→ Quel est votre sentiment vis-à-vis des étrangers ? (Strangers supprimez cette question.)
Je ne sais pas, d'un point de vue technique, je suis moi-même étrangère bien que mes parents aient tous les deux vécus ici et m'y aient élevé. Mais je suis née, hasard des prématurés, hors de la ville. Dans tous les cas, je vis recluse dans la maison familiale, l'inconnu me fait peur, alors les érangers aussi. Ce n'est pas de la haine, je ne pense pas, peut être qu'en vieillissant cela changera, que je deviendrais encore plus mauvaise et aigrie, mais en attendant je me contente d'être loin d'eux, ces gens qu'on ne connait pas et qui me rappellent peut être que si j'avais été moins cruche, j'aurai pu avoir une autre vie.

→ Que pensez-vous du conseil municipal et de son action ? (Tous sauf Keepers)

Je n'en pense rien, après tout je suis peu présente dans la vie de la communauté. Avant, lors des cours que je donnais dans cette grande ville dont je ne veux pas dire le nom, trop de souvenirs, j'adorais dénoncer avec emphase les figures d'autorité présentes dans les textes et les livres, ceux qu'étudiaient mes élèves. Dans la vraie vie, je suis morne, je suis fade, je m'en fiche et joue les brebis. Le conseil ne m'inquiète pas, ne m'intéresse pas. Peut-être que si je fais ainsi semblant de l'ignorer, ce sera comme s'il n'existait pas ?

→ Que pensez-vous des récents événements ? Croyez-vous en toutes ces rumeurs surnaturelles ?
Oui j'y crois, et cela me terrorise. Le plus souvent, comme peut être déjà signalé, je ne quitte pas la maison, pouvant rester des semaines sans croiser personne. Les évènements sont un peu confus dans ma tête, ils prennent parfois plus d'ampleur qu'ils n'en ont eu ou au contraire pas assez, mais je n'y ai pas pris part moi-même. Pour ce qui est du surnaturel, si cela correspond à l'arrivée incongrue de pouvoirs façons mauvais romans pour ados, oui j'y crois. C'est un cauchemar, j'évite de penser que le pire est arrivé pour la ville ou pour moi-même, parce que le plus souvent c'est quand on pense ça qu'une chose encore plus effroyable nous arrive.

→ Dans quelles circonstances est apparu votre pouvoir et qu’avez-vous ressentit ? (Infected uniquement) Hé bien maman...enfin ma mère, désolé je m'infantilise un peu dans ma manière de parler, quand je suis stressée, était agonisante et je la veillais. Evidemment, le climat n'était pas joyeux joyeux, et au cours de l'année, j'avais souvent eu les nerfs à fleur de peau. Au début je faisais des cauchemars, par rapport à la mort, à « l'après », je prenais cela comme le questionnement logique de mon cerveau par rapport à la situation de ma génitrice. Et puis mes cauchemars, j'ai commencé à les avoir en étant réveillée, toujours au chevet de ma mère, jamais quand je m'en éloignais. C'était elle qui me les donnait, qui m'envoyait ses images, sa peur de la mort trop proche. Détail glamour, quand j'ai compris, je suis aussitôt allé vomir... J'ai essayé de comprendre et, comme une petite fille, j'ai pleuré au pied du lit de ma mère pour qu'elle me console, qu'elle m'explique. Elle m'a regardé, les yeux écarquillés et j'ai alors vu mon reflet, mon apparence, qui la regardait elle aussi. Parce que désormais, elle avait bien plus peur de moi, sa propre fille, que de la mort. Maman est morte dans la nuit, ça va faire bientôt deux mois...

→ Avez-vous un secret vous concernant à nous révéler ?
On a tous des secrets, le mien ça a été d'avorter. Le père n'est pas d'ici, ça date de lorsque j'étais là bas, et il n'a jamais été au courant non plus. J'ai pris la décision moi-même, égoïstement, par peur qu'il ne m demande en mariage en apprenant, par peur de dire oui, d'être heureuse peut être tout en sachant très bien qu'un jour tout s'écroulera. J'ai pris les devants, j'ai été égoïste, parfois je regrette, parfois non. On a pas assez de toute une vie pour s'en vouloir et culpabiliser de toute façon, c'est mon secret, le plus gros. Je ne pense pas le dire à quelqu'un, si je ne m'intéresse pas à la vie des aures, ce n'est pas pour raconter la mienne non plus.

→ Avez-vous été témoin dans la ville de choses que vous aimeriez dénoncer ?
Non je ne pense pas, vous savez je suis assez adepte des « oeillères », je ne vois que ce que j'ai envie de voir. Je ne pense pas être de ceux dénonçant à tout va, ça je l'ai fait à un moment, mais que dans des textes littéraires. Depuis, on va dire que j'ai abandonné le côté niais (au moins celui là) et que si jamais je croise une chose révoltante, au pire je change de trottoir. M'occuper de ça, c'est pas mon problème, ça le sera jamais vraiment, point final.

→ Vous êtes pris dans un cyclone. Des débris sont tombés sur la personne qui vous est la plus chère et sur un enfant que vous ne connaissez pas. Si vous la sauvez cette personne vivra avec un handicap terrible mais l’enfant mourra. Si vous sauvez l’enfant il sera indemne mais l’autre mourra. Vous ne pouvez en sauver qu’un, alors que faites-vous ?
Je ne sais pas, l'enfant peut être? Parce que j'aurai peur de le sauver Lui, parce que si l'autre est une personne chère, ça ne peut être que lui. La plus chère qui soit, comme dans un poème ou une épopée, et j'aurai peur de le sauver, oui. Parce que ça voudrait dire le rendre handicapé, dépendant, et pour moi me coincer dans un avenir obligatoirement à deux. Je sais pas vivre avec les autres, j'ai jamais su, j'ai toujours détesté. L'enfant, sans hésitation finalement. Un gosse qui vivra sa vie, que je reverrais jamais, qui si cela se trouve, se fera écraser par une voiture le jour d'après, mais je m'en fiche. Je m'en fiche...