→ Quel est votre sentiment vis-à-vis des étrangers ? Considérant le fait que j'ai moi-même eu l'impression d'avoir toujours été un étranger malgré que je sois né à Caswell et que ma famille y était établit depuis plusieurs générations, je ne me sens pas très bien placé pour leur porter un quelconque jugement. Je sais trop bien ce que ça fait de se sentir constamment épié, pointé sur doigt, d'être la source des ragots et des mauvaises plaisanteries. Enfin, je ne dis pas que je suis un paria dans ma propre ville, je suppose que j'y ai ma place comme les autres habitants, mais j'ai dû me démener pour gagner le respect, pour briser la réputation préconçu qu'on m'a étiqueté à cause de mon père. Et encore, je ne suis pas certain d'avoir réussi. Alors les étrangers ? Je n'ai rien contre eux, dans la mesure où ils n'ont rien contre moi. Qu'ils viennent, qu'ils partent, ça ne change rien à mon existence, pour autant qu'ils ne se mêlent pas de mes affaires, grand bien leur fasse.

→ Que pensez-vous du conseil municipal et de son action ? Honnêtement, je n'en pense pas grand-chose. Mon père a toujours eu l'air d'avoir une certaine crainte à leur égard, mais moi je pense plutôt qu'ils n'en ont juste rien à battre des pauvres gens comme nous, tant qu'on ne leur nui pas ou qu'on ne se met pas à travers leur chemin, pourquoi ils se dérangeraient pour quelques culs terreux ? Je suis né dans la misère, j'ai grandi dans la misère et je n'ai jamais vu l'ombre d'un secours de leur part, alors en ce qui me concerne qu'ils se prennent pour les rois du monde autant qu'ils le veulent, je ne leur dois strictement rien.

→ Que pensez-vous des récents événements ? Croyez-vous en toutes ces rumeurs surnaturelles ? Je suis bien forcé d'y croire, l'état dans lequel je me trouve depuis déjà un peu plus d'un an n'ayant en soit rien de naturel. Cela dit j'en garde une certaine réserve. Surnaturelle est un grand mot et je n'ai jamais cru aux contes de fée ou autres sornettes dans le genre. En fait, je ne sais pas quoi en penser, puisqu'une part de moi s'acharne à croire que l'anomalie dont je suis victime est dû à un quelconque mauvais coup que j'aurais pu recevoir. J'aime mieux croire en cet hypothèse, quoique peu plausible, que de conclure qu'il y a vraiment une vague de distorsion génétique ou psychique qui circule dans l'air.

→ Dans quelles circonstances est apparu votre pouvoir et qu’avez-vous ressentit ? Ressentit ? Il n'y a rien pour décrire  le trou béant que ça peut te laisser dans les tripes, c'est comme une explosion qui rase tout sur son passage, ça t'arrache un morceau de vie, et ça ne se répare pas. Ce que j'ai ressenti quand mon père s'est rué sur moi pour me passer à tabac au point que j'y suis presque resté ? Si je trouve un mot pour le décrire, je vous rappellerai. En attendant, tout ce que je sais, c'est que je me suis réveillé à l'hosto et que depuis je ne ressens plus ni la faim, ni le sommeil. Je ne saurais en dire plus.

→ Avez-vous un secret vous concernant à nous révéler ? Chaque famille a ses terribles secrets et chaque individu à les siens aussi. Mais un secret n'est pas un secret si on en parle. Pour ma part, j'en ai plus que pas assez. Mentir et dissimuler sont les premières choses que j'ai apprises. Ce qui se passe chez les Krushnik, reste chez les Krushnik. Alors disons que le secret c'est l'enfer que je vis depuis que je suis enfant et que je vis encore, le secret c'est tout ce qui se cache derrière mon sourire et que je refuse d'énoncer à haute voix. Le secret c'est l'immensité de ma souffrance alors que je me darde d'aller bien.

→ Avez-vous été témoin dans la ville de choses que vous aimeriez dénoncer ?  Comme vous l'avez peut-être comprit, je suis plutôt partisan du "chacun se mêle de ses affaires". Je détesterais qu'on vienne se mêler des miennes, alors je ne le ferai surement pas. Et puis je ne suis pas là non plus pour juger des actes des autres. Je me tiens le plus loin possible de la justice et de ses préambules alors même si j'avais été témoin de quelque chose, je ne le dénoncerais pas.

→ Vous êtes pris dans un cyclone. Des débris sont tombés sur la personne qui vous est la plus chère et sur un enfant que vous ne connaissez pas. Si vous la sauvez cette personne vivra avec un handicap terrible mais l’enfant mourra. Si vous sauvez l’enfant il sera indemne mais l’autre mourra. Vous ne pouvez en sauver qu’un, alors que faites-vous ? Égoïstement j'aurais envie de dire que je ne sauverais ni un ni l'autre histoire de ne pas avoir à jongler avec un cas de conscience. Malheureusement je ne crois pas vraiment que j'aurais la capacité de juste tourner le dos. Alors si vraiment je devais faire un choix, je choisirais l'enfant, au détriment de mes sentiments pour l'autre personne. Pourquoi ? Peut-être parce que je suis habitué de faire passer ma vie après celle des autres, ou peut-être juste parce que cet enfant...Au fond, ça ne sert à rien de se poser la question. On sauve toujours les enfants d'abord non ? Ce n'est pas une règle non écrite ?