Embarquement immédiat en direction de Caswell.

Ça y est, c'est le moment .. c'est la fin. Je traîne cette valise derrière moi, prêt à monter dans ce train qui me séparera définitivement de ma ville natale. Oh, c'est pas la fin du monde certes, mais pour moi, ça l'est. Je me vois arraché à la ville qui m'a engendré et qui ma vue grandir. Partir d'ici, c'est tellement douloureux, et dur à la fois. Tellement de souvenirs qui se forment dans ma tête, je me remémore tous les bons moments que j'ai finit par passer à Tampa. Je n'ai plus envie de partir, et pourtant, je le dois.

Me voilà arrivé au quai, prêt à embarquer dans ce train. Je ne sais pas ce qui m'arrivera à Caswell, ce que j'allais faire, ou encore même ce que j'allais devenir. Tant de questions, mais pour combien de réponses ? Aucune.

Je monte finalement dans ce train, au combien désagréable. Les gens s'entassent et se bousculent juste pour ranger leurs valises. Les pleurs des enfants déjà bien bruyant et l'odeur nauséabonde dégagée par les gens frustrés pesaient dans l'atmosphère, c'était invivable. Une vraie partie de plaisir. Je finis par m'asseoir à mon siège bien qu'avec un peu de mal. Sur le chemin j'ai dû bousculer des personnes qui semblaient ne pas vouloir bouger. Mais l'important, c'est que j'y sois arrivé, et heureusement. Je m'assied sur mon siège, écouteurs dans les oreilles, cherchant à faire le vide dans ma tête, même si je sais que ce ne sera pas aussi facile que ça en a l'air. Vu comme ça, Tampa est une ville formidable, où il y fait bon vivre et je ne veux en aucun cas partir.

Le train fait signe à tout le monde qu'il est sur le point de partir. * Ne te retourne pas, ne te retourne pas* c'est ce que je me répétais au plus profond de moi-même. Pour le moment, je tenais bon. Si j'en venais à me retourner, je pouvais être sûr de craquer. Je suis un homme, mais avec des sentiments c'est ce qu'il faut se dire. Allez, le voilà qu'il s'en va. J'ai tenu bon, je ne me suis pas retourné. Eh bien Caswell, quel accueil me réserveras tu ?

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« Noah, arrête de draguer et occupe toi de tes clients, bon sang ! »

Ahah, depuis maintenant deux ans, je ne compte plus le nombre de fois que j'ai entendu cette fameuse phrase déjà devenu culte. Vous l'aurez sûrement comprit, je suis un fin dragueur et même au boulot, je ne perds pas une occasion pour me mettre quelques minettes en poche. Caswell ? Je m'en bats de Caswell, c'est un trou à rat comme les autres, et même deux ans après mon arrivée, je m'y suis toujours pas habituée. Alors s'il te plaît maman, paye mon un billet de train pour Tampa.

« Je me remets au boulot. »

En temps normal, ça devrait m'atteindre et me faire comprendre que je suis en tord pourtant .. non, j'arbore un petit sourire narquois en balançant cette phrase mainte et mainte fois sans jamais m'en lasser. Cette phrase est là pour remettre à l'ordre et pourtant, je ne perds pas une occasion de la déballer à nouveau. C'est comme ça la vie à Caswell, tout le monde s'en contre fiche de tout. En même temps, on a surtout rien à perdre.

Je suis barman, mon boulot consiste simplement à taper la discut' avec les clients, à leur servir une pinte et à nettoyer le comptoir après passage. Pour six dollars de l'heure, c'est plutôt honnête. Depuis deux ans, je crèche chez mon vieux cousin, et pour le moment, loin de là l'envie de me mettre à la la porte .. euh j'espère du moins. On va pas dire que ma vie à Caswell est parfaite, au contraire, elle est vraiment déprimante. Malgré tout, je garde le moral au beau fixe, puis après tout, rien de mieux que de pouvoir renouer des liens avec son vieux cousin.

Les clients se font en masse à cette heure-ci .. enfin, si on peut appeler ces gros sacs, pères de familles qui passent leurs temps à boire des clients. Moi, tant qu'ils me remplissent ma feuille de salaire, je n'y vois aucun inconvénient, il faut juste pas qu'ils abusent de ma patience.

Mon patron a le don pour me mettre la pression et malgré le fait qu'il m'ait reprit des centaines de fois à faire autre chose que mon boulot, va savoir pourquoi, il m'a toujours gardé. « C'est ta dernière chance, après quoi je te flanquerais dehors » - qu'il me répétait chaque fois. J'avais beau refaire les mêmes erreurs, j'étais toujours derrière ce comptoir au bout du compte.

Il est désormais minuit, l'heure à laquelle le bar ferme officiellement. Les derniers clients s'en vont, tandis que moi je suis chargé de la fermeture. Avant tout, je ramasse les quelques pourboires restants, et à ma grande surprise, il ne restait plus qu'une blonde. Elle déposait de la monnaie avant de partir en me lançant un dernier sourire. Je le lui rend et m'empresse d'aller ramasser la monnaie pour la caisse et, quelle ne fut pas ma surprise quand je vis son numéro dans le tas.

Finalement, Caswell .. avec les filles, c'était pas si terrible que ça, laissez moi juste quelques années de plus et ce sera parfait.