TEST RP
Il ne me restait plus que quelques minutes pour rejoindre mon cousin avant le début de la réunion des anciens élèves. Comme si cela pouvait faire quelque chose de revenir voir toutes ses pintades en talons aiguilles trop hauts pour leur jambes pleines de cellulite et les sportifs souls comme des pots qui reluquent tous ce qui bouge et qui a un vagin… Vraiment, comment m’avait-il décidé à sortir ce jour-là ? Surtout qu’Eva avait besoin de moi… Heureusement, il y avait toujours une ado en manque d’argent qui se faisait un plaisir à s’occuper du soleil de mes nuits.
« Work hard, play hard Work hard, play hard Work hard, play hard » Saleté de téléphone… Comme si j’avais le temps de taper la discute avec je ne sais quel paumé en quête d’une bonne soirée à passer avec une jolie fille. Bon sang mais comment en étais-je arrivée là…
« Di’ qu’est-ce que tu fous encore chez toi ça fait dix minutes que tu devrais être en bas ! » Quand on parlait de paumé en manque de rapports…
« Tu me laisses m’habiller oui ? Tu ne voudrais pas t’exposer à tous ces racistes de base au bras d’une droguée à moitié à poil si ? » Lâchai je mauvaise traversant mon appartement à la recherche d’un robe qui ne ferait pas tâche à côté des meringues à froufrous de mes anciennes camarades de classe. Chose plutôt difficile à trouver sachant que ma garde-robe se résumait à deux trois jeans déchirés, des tee-shirt loose et des robes bien trop courtes pour être appelées robes.
« T’es encore défoncée ? » Demanda-t-il encore plus froid qu’à l’accoutumée. Je ne répondis même pas. La réponse se faisait d’elle-même et je l’entendis soupirer à l’autre bout du fil. Comme s’il pouvait être étonné, ce n’était pas comme s’il ne me connaissait pas, nous avions pour ainsi dire grandis ensemble.
« Bon écoute je monte ouvre moi la porte. » A vos ordres chef. Il semblait oublier qu’il s’adressait à sa cousine et non à un de ses élèves… N’empêche que j’allais tout de même lui ouvrir, je faisais généralement tout ce qu’il me disait de faire de toute façon. Alors qu’il frappa à la porte je lâchai mon téléphone sur le lit avant d’ouvrir la porte nonchalamment appuyée contre un pan de mur.
« - Tu n’es pas encore habillée à ce que je vois. - Il faut avouer que cela n’aurait pas servi à grands choses, à chaque fois que tu rentres dans cet appartement ce n’est pas que pour manger des cookies.- Ce n’est arrivé qu’une fois Diana !- Oui bien sûr, c’est comme si je te disais que j’ai fumé mon premier joint de la journée il y a une heure. »Ce n’était bien sûr pas la première fois que nous avions cette conversation, comme ce n’était pas la première fois que je l’accueillais à ma porte en sous-vêtements et que lui me poussait avec force mais douceur jusqu’au lit.
« Tu as peut être raison en fin de compte… Mais pour l’instant nous sommes en retard. » Murmura-t-il en détachant ses lèvres des miennes. Faisant la moue, déçue je finis par me dégager de son étreinte pour aller récupérer une robe, la plus longue de toutes celles que je possédais et l’enfiler en vitesse. Passant un coup d’eau sur mon visage, faisant disparaitre d’anciennes traces de maquillage je mis un peu de blush et de liner et deux trois gouttes de parfum derrière mes oreilles sous le regard lubrique de mon cousin.
« Arrête de me mater comme ça aide moi plutôt à mettre mon collier. » Dis-je en lui tendant le pendentif. Il fallait bien qu’il se rende utile le pauvre homme. Le temps de remplir mon sac d’un paquet de cigarettes, de mon portable qui bien que déchargé ne me quittait jamais et de deux trois accessoires de maquillage au cas où j’en ai besoin. Mettant mes chaussures, des escarpins vertigineux qui me permettaient presque d’atteindre la taille de mon compagnon pour la soirée je lui demandai :
« Bon… On y va ou on va attendre que cette saleté de soirée se termine ici ? »Quelques minutes plus tard nous sortions tous deux de la voiture et nous dirigeâmes vers la salle des fêtes de ce lycée qui m’avait ennuyée à en mourir. Je n’aurais jamais crus y remettre les pieds après avoir obtenu mon diplôme et pourtant j’y étais, aussi apprêtée que possible pour revoir tous les gens qui avaient fait de ma vie un enfer. Je n’étais pas la tête de turc du lycée mais je n’aimais tellement pas l’atmosphère qui y régnait que chaque personne étant présente dans cet endroit devenait mon ennemi. Et ce soir, j’allais devoir jouer l’hypocrite devant tous ceux qui devaient avoir réussis leur vie, contrairement à moi, je le savais bien.
« On peut encore partir non ? » Demandai-je doucement en ralentissant le pas. Se tournant vers moi, il entoura mon visage de ses mains et déposa son front sur le mien :
« Tu sais très bien ce que le psy a dit… Il faut que tu sortes de chez toi. » Je soupirai et me dégageai avant de sortir une cigarette de mon sac et de tirer une première latte pour oublier ce dont il venait de parler. Depuis la mort de ma mère, et ma grossesse je voyais un psychologue toutes les semaines. Comme si j’en avais besoin…
« Je vais très bien ! Je n’ai absolument pas besoin de voir tous ces idiots de base. » Lâchai-je en m’appuyant contre la voiture. S’approchant de moi il eut l’air de se radoucir et demanda à nouveau :
« Tu ne m’as pas parlé d’Eva aujourd’hui… » J’abandonnai ma moue agacée et fis un grand sourire, ravie qu’il pense enfin à sa fille et qu’il accepte enfin le fait qu’elle existe :
« Elle est chez une nourrice aujourd’hui, je ne voulais pas la laisser toute seule à l’appartement ! » Eva, un an, notre fille. Oui, notre fille même si nous étions cousins… Ce n’avait pas été prévu, la première fois que nous avions passé le cap des amis… Nous étions aussi défoncés l’un que l’autre et cela avait dérapé. De cette soirée était née Eva. Mon petit ange ! Mais, depuis quelques mois, j’avais l’impression que le père se lassait, il ne voulait plus la voir, réagissait étrangement à chaque fois que j’en parlais…
Aujourd’hui aussi il réagit étrangement. Me plaquant avec force contre la voiture m’arrachant de gémissement de douleur alors que mon dos tapa la taule il me dit avec colère :
« Non tu ne vas pas bien Diana ! Je te l’avais dit ! Je te le dis tous les jours ! Eva n’existe pas, elle n’existe plus ! Elle est morte ! Morte je te dis ! » Je laissai échapper un sanglot. Non ce n’était pas vrai ! Je l’avais vu aujourd’hui ma petite fille. Elle était là toute la journée, chez une nourrice le soir quand je travaillais. Je m’occupais bien d’elle… Bientôt elle allait entrer à l’école maternelle… C’était ma fille elle existait.
« Tu mens ! Elle n’est pas morte ! Pourquoi tu es si méchant ? » Dis-je implorante en sentant des larmes couler sur mes joues. Me voyant dans cet état, il eut l’air de se calmer mais non, il continua :
« Bien sûr que si ! Tu t’en souviens j’en suis sûr ! C’était un matin, tu avais dormis à la maison, elle avait dormis dans son landau dans la chambre d’à côté, on ne l’avait pas entendue pleurer et crier, on était trop souls, quand tu t’es levée, elle ne respirait plus… Mais on aurait rien pu faire. C’était une maladie infantile incurable… C’est arrivé comme ça. » Comment pouvait-il dire ça comme ça ? Aussi froidement ? Je fus prise d’une nouvelle crise de sanglots et me blottis contre lui, les souvenirs revenant si brutalement que j’avais les gens fauchées.
« C’est ma faute ! Je l’ai tuée ! » Lâchai je en serrant sa chemise entre mes mains. Caressant mes cheveux et embrassant le sommet de mon crane il me berça doucement pour calmer mes pleurs :
« De toute façon, demain tu auras oublié… » Dit-il doucement. Je ne compris pas vraiment et ne relevai pas. A chaque fois c’était pareil, j’avais l’impression de vivre la mort de mon bébé à chaque fois. Et cela arrivait tout le temps. Il me le disait, je criais, et j'oubliais.
Lorsque je fus calmée, après deux trois cigarette et un joint nous entrâmes dans la salle qui avait servie pour le bal de la promotion. Ce n’était pas non plus une magnifique salle comme dans les films mais c’était mieux que rien. Mais, sans décoration particulière, elle était vraiment moche. A peine nous fumes entrés, abandonnant nos manières de couple pour redevenir les cousins que nous avons toujours étés, nous fumes accostés par une jeune femme, permanenté, manucurée, enroulée dans ce qui semblait être de l’aluminium de loin qui nous salua avec une voix bien trop aigue pour ma tête qui me faisait mal :
« Oh vous êtes là tous les deux ! Je suis ravie de vous revoir ! Je te présente toutes mes condoléances pour ta mère Diana si tu as besoin de quoi que ce soit… » Oh mais bien sur, Emilia. La reine du lycée, je l’avais presque oubliée elle. Cette fille qui avait été mon amie et puis qui m’avait oubliée quand elle était devenue populaire. Tant pis, je n’avais pas besoin d’elle. Ni de personne d’autre.
« Oh mais t’es aussi débile qu’avant. Ca va faire un an que ma mère est morte et c’est maintenant que tu te réveilles. Pauvre fille ! » M’exclamai je en la bousculant pour aller jusqu’au bar de punch. Je n’aimais pas être là et entendre tous ces gens qui ne m’adressaient plus la parole depuis des années me présenter leurs condoléances alors qu’ils n’étaient même pas venus le jour de son enterrement… Après tout, ce n’était rien d’autre qu’une femme de ménage, ma mère n’était pas très connue en ville mais j’avais été blessée voir les bancs de l’église presque vide le jour où je lui avais dit adieu.
« C’est bon, on est venus, on a vu on peut partir maintenant ? » Demandai-je à nouveau buvant presque cul sec mon verre en regardant mon cousin. Il secoua la tête négativement avant de m’entrainer vers un ami d’enfance.
« Diana ! Tu es magnifique comme toujours ! » Dit-il en m’apercevant. Personnellement je trouvais surtout qu’il avait pris beaucoup de poids. Il s’était plutôt laissé aller en quittant le lycée… Faisant un léger sourire, ne voulant pas me le mettre lui aussi à dos je l’embrassai sur les deux joues avant de dire en m’éclaircissant la voix enrouée par mes précédents sanglots.
« Espèce de charmeur va ! Tu dis ça à toutes les filles que tu croises je suis sure ! » Il me fit un nouveau sourire et nous parlâmes quelques minutes comme si nous ne nous étions jamais perdus de vue. Peu après, il s’excusa avant de rejoindre celle qui devait être sa fiancée. J’oubliais presque cela faisait presque six ans que nous avions quitté le lycée… Il avait la même copine, la même voiture et le même accent New Yorkais. Rien n’avait changé dans cette ville. C’était déprimant. Je me souvenais encore des matchs de football américain que j’avais passé à encourager les quelques amis que j’avais dans l’équipe, cela finissait toujours en bagarre générale. J’adorais ça. J’étais un peu une privilégiée dans l’équipe, je n’avais pas eus besoin de passer dans le lit de tous les joueurs ou d’être cheerleader pour me faire apprécier et accepter dans les soirées privées. Un avantage à être la cousine du capitaine. Mais j’avais toujours eus des préoccupations différentes que le groupe que je fréquentais. Avec la maladie de ma mère, une sclérose en plaques qui a fini par l’emporter, il m’arrivait souvent de quitter le lycée en plein milieu d’un cours puisque mon père, cet idiot était incapable de protéger la femme qu’il aimait, ou qu’il avait aimé à un moment ou un autre. Et il m’était aussi impossible de me concentrer sur la tenue que j’allais porter à mon prochain bal ou sur le garçon qui allait m’inviter. Des préoccupations trop futiles pour moi…
Peu à peu, je me pris au jeu des retrouvailles. Ce n’était pas plus mal de voir que je n’étais pas la seule à être en galère en ce moment. Même si jamais je n’avouerai être aussi bas que je ne l’étais. Etre obligée de jouer la prostituée pour boucler les fins de mois, je n’aurais jamais cru ça possible. Ma mère, se serait surement suicidée si elle l’avait appris, paix à son âme elle était déjà morte. De toute façon, même si je n’avais pas décidé d’abandonner mon père à sa maitresse, nous n’aurions pas pu survivre avec son seul salaire de jardinier.
« Il parait que monsieur Hepburn va avoir un autre enfant. Avec un peu de chance, il sera moins fou que la première. » Je me glaçai. Je détestais entendre ça. Les rumeurs… Surtout quand cela me concernait moi et mon idiot de père. Me retournant doucement, pour découvrir l’identité de celle qui colportait une telle rumeur je lâchai un grognement presque animal. Pattie Emerson, la peste de service, langue de vipère à souhait je ne l’avais jamais entendue dire quelque chose de véridique. Elle m’avait pris en grippe dès mon entrée au lycée et depuis n’avait pas oublié ce jour où j’avais embrassé son petit copain… Entrainant mon cousin avec moi, vu que ça concernait sa famille à lui aussi je tapotai sur l’épaule de la jeune femme avant de dire avec un sourire aussi hypocrite que possible :
« Ecoute chérie, c’est adorable de ta part de t’inquiéter pour la santé mentale de l’enfant de mon père mais je ne pense pas qu’avec ton deux de QI tu puisses parler. Et puis, je pense que tu devrais faire attention à ce bouton, plein de pu je suis sure que ça doit être funky a éclater… Trop glamour n’est-ce pas ? » Je l’avais bien dis, rien n’avait changé. Absolument rien, les mêmes embrouilles, les mêmes couples, le même punch dégueulasse. J’aurais réellement préféré rester chez moi.