation dévia sur les événements récents qui avait secouer la ville, Shirley tint le même discours enfin à peu de choses près, la jeune femme aborda également la réserve des habitants, il est vrai que le secret semblait habiter la plupart des natifs, renforçant la sensation de curiosité qui pouvait saisir les gens à leur arrivée dans le coin, cette ville semblait abriter beaucoup de non-dit mais n’était ce pas le cas de toutes les villes de campagne ? « J’ai cru m’en rendre compte effectivement, les gens semblent très fermé et discret dans le coin enfin pas tous évidemment mais c’est l’impression générale qui se dégage d’eux. Peut être que je devrait creuser un peu tout ça pour mon bouquin ! C’est une idée à envisager.» elle avait lancée cette idée sur un ton on ne peut plus sérieux, elle irait étudier tout ça à la bibliothèque, certaines vieille famille de coin pourrait lui donner de sérieux point d’intrigue.

Quelques pas supplémentaires et un court moment de silence plus tard et le sujet était désormais celui du quartier de la blondinette, elle avait indiqué habiter un peu plus haut et avoir une vue plutôt correcte des charmes de ce parc. « Oui elle n’est pas imprenable mais c’est vraiment très agréable, j’ai hâte de voir cet endroit porté les affres de l’hiver et la renaissances du printemps. » Elle avait posé un silence de quelques secondes avant de laisser échapper un léger rire « Bon dieu ça sonnait vraiment cliché et stupide, désolé je ne cherche pas à jouer les poétesses du dimanche, loin de là ! » Elle se sentait légèrement stupide, heureusement Shirley ne semblait pas y prêter grande attention, elle répondait déjà à sa question concernant son propre logement. « Le centre ville, il y a de chouette petit coin, un pur hasard alors, un hasard chanceux je dirait même, je suis bien contente que tu te soit perdue jusqu’ici. » Elle l’avait déjà dit mais elle n’en revenait toujours pas, la probabilité de se retrouver par hasard ici en cet instant était quasi nulle alors…ses pensées fut alors transcrite en parole par la jolie rousse qui venait de lui glisser ses sentiments sur leurs rencontre, Irene s’apprêtait à répondre lorsque son téléphone se mit à sonner, elle s’arrêta un instant et ressortie son mobile de son sac, le prénom de Ruby s’affichait sur l’écran.« Excuse moi un tout petit instant tu veut bien. » Ce n’était qu’une question rhétorique puisque Irene avait quasiment déjà décrochée.

« Oui ?....humhum…pas de problème…je serai là…oui…à tout de suite. » Elle avait raccrochée et jeter son portable sans grand ménagement de là ou il venait.

« Désolé, je suis plus que ravie de t’avoir revu Shirley…vraiment, j’espère que cette fois ci on saura rester plus en contact, cette ville n’est pas très grande, ça ne devrait pas être trop difficile ! Je vais malheureusement devoir écourter nos petite retrouvailles un peu rapidement car comme tu a du le comprendre je suis attendue mais je t’envoie un message sans faute dès que j’ai mon planning et on se fixe un rendez-vous ca te va? »

Elle avait hâte de découvrir son histoire. Hum. Quelle histoire ? Shirley n'en savait rien. Avant de s'inquiéter, elle aurait peut-être dû la laisser finir de parler. Elle n'avait pas besoin de s'inquiéter, pour le moment tout du moins, elle parlait depuis qu'elles s'étaient quittées. Depuis ses deux dernières années. Ça, elle pouvait en parler sans trop de problème. Tout du moins elle croyait. Avec ce qu'elle avait dit précédemment, ça ne semblait pas donner grand-chose à ce niveau. Peut-être qu'avec les photos elle serait plus inspirées, il fallait l'espérer. C'était peut-être aussi parce qu'elle n'était pas préparée et qu'elle n'avait pas su quoi dire. Peut-être. Elle verrait bien la prochaine fois, si prochaine fois il y avait. Elle ne pouvait pas deviner l'avenir. Elle ne savait même pas ce qu'elle allait faire dans dix minutes, alors, ce qui arriverait dans quelques heures ou dans quelques jours, c'était de l'inconnu provenant de chez l'inconnu. Au moins comme ça, n'importe quoi pouvait lui arriver sans que ça ne la dérange trop. Ce qui était vrai. Elle aimait bien les imprévus... quand ils ne la questionnait pas trop sur sa vie passée et sur le elle était partie où durant toutes ses années.

Bref, le sujet était maintenant celui de la ville. Comment les habitants agissaient avec les nouveaux. Bien qu'elle était originaire du coin, elle ne comprenait pas pourquoi ils agissaient de cette manière. Comme s'ils les nouveaux venus amenaient des maladies ou quelque chose comme ça. Ce n'était pas le cas. Enfin, peut-être que certains si, mais elle ne pensait pas qu'ils allaient partir une épidémie. À moins d'avoir beaucoup de mal chance. N'empêche, elle avait été dans des villes de toutes tailles depuis deux ans et elle n'avait pas vu la fermeture (elle ne savait pas si c'était le bon mot, mais elle n'en trouvait aucun de plus approprié) qu'avait Caswell envers les nouveaux dans les autres endroits où elle avait pu aller. C'était vraiment d'ici. À moins qu'elle ne s'en soit pas aperçue ailleurs, ça se pouvait très bien aussi. Elle hocha tout de même la tête, d'accord avec Irene dans ce qu'elle disait. Un livre sur Caswell. Elle ne savait pas trop si les habitants fermés aimeraient ça, mais la jeune femme avait le droit de faire ce qu'elle voulait. Ce n'était pas elle qui allait l'empêcher de faire quoi que ce soit. De toute façon, elle semblait être douée avec les mots si elle se fiait à ce qu'elle venait de répondre à propos de la vue qu'elle avait. « Ça va aller. » répondit-elle, se mettant à rire un peu. Ce n'était que  des mots faisant une jolie phrase. Elle ne voyait pas en quoi ça pouvait être dérangeant.

Elle hocha la tête. Elle aimait bien le centre-ville, même si parfois ça pouvait être bruyant, mais bien souvent, c'était la fin de semaine, alors, elle n'allait pas déménager pour si peu. Elle voulait bien y rester quelques mois, elle verrait ensuite. « Je suis bien contente aussi. » Comme quoi les enfants avaient été bien pratiques d'une certaine manière. Puis, une sonnerie ce fit entendre. Ce n'était pas la sienne. C'était donc celle d'Irene, logiquement. À moins que les arbres n'aillent des téléphones. Peut-être. La technologie il n'y en avait partout aujourd'hui. Beaucoup plus qu'avant dans tous les cas. La blonde s'excusa, mais sans prendre le temps d'attendre sa réponse (qui aurait dit que ce n'était rien) elle décrocha, dit quelques mots dans l'appareil. Ce qui était bien souvent le but de ce dernier. Y aller en mimant, cela allait plutôt mal. À moins d'utiliser la caméra. Bref, elle allait un peu trop loin vu ses maigres connaissances en ce domaine. La conversation ne dura pas longtemps, le téléphone retourna dans le sac et la jeune femme s'adressa à elle.

« J'espère aussi garder contact. » dit-elle, lui souriant. Elle n'allait pas l'oublier, pas encore une fois. Il lui était assez ardu de lier contact en général, alors, elle n'allait pas rejeter quelqu'un avec qui le contact c'était déjà fait. Elle n'était peut-être pas très douée pour les relations, mais elle n'était pas folle non plus. Enfin, tout dépendant sur quoi. Ce n'était pas comme si revoir la jeune femme la dérangerait. Elle aimerait bien. Elle aimerait beaucoup. Cette dernière continua de parler, s'excusant de son départ précipité. Elle fit ensuite signe pour dire que ce n'était rien que leurs retrouvailles soient écourtées. Cela arrivait. Elle supposait. De toute façon, elle n'allait pas lui en vouloir, c'était du hasard leur rencontre. Elle n'allait pas lui demander de tout annuler pour elle. Ce n'était pas vraiment son genre. Surtout qu'elle trouverait ça très bizarre qu'on annule tout pour elle.  « Ça me va. » répondit-elle ensuite. Elle n'était pas très difficile. Tellement pas difficile que même si la blonde oublierait de lui envoyer un message, elle ne lui en voudrait pas. Elle serait peut-être un peu déçue, mais elle comprendrait. Et puis, elles étaient dans une petite ville. À moins qu'il y aille une sorte de hasard les faisant toujours aller dans des endroits où elles n'étaient pour que plus jamais elles ne se rencontrent, il y avait très peu de chance pour ne pas qu'elles se recroisent s'il n'y avait pas de message de la part d'Irene. Cette dernière partie là où elle devait se rentre, elle lui fit  un au revoir quelque instant plus tard. De son côté, la rousse continua de marcher un peu, le temps de finir le tour, puis elle s'en alla aussi.