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 it's just medicine ☇ (madgvar)

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S. Maddox Traigger
S. Maddox Traigger

date d'arrivée : 10/04/2013
mensonges : 786
crédits : babine (avatar) ; love.disaster (signature).
multicomptes : seksi terminator.
âge : trente-deux ans.
adresse : downtown.
humeur : gamin.

sneak peek
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:
What about the town ?:
J'ignore tout de la vérité

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MessageSujet: it's just medicine ☇ (madgvar)   it's just medicine ☇ (madgvar) EmptyVen 19 Avr - 22:11

it's just medicine
Son reflet dans le miroir. Cette encre macabre qui le recouvrait, familière, rassurante. Protectrice avant tout. Il aimait à croire qu'elle protégeait les autres. Mais était-ce seulement vrai ? Plus il se fixait dans ce verre réfléchissant, plus la question s'imposait à lui, en son for intérieur. Altruisme absolu ou égoïsme déguisé ? Mentait-il au monde entier ? A lui-même ? Il savait pas. Il savait plus. Il se voyait, sans se voir. Épiderme marqué par ce qui l'attendait. Épiderme qui peu à peu s'éclaircissait, se clarifiait. Les tatouages qui s'effaçaient. Un par un, comme par magie. Comme s'ils étaient gommés par un esprit divin, par un esprit malin. Instinctivement, ses mains vinrent se poser sur ses joues, à présent immaculées. Sa peau revenait à son état d'origine, et il avait l'impression d'être la créature la plus vulnérable que la Terre ait porté. Un coup de vent suffirait à le briser, comme s'il n'était qu'une simple brindille. Ce n'était pas comme un serpent qui change de peau, ce n'était pas un symbole de renouveau, ou même de renaissance. Juste, une disparition. C'était pas seulement ses tatouages qui s'effaçaient, c'était lui. Son essence. Son existence. Il s'effaçait, peu à peu éradiqué de la surface de la planète. Sa vie si insignifiante s'échappait, et il ne pouvait rien faire pour stopper ce cruel processus. Il la sentait filer entre ses doigts, et rien ne lui permettait de s'en saisir pleinement, de la retenir. Il pouvait uniquement profiter du peu qui subsistait au creux de ses mains. Et ce peu se résumait à quelque chose de minuscule. Jusqu'à ce que ce ne soit plus rien. Rien d'autre que le néant.

Réveil. Brutal. Corps projeté en position assise, air qui s'engouffre dans les poumons, paupières qui s'ouvrent instantanément, lumière qui brûle les rétines. Souffrance. C'était qu'un rêve. Non. Un cauchemar. La peur de mourir qui le taraudait, lui tordait les entrailles, lui trouait l'âme. Vivre avec cette épée de Damoclès, toujours. Lame qui s'enfonçait peu à peu, qui le scindait en deux. Mad, respire putain. Il avala une grande goulée d'air, clignant des yeux. La course folle de son cœur se calmait peu à peu alors qu'il fixait un point imaginaire. Juste un putain de cauchemar, rien de plus, rien de moins. Ce n'était pas réel. Vraiment ? C'était pourtant ce qui se déroulait actuellement, en moins métaphorique. En plus vrai, en plus cruel, en plus palpable. En plus douloureux. Ça fait mal, de dépérir. On dirait pas comme ça, hein ? Il sentait que son corps courait à l'agonie. Parfois, il embrassait cette réalité comme s'il s'agissait d'une vieille amie, la seule constante dans sa vie. D'autres fois, il avait envie de hurler et tout détruire, pourvu que ça s'arrête. Aujourd'hui ? Ni l'un, ni l'autre. Il voyait la vérité en face. Plus résigné qu'autre chose. Comme un comédien, il changeait de costume tous les jours, ou presque. Un acteur de pacotille. Le clown le plus triste au monde.

Un soupir lui échappa alors qu'il passait une main sur son visage. Avant de la poster devant ses yeux. Toujours là. Les tatouages étaient toujours là. Il était bien en vie. Pour l'instant. Putain, ce ciel grisâtre lui donnait des pensées de dépressif. C'était ridicule. Se foutant intérieurement de sa propre connerie, il se leva, s'étirant de tout son long. Journée de merde en perspective. Il faisait moche, il avait pas envie de bosser, la ville était en ébullition. Parce que demain, c'était la fête de Commémoration – et Halloween, accessoirement. Parce qu'il y avait maintenant cinq jours qu'était paru l'article de Gloria Hartwell, et que la colère des habitants n'était toujours pas redescendue. Mad, ça l'avait fait rire. C'était con à dire, parce qu'au fond, il aimait cette ville, sinon il n'y serait pas revenu – la raison pour laquelle il l'aimait assez pour ça restait encore floue, m'enfin bon. Mais que quelqu'un ose enfin dévoiler l'étroitesse d'esprit de Caswell au grand jour, avec tant de classe, et surtout, une enfant du pays.. C'était juste jubilatoire. Vraiment. Rien que d'y repenser, il en riait encore. Il était sûrement l'un des seuls. Mais comme on dit, mieux vaut en rire qu'en pleurer. Et au final, peut-être bien qu'ils méritaient ce fichu article.

Se décidant enfin à sortir de sa chambre, il se dirigea automatiquement vers le salon. La faim n'était pas au rendez-vous, comme beaucoup trop souvent ces derniers temps. Il se rattraperait en regardant les dessins animés. Quoi de mieux que s'abrutir devant Bob l'éponge ? Bon. Certes, il y avait bien des choses qui étaient beaucoup mieux. Mais dans l'immédiat, c'était la meilleure activité qui s'offrait à Maddox. Alors, il prenait. Sauf qu'arrivé dans le salon, il ne trouva pas un canapé vide et une télécommande qui ne demandait qu'à ce qu'on s'en serve. Non, à la place, y avait un prototype de viking. Avec son bon mètre quatre-vingt-dix ou presque, ses épaules larges et son nom tout droit sorti d'Ikea, il ne lui manquait que la hache pour parfaire la panoplie. Il avait même la chevelure soyeuse. Peut-être trop soyeuse pour un super viking, justement. Fallait songer à lui dire. « Tes cheveux ont l'air trop doux, ça colle pas. Sérieux, c'est louche. » Non, on lui avait jamais appris à pas dire la première chose qui lui passait par la tête. Comme les gosses, il réfléchissait jamais avant de parler. Mais c'était juste Ingvar. Il avait l'habitude à force, donc y avait pas mort d'homme. Ce qui pouvait être plus gênant en revanche, c'était le fait que Maddox était debout, totalement à poil. Sauf que là encore, Ingvar avait l'habitude – aussi étrange que ça paraisse. Il n'avait qu'à cesser de venir squatter l'appartement de Mad à tout bout de champ, ça lui éviterait de connaître son anatomie sous toutes les coutures – ou presque.

Le temps qu'il fallut à Maddox pour remarquer ce qui encombrait sa table basse témoignait sûrement du fait qu'il venait de se lever. D'un côté, des trucs de riches. Bijoux divers, montres probablement hors de prix, objets de décoration hideux dont on voudrait même pas dans ses chiottes. De l'autre, un bol de céréales. On devinait aisément quel côté appartenait à qui, évidemment. Seulement, un détail interloqua le tatoué. Le butin en question, il avait pas aidé dans sa subtilisation. Alors que c'était un peu son rôle. Il savait pas trop quand ou comment c'était arrivé, mais il était bel et bien devenu le chauffeur d'un voleur. Un facteur voleur. Quelle ironie. Il se souvenait encore du jour où Ingvar avait débarqué dans son taxi pour la première fois, cheveux au vent, comme s'il faisait une pub pour un shampoing. Si on lui avait dit alors que cette personne deviendrait la plus présente dans sa vie, il aurait éclaté de rire. Et pourtant, rien que le bol qu'avait préparé son cher cambrioleur en témoignait. En attendant, Mad était vexé. Qu'Ingvar soit allé voler Dieu sait qui sans l'aide de son chauffeur. Merde quoi, c'était son rôle à lui. « Eh, mais.. Tu m'avais pas dit que t'avais prévu un coup hier. Espèce d'enfoiré. »

Réaction d'un gamin de six ans, une moue fit son apparition sur son visage. Légère, mais bien là néanmoins. Comme à chaque fois qu'il était vexé. Soupirant, il vint se poser sur le canapé, près de l'intrus. Enfin, vu le temps qu'il passait ici, c'était plus vraiment un intrus. Surtout qu'il se ruinait en finançant les céréales de Maddox. Fallait bien qu'il rembourse les heures squattées ici, c'était pas un moulin. Ouais, bon, c'était pas comme si Mad pouvait le foutre dehors. Enfin si, il pouvait. Mais ce serait inutile, puisque Ingvar trouverait un moyen de revenir avant qu'il ait fini de verrouiller la porte d'entrée. C'était ça, les inconvénients d'être pote avec un cambrioleur. Impossible de le garder hors de chez vous. Non pas que Mad s'en plaigne vraiment non plus. La plupart du temps, il était bien content de le voir, cet enfoiré. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, il était vexé. Parfaitement, ouais. Accompagner Ingvar dans ses délits, c'était devenu son lot quotidien. Il aimait ça. L'adrénaline de se faire attraper, bien qu'il soit persuadé que ça n'arriverait jamais, aussi stupide ou naïf que ça puisse paraitre. Il en avait besoin, autant qu'il avait besoin de ses médicaments. Et là, cet enflure de suédois de mes deux se permettait d'y aller sans lui. Bah ça l'emmerdait profondément, le Maddox. D'autant plus qu'Ingvar savait probablement que ça le ferait réagir comme ça, il le connaissait trop bien pour ne pas s'en douter. Quel enfoiré de première, vraiment. Il méritait pas de rester sur le magnifique canapé de Maddox. Il méritait même pas de le voir à poil, tiens.

Sèchement, il attrapa le coussin posé dans le dos d'Ingvar pour venir le placer sur son entrejambe. Voilà. C'était débile. C'était typiquement Madesque. D'autant plus que seul lui pouvait saisir le raisonnement de cet acte puéril. Quoi que. Vu la façon dont il avait pris le coussin, Ingvar comprendrait le nécessaire. Giant five year-old, avec tous les inconvénients que ça pouvait apporter. Deal with it, bitches. « T'es allé chez qui ? Parce que, vu le.. » Nope. Stop. Il était censé être vexé et ne plus lui parler. Tant pis pour la curiosité qui le démangeait, il avait un rôle à tenir. Acteur raté, clown dépressif. Ne daignant pas lancer un seul regard à son bol, au trésor ou même à son voisin de canapé, il alluma la télévision. Et zappa, encore et encore, jusqu'à trouver la chaîne des dessins animés, sa chaîne favorite. Il ne put s'empêcher d'éclater de rire devant les gags vus et revus des Looney Tunes. Chaque fois, il savait à quoi s'attendre. Et pourtant, chaque fois, il riait. Pas pour rien qu'il passait des heures entières à regarder ces trucs là. Et rien à foutre si ça convenait pas à Ingvar, il n'avait qu'à se tirer. Il avait une maison, autant s'en servir, bordel. Même si au fond, Mad savait pertinemment qu'Ingvar ne le ferait pas, et qu'il resterait là. Aussi bien qu'il savait qu'il serait lui-même incapable de faire la gueule pendant des heures. Ingvar était un sale fourbe, et trouvait toujours un moyen de faire en sorte que Mad se démonte. Il n'avait vraiment aucune crédibilité face à lui. Face à un facteur. Face à un cambrioleur. Face à un adulte qui se prétendait responsable. Mais qu'est-ce qui lui avait pris de devenir ami avec un type pareil ? Stupide. Il était stupide. Et Ingvar en profitait – enfin, il s'en exaspérait ou s'en moquait surtout, le plus souvent. Ouais. Connard de suédois.



(c) WILD HEART.





Dernière édition par S. Maddox Traigger le Sam 1 Juin - 22:20, édité 2 fois
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Ingvar U. Hülsbeck
Ingvar U. Hülsbeck

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MessageSujet: Re: it's just medicine ☇ (madgvar)   it's just medicine ☇ (madgvar) EmptyMar 30 Avr - 23:48

it's just medicine
Le délicieux son de la serrure qui se dévérouille après quelques tours de magie Ingvarienne. J'aime ce bruit. Un cliqueti qui sonne si bien à mon ouïe. C'est ouvert. C'est ma place, maintenant. L'espace d'une minute ou deux. Même de quelques secondes, pour certains cas. Je ferme mes paupières, un rictus peuplant mon visage, qui traduit parfaitement la fierté qui m'envahit. Voler, c'est un art. Entrer par effraction aussi. Même si d'autres personnes vous assurent que c'est hors-la-loi, je ne vois pas ça de la même façon. Il y a toujours un message caché, derrière mes actions. J'ai un but. Un rêve empoisonné, certes. Mais la destination ne serait-elle pas étrangement fade si le voyage n'est pas semé d'embuches ? Pour moi, si. J'aime la difficulté. Mais j'apprécie aussi les moments où la chance m'ouvre ses bras. A quoi bon être humble pour quelque chose que je ne peux même pas revendiquer officiellement de toute manière ? Je peux être arrogant. Dans le silence. Alors je flatte mon égo. Cette serrure, je pourrai l'ouvrir les yeux fermés, je l'avoue. Je l'ai ouverte, encore et encore. Le son de cette serrure qui lâche prise face à ma tête blonde, je l'entends depuis quelques mois. J'ai une étrange mémoire, vous savez. Je retiens les sons de mes actes de bandits. Aussi, je pourrai largement reconnaître le son d'une porte qui s'ouvre et vous dire clairement à quelle maison de riches citoyens de notre belle ville, elle appartient. Après tout, je les visite assez fréquemment. Ce sont des trophées, pour moi. Mieux que les babioles que je ramène. C'est le symbole de mon intrusion. Une tâche dans leur vie parfaite. Merde, si vous saviez que ce j'aime faire ça. Je me relève, jetant un œil par-dessus mon épaule, une bonne vieille habitude qui ne m'échappe pas. Paluche abîmée sur la poignée de porte, je l'actionne et ouvre la porte avec une délicatesse de larron passionné. Ne jamais réveiller les cibles. Sinon, mon séjour dans leur demeure s'écourte très rapidement.

J'attrape le sac à dos noir à mes pieds et franchis le seuil de la porte, dans un soupir de soulagement non-dissimulé. Je viens de traverser une sorte de barrière. Invisible. Intangible. Le poids de mes actions de la nuit passée tombe sur le sol, sous la forme de mon sac, qui s'écrase sur le sol carrelé de l'entrée. Presqu'immédiatement, l'odeur sucré s'entasse dans mes narines, sans que je ne l'y ai invité. Majeur problème de l'endroit, je pense. Mais cette maison passe inaperçue, puisqu'elle tombe en ruine, comme la plupart des autres bâtisses des quartiers pauvres de Caswell. Quelle belle répartition des richesses. Quand j'y repense, je ne peux m'empêcher d'afficher un sourire espiègle. Je viens sûrement de récupérer en une nuit des objets qui valent plus que tout le quartier. C'est foutrement beau, l'égalité. Le jour se lève à peine. Oui, on ne dirait pas. Parce qu'on est à Caswell. Quelques pas en direction de la fenêtre, dont les volets usés et fermés laissent entrevoir une parcelle de paysage. Nuage. Nuage. Et nuage. Enfin, après plus de trente ans ici, on commence à avoir l'habitude. On s'habitue à tout, dans cette bourgade du Maine. Le climat, la mentalité locale, la pauvreté, les riches cons, le conseil. Je m'écarte de la fenêtre, grimaçant. J'ai un léger problème avec la municipalité de cette ville mais je ne suis pas venu ici pour m'enfouir dans une haine dévorante, encore. Ma vengeance, je viens d'en agripper une lanière pour en jeter le contenu, péniblement, sur le canapé du salon. Je roule des épaules, ne jamais sous-estimé le poids d'objets en or, Ingvar. Je vais finir par me péter les clavicules. Putain d'os en carton. J'enlève mes chaussures noires, les laissant trainer en plein milieu de la pièce à vivre. De toute manière, étant donné que je viens d'entrer dans un Disneyland sous acide, je ne pense pas que ma flemme passagère dérange. Tiens, mais à qui appartient l'endroit, n'est-ce pas ? Je regarde le coin télévision, admirant le bordel autour, des dvds de dessins animés, des jeux vidéos, des consoles. La table basse n'a rien à lui envier, une pile de connerie dont je ne saurai même pas en nommer la moitié correctement l’inonde. Ce n'est plus de mon âge, tout ça. Il aimerait tellement que je lui dise à voix haute. Qu'il me regarde avec son sourire de gamin.

Je remarque rapidement le distributeur de Pez, sur l'étagère. Clown zombie. Cadavre de gamin. Il m'énerve ce type. Il m'énerve tellement que je plonge ma main dans la poche de ma veste noire, épaisse parce qu'il fait putain d'froid et que je serre brusquement la petite boite en carton, affublée d'un nom imprononçable. Chose censée le faire aller mieux. Hors de prix. Connard de zombie. Pourquoi est-ce que j'ai dépensé presque trois nuits de boulots et probablement un mois de salaire à l'intérieur de mon uniforme de facteur juste pour un abruti qui se cache derrière de telles gamineries ? J'en sais rien. Tellement rien.

Je m’assois sur le canapé, écrasant au passage un magazine Mickey, il me semble. Désolé, petite souris. Je commence à trier les biens volés par valeur, en les plaçant minutieusement sur la petite table devant moi. Des bijoux d'une boite dont la serrure n'a tenue guère longtemps. Une montre posée maladroitement. Et du cash, reposant dans un coffre-fort qui m'a donné du fil à retordre. Ils s'équipent mieux, les familles du conseil, certainement à cause de moi. Je ne prends pas les billets, d'habitude, mais il fallait bien combler le trou que ce médicament merdique a creusé dans mon compte en banque. En moins de dix minutes, j'ai finis mon calcul. Rien de bien extraordinaire. Je donnerai la montre à Mad, peut-être. Les autres babioles iront aux sans-abris que j'ai croisé sur le chemin du retour. Je m'amuse dans cette ville. Les habitants énervés, ça m'fait sourire. Trollface. C'est pour ça que j'ai apprécié le tour de Gloria Hartwell. C'était de l'art. Et une autre manière d'emmerder les prétentieux de la ville. Bien sûr, il n'y a pas que les riches qui ont été ciblés mais juste savoir qu'ils en ont pris pour leur grade, ça me suffit. J'aimerai voir leur tête, demain, à la fête. Mais l'occasion est trop bonne pour laisser les maisons vidées de leurs occupants me passer sous le nez. Je compte bien frapper un grand coup. D'ailleurs, si j'en parle à cet idiot de zombie, il voudra très certainement venir. Mais je préfère voir sa tête de gamin triste quand je lui annonce que j'ai frappé sans lui. Sur cette vision plus que plaisante, je me lève doucement, ôte ma veste en la déposant non loin de la marque laissée par mon fessier sur le divan et arrache le bonnet noir de ma tête - vous allez dire que je porte trop de noir, mais c'est plutôt efficace quand on cambriole les maisons, la nuit. En facteur, je m'habille plus...normalement. - et une fois à la cuisine, je sors un bol, estampillé Bob l'éponge. Bob l'éponge. Ça ne me choque même plus. Paquet de céréales achetées par mes soins dans ma paluche - le post-it jaune fluo collé dessus avec « j'ai dépensé de l'argent pour cette merde, connard, alors bouffe ! » rédigé de ma main l'atteste, je suis d'ailleurs surpris qu'il ne l'ait pas enlevé - je verse le contenu, ne cherchant même plus à réfléchir à mon geste. J'arrive même à serrer les dents en remarquant que le paquet est étrangement plein et que les placards ne sont pas vides. Putain, il mange quoi, merde ?

Je reviens poser le tout à côté de mon butin. C'est une habitude que j'ai, lorsque je viens chez lui. Et je viens souvent. Il m'arrive même de dormir sur le canapé. Je fuis ma maison. Ma belle maison sortie d'un magazine de décoration d'intérieur. Je sais pertinemment pourquoi j'erre dans son salon plutôt que dans le mien. J'ai peur des fantômes. J'ai peur de sa présence qui ne me quitte pas. Elle n'est plus là mais elle reste tout de même à mes côtés, ma femme. Chez Maddox, je suis sûr de ne pas ressentir sa silhouette qui me hante. Elle est gommée par son aura morbide. Par son sourire de gosse trop gâté. J'ai presqu'honte d'avoir volé cette chose, en plus du reste. Chose qui reste cachée dans mon sac. Main sur le front, doigts qui descendent sur mes paupières fatiguées, sur mes cernes marquées. La nuit blanche se fait ressentir. Et je dois être à la poste dans quelques heures. Ce n'est pas facile de mener une double vie. Surtout ce genre de double vie.

Si seulement Maddox était un adulte normal. Peut-être que je serai moins fatigué. Il m'épuise, le gosse. J'ai l'impression de m'occuper d'un adolescent attardé, la plupart du temps. Mais en réalité, le plus idiot des deux, c'est moi. Parce que je suis là. Assis sur SON canapé. Je viens de lui remplir SON bol de chocapics. Céréales que j'ai payé. Et je me plains. Fack da logick. Je laisse mon dos s'échouer contre le dossier de son canapé. C'est même moins confortable que chez moi. Merde. « Tes cheveux ont l'air trop doux, ça colle pas. Sérieux, c'est louche. » Je lève le menton, cassant mon cou et faisant tomber mes sois-disant cheveux soyeux dans le vide. Derrière moi, le mort vient de sortir de son sommeil éternel. Bizarre qu'il se réveille aussi tôt. Il n'est pas rare que nous ne nous croisions même pas, puisque je rentre - squatte, dans l'illégalité la plus totale, de préférence - très tôt, alors qu'il dort encore. Je me repose une heure et je repars, laissant derrière moi une trace de mon passage. Mon visage est totalement impassible alors que la vue qu'il m'offre n'est pas anodine pour le commun des mortels. Pour moi ? Ce type est constamment à poil. Et très sincèrement, voir son Johnny à l'air ne m'arrache même plus un brin de surprise, ce qui devrait commencer à m'inquiéter sérieusement. Je deviens trop habitué à ça. La seule chose non tatouée de son foutu corps. Youpi. « Que veux-tu ? Un gentleman a toujours besoin d'avoir une chevelure soyeuse à toute épreuve. » Je passe mes doigts dans ma tignasse blonde, comme dans les pubs. Sourire qui se transforme rapidement en un rictus narquois. « Tu veux que je te prête mon shampoing pour essayer ? Ah mais attends... » T'es chauve, zombie boy. Je repositionne ma tête à l'endroit.

J'attends quelques secondes, dans le silence, le temps qu'il observe mon butin et arrive à la conclusion la plus logique. « Eh, mais.. Tu m'avais pas dit que t'avais prévu un coup hier. Espèce d'enfoiré. » Je ferme mes paupières, amusé, les bras croisés. J'aurai parié cent dollars sur cette réaction puérile. Depuis quelques temps, il est mon chauffeur. Mais le coup d'hier soir ne nécessitait pas sa présence et je n'ai pas eu la force de lui expliquer en quoi. Je l'ai donc mis de côté, délibérément. « Désolé, j'ai oublié de te prévenir. » Je n'essaye même pas de mentir correctement. « Mais t'as pas manqué grand chose... tu sais... » Je le regarde venir s'asseoir à mes côtés, continuant de sourire. Ce mec est tellement drôle. Mine boudeuse enclenchée, il essaye de me faire culpabiliser. Attitude qui m'épuisait et m'énervait au début, maintenant, je ne cesse de vouloir le mettre dans cet état. J'aime attiser son emmerdement profond. Je secoue la tête, levant les yeux au ciel, lorsqu'il recouvre ses parties à l'aide d'un coussin. « Oh, Madou est vexé ? Qui dois-je remercier pour cette punition divine ? » dis-je avec une voix d'enfant d'église n'ayant pas encore eut un tête-à-tête avec le curé. Je suis si triste de plus pouvoir te mater la queue, olalalala. C'est ça que ma moue faussement mélancolique traduit avec une certaine réussite.

« T'es allé chez qui ? Parce que, vu le.. » Immédiatement après ce fail dans sa minute « j'te boude, nah » il allume la télévision et zappe jusqu'à ces dessins animés qui me saoulent à un point inimaginable. Je le laisse rire. Je l'observe même. Et dire que ce grand crétin - qui reste un nain à côté de moi - est la chose qui me sert d'ami, à présent. Non mais regardez-le se tordre de rire devant un gag vu et revu qui ne me fait plus rire depuis mes dix ans. Je le regarde. Je me moque. Je le maudis. Mais je finis par poser mon coude sur l'accoudoir du canapé, ma joue rejoignant mon poing, le sourire aux lèvres. Scène typiquement typique de notre quotidien. L'épisode se termine, en moins de dix minutes et j'estime qu'il a boudé suffisamment. Oui, c'est moi qui décide beaucoup de choses avec cette énergumène. Je casse ma position peinarde et chope le bol pour le foutre sans délicatesse sur le coussin qui le protège de mon geste sans retenu qui se serait avéré plutôt douloureux sans la présence dudit coussin. « Tiens, mange. Et arrête de faire la tête. Je suis allé chez des gens pas loin d'ici, c'est pour ça que j'avais pas besoin de ta présence. »

Comme d'habitude, je me sens tout de même obligé de m'expliquer. Je soupire. Je regarde mon sac à dos et mon manteau successivement. Quel truc lui donner en premier ? On va commencer par la chose dont j'ai le plus honte. Autant arracher le pansement d'un coup, n'est-ce pas. Je me penche pour farfouiller dans mon sac à dos. « J'savais que tu bouderai alors... » Quelques secondes après, je pose lourdement une figurine d'un héros de comics connu, sur la table basse. « Tadam ! » Je présente la statuette comme un magicien qui vient de sortir le lapin de son chapeau. « Bon, j'm'y connais pas dans ces trucs-là, mais elle semblait valoir quelque chose. » Pour toi. Je me sens terriblement con. Parce qu'en plus, je suis allé dans la chambre du gamin d'une quinzaine d'année pour voler ça. C'est pas très cool, même pour quelqu'un comme moi. Et je retourne mourir au fond du canapé, le visage qui ne reflète pas ma honte intérieure. Je me sens très adulte en cette matinée. Ahem.


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S. Maddox Traigger
S. Maddox Traigger

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MessageSujet: Re: it's just medicine ☇ (madgvar)   it's just medicine ☇ (madgvar) EmptyMer 1 Mai - 22:52

it's just medicine
Le mec le plus énervant au monde. Chez lui. Dans son salon. Confortablement installé sur son canapé. Pourquoi est-ce que ça semblait si familier ? Putain, c'était censé l'énerver. Ouais, ou pas, hein. Il ne s'énervait jamais – ou presque. Mais quel genre de personne accepte de faire office de chauffeur à un facteur cambrioleur ? Quel genre de personne se résigne à accepter que ledit facteur entre par effraction et fasse comme chez lui à longueur de temps ? Quel genre de personne accepte de supporter ses sarcasmes et sa pseudo autorité ? Mad. Putain, il savait pas quel genre de personne il était, dans ce cas. Et pourtant, tout ça, ça le gênait pas. C'était son quotidien, sa vie. Sa normalité à lui. Normalité. Ça non plus, il savait pas ce que c'était. En vérité, il ne savait pas grand chose et ne cherchait pas à y remédier. Il savait se contenter de ce qu'il avait. Et pour l'instant, ce qu'il avait, c'était juste un enfoiré dans son salon. Avec tout un tas de merdes hors de prix, dont il se fichait éperdument. Et un bol de céréales. C'est con à dire, mais ça résumait plutôt bien sa vie, en fait. Et chaque jour, il se demandait à quel moment c'était devenu ça. A quel moment c'était devenu une putain de routine. Quel genre de personne a pour routine de conduire un voleur, assister à son triage de butin, et le forcer à acheter des céréales ? Un fou. Un idiot. Du pareil au même. Le fait que ça lui convienne aurait peut-être du l'inquiéter, au début. Et pourtant, il s'était jamais posé trop de questions. Il suivait son instinct sans réfléchir, se laissant porter sans forcer la main à qui que ce soit, et surtout pas à lui-même. Et voilà où ça le menait. A se tenir debout, à poil, dans son propre salon, face à un pillard dont la chevelure pouvait faire pâlir de jalousie les plus grandes égéries de L'Oréal. « Que veux-tu ? Un gentleman a toujours besoin d'avoir une chevelure soyeuse à toute épreuve. » Un ricanement particulièrement glamour lui échappa alors qu'Ingvar faisait une démonstration de ses talents de poupée tête-à-coiffer. Poupée déjà bien amochée par la vie. « Tu veux que je te prête mon shampoing pour essayer ? Ah mais attends... » Conservant un sourire en coin, Mad lui offrit son majeur en guise de rire à cette blague foireuse. « J't'emmerde, barbie. »

Scène typique de leur duo, à vrai dire. Et ça aurait pu continuer sur cette lancée, si cette terrible réalisation ne s'était pas offerte aux yeux du tatoué. Ingvar, parti faire un casse, sans lui. Certes, c'était pas la première fois, et certainement pas la dernière. Mais merde, avoir le trésor sous les yeux, ça l'énervait plus qu'autre chose puisqu'il voyait ce qu'il avait loupé. Et pendant que cet enfoiré s'amusait à faire le magicien avec les serrures des pauvres desperate housewives, Maddox était resté chez lui à s'emmerder profondément, terminant son paquet de clopes en s'abrutissant devant des émissions débiles et en jouant à des jeux vidéos. Espèce de connard. L'air visiblement amusé d'Ingvar ne faisait qu'accentuer la moue mécontente qui s'épanouissait sur le visage du zombie. Espèce de connard. « Désolé, j'ai oublié de te prévenir. » Alors que Mad venait de s'asseoir – ou plutôt, s'avachir – sur le canapé, c'était tout ce que le suédois trouvait à dire. Seriously. Même sans être un expert de la manipulation et tout le bordel, tout le monde serait capable de voir qu'il mentait effrontément. « Mais t'as pas manqué grand chose... tu sais... » Et il le faisait exprès. Bordel. Ce motherfucker le faisait exprès. Racontant de la merde délibérément, avec son sourire Colgate à la con. « T'es vraiment un connard. T'sais quoi, la prochaine fois qu't'auras besoin d'moi, j'oublierais de te prévenir que j'suis d'jà occupé avec un plan cul, et tu manqueras de grandes choses. Genre ma présence. » Vexé ? Non, pas du tout. Si peu. D'autant plus que ce qu'il disait, ce n'était que des paroles en l'air. Ils savaient aussi bien l'un que l'autre qu'au final, Mad rappliquerait dès qu'Ingvar l'appellerait. C'était pas du tout équitable, comme relation. Fuck this shit.

Certes, le coup du coussin, c'était tout sauf subtil ou mature. Mais Maddox n'avait jamais prétendu l'être, donc ça tombait bien. « Oh, Madou est vexé ? Qui dois-je remercier pour cette punition divine ? » Madou. Madou. Il allait lui foutre la tête dans le bol de céréales. Ce type était un provocateur né. Et Mad était assez stupide pour prendre la mouche à chaque fois. Le pire, c'était que ça l'amusait, ce fucking suédois. Les yeux plissés en deux fentes vexées, Mad empoigna le coussin et le fourra dans la figure d'Ingvar. Du côté qui avait touché ses parties, of course. Sinon, c'était pas drôle. « Tiens, tu peux remercier qui tu veux pour le privilège de ce divin contact indirect. » Effet miroir, Mad lui renvoya le même sourire narquois qu'il avait arboré quelques instants plus tôt. Puis il remit le coussin en place, comme si de rien était. Un vrai gosse. Ça devait être fatigant, pour un adulte responsable. Ingvar n'était pas responsable. Il voulait le croire et le faire croire, mais il ne l'était pas. Alors même si Mad lui tapait parfois sur les nerfs, il ne serait jamais assez fatigué pour se barrer. C'était ce que Maddox se répétait quand il avait l'un de ces pics d'angoisse à l'idée de crever seul. C'était pourtant ce qu'il s'efforçait de faire, ne pas avoir d'entourage. Mais avec Ingvar, il arrivait à rien. Aussi responsables l'un que l'autre, ouais.

Bon point, le terrible cambrioleur l'avait laissé regarder ses dessins animés en paix. Mater le coyote courir inlassablement après Beep-Beep, ça ne manquait jamais de le faire rire. Jamais. Tellement qu'il en devenait absorbé par son petit écran, faisant abstraction du reste. De sa bouderie, son coussin, son bol, le butin. Sa maladie, presque. Et même Ingvar. Mais jamais vraiment. Il était dans sa bulle de gosse, régressant à un âge comportant un seul chiffre, se foutant du reste. Seulement dix petites minutes. Seulement le temps d'un épisode. Le temps d'une série de rires francs et honnêtes, le temps d'une innocence à demi-retrouvée. Depuis le temps, Ingvar avait compris à quel point le tatoué avait besoin de ces minutes de rêveries. Mad savait combien ça l'agaçait, tous ces gags has-been, mais Ingvar le laissait faire. Comme un accord tacite entre eux. Une fois le générique retentissant, Maddox sentit son camarade changer de position et posa automatiquement son regard sur lui. Juste à temps pour le voir étendre le bras, saisir le bol, et le planter sur le coussin tout-puissant. Avec une délicatesse digne de la plus grande Lady. Lady Ingvar, cessez donc vos enfantillages. S'il l'appelait comme ça, il ferait quoi ? « Tiens, mange. » Oui, sauf que non. Il n'avait pas faim, et avait l'impression que s'il ingurgitait quoi que ce soit, son estomac se ferait un plaisir de le rendre quelques instants plus tard. Contemplant son bol un moment, Maddox soupira avant de faire une esquisse de courbette en la direction du chevelu. « Mais bien sûr, Lady Ingvar. » Ah bah tiens, c'était l'occasion d'avoir la réponse à sa question précédente. Mais il ne mangerait pas. Il ne pouvait pas. « Et arrête de faire la tête. » « J'fais pas la tête. » Réplique prononcée immédiatement, alors qu'ils savaient tous les deux que c'était faux. Oh well. « Je suis allé chez des gens pas loin d'ici, c'est pour ça que j'avais pas besoin de ta présence. » Pas besoin de ta présence. Fuck you. Même si c'était à côté, Mad aurait toujours pu servir à quelque chose. Comme faire le guet. Ou porter le sac. Assommer les résidents s'ils se réveillaient ? Ouais, non. Fallait se rendre à l'évidence, il pouvait être si maladroit qu'il aurait tout fait foirer. Mais quand bien même. « C'pas une raison. » Ah, les enfants.

Continuant d'observer le suédois, Maddox le vit lancer des regards on ne sait trop où, et sa confusion se traduisit dans un froncement de sourcils. Quoi, il avait planqué un chiot dans son sac ? Ça serait bien, un chiot. C'était mignon. Il voyait pas Ingvar avec un chiot. Ça demandait du temps et de la patience ; fallait le sortir, l'amuser, le nourrir, supporter ses frasques, et.. Il venait juste de définir la vision qu'Ingvar avait probablement de lui, pas vrai ? Merde. Il était le putain de chiot d'Ingvar. Woah. Il savait pas trop comment le prendre, pour le coup. Puis, franchement. S'auto-comparer à un chiot. Non mais il avait le chic pour se trouver des points communs avec des trucs assez peu avantageux. Comme la fois où il s'était mentalement comparé à des céréales renversées par terre. Mad, you're better than this. Soupir. Le plus fatigant, c'était pas de s'occuper de lui comme Ingvar le faisait, c'était d'être dans sa tête. « J'savais que tu bouderai alors... » Sourcils toujours froncés, il observait le voleur farfouiller dans son sac. What. « T'as pas vraiment ramené un chiot, quand même ? » A force de lier ses paroles à ses raisonnements intérieurs que lui seul pouvait suivre et comprendre, les gens allaient finir par le prendre pour un illuminé. Ah, bah c'était déjà le cas, en fait. Toujours est-il que le suspens était en train de le rendre dingue. Y avait plein de trucs qu'on pouvait mettre dans un sac. Un gâteau d'anniversaire. Une bestiole. Une couronne. Une robe de mariée. Une bombe. Des kilos de tabac. Un sextoy. Un bouquet de fleurs. Une tête. Une console de jeux vidéos. Une tente. Il lui restait plus qu'à trouver la bonne option, en fait. L'idée de voir Ingvar en robe de mariée le faisait marrer. « Tadam ! » Baissant le regard sur la table, il observa l'offrande. Silence immobile. Jubilation intérieure. C'était mieux que toute la liste de trucs débiles qu'il avait mentalement faite. « Bon, j'm'y connais pas dans ces trucs-là, mais elle semblait valoir quelque chose. » Quelque chose ? Elle valait plus que quelque chose, putain.

Soudain, explosion. Mad posa le bol au sol, manquant de le renverser au passage, et il se précipita en avant pour attraper la figurine avec autant de délicatesse que s'il s'agissait d'un nouveau-né. Regard émerveillé, il en scannait les moindres détails, se disant que c'était le plus beau jour de sa vie. Fanboy. « Putain mais Ingvar, tu sais ce que c'est ? » Lui lançant un regard, il en déduisit que non, avant de retourner à sa contemplation. « C'est une figurine collector d'Iron Man, qui était disponible qu'en édition limitée. Ça s'est écoulé en moins d'une journée. » Reposant doucement le trésor sur la table, Maddox continua de l'observer, en extase. « Ce truc vaut des centaines de dollars, peut-être même plus. » Bon, ça, il s'en foutait un peu là. Mais cette figurine, il avait rêvé de l'avoir mais n'avait jamais eu les moyens de se la payer. Lui qui amassait tous les trucs de ce genre – y avait qu'à regarder ses étagères – c'était juste l'apogée de sa collection. D'autant plus qu'Iron Man était l'un de ses favoris. Sans même le savoir, Ingvar venait de lui offrir quelque chose d'inestimable. Du moins au yeux du tatoué. Et toute sa pseudo bouderie était oubliée, envolée très haut dans le ciel, à des années lumières de son salon. Un sourire de gosse était plaqué sur ses lèvres depuis de longues minutes, et il était pas prêt de le quitter. Maddox pourrait même épouser Ingvar tellement il était heureux de cette trouvaille. « Putain c'est l'plus beau jour d'ma vie. » Non, il ne faisait jamais dans l'excès ; voyons, c'était pas son genre. Se tournant vers son nouveau héros, il lui colla un bisou sur la joue en guise de remerciement. Ingvar allait probablement pas aimer. Mais rien à foutre, il était trop content pour y réfléchir, d'autant plus que c'était un geste naturel pour quelqu'un de tactile comme lui. Sans plus attendre, il se leva, faisant tomber le coussin au sol, et prit la figurine avant de se diriger vers son étagère aux milles trésors. Bon. Y avait pas trop de place. Déplaçant le Joker et Captain America à l'étage du dessous, il décala leurs copains pour faire une place de choix, au beau milieu de la collection. Et là, il déposa le Saint Graal avant de reculer de quelques pas pour admirer le tout, toujours un gigantesque sourire aux lèvres. « C'est beau, hein ? » Pas sûr qu'Ingvar saisisse son enthousiasme, mais tant pis. Lui, il se sentait comme un gosse le matin du vingt-cinq décembre. Et au final, c'était vraiment ça. Ingvar était son père Noël personnel.



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Dernière édition par S. Maddox Traigger le Sam 1 Juin - 22:22, édité 1 fois
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Ingvar U. Hülsbeck
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MessageSujet: Re: it's just medicine ☇ (madgvar)   it's just medicine ☇ (madgvar) EmptyJeu 2 Mai - 2:20

it's just medicine
Je me plais à m'imaginer en marionnettiste, avec lui. Je tire sur quelques fils et il se met à agir exactement comme je l'entends. Mon brave Maddox. Mon pantin mort-vivant désabusé, désarticulé, désarmé. Lorsque je me suis assis sur ce canapé, en cette matinée, j'avoue ne pas avoir prévu son levé et sa présence derrière moi, en ce moment même. Sa voix endormie, sa bouche qui s'ouvre pour dire des choses que seul lui peut réellement comprendre. Qui diable peut entamer une conversation en parlant de la tignasse de son futur interlocuteur ? Maddox. Généralement, pour ma part, je lui demande s'il s'est enfin fait tatouer la dernière partie - qui fait de son corps une sorte d’œuvre inachevée - pour entamer notre échange verbal. I'm just curious. Maddox, c'est une peinture tronquée. Sans signature. Sans racine. Ce mec est tellement à l'ouest dans sa vie qu'à chaque fois que je le sais dans la même pièce que moi, j'ai tendance à réfléchir sur ma propre existence. Mes choix, les conséquences, les problèmes. Il est quoi lui, dans tout ça ? Je ne sais pas. Je ne peux pas lui coller une étiquette et le ranger dans une case. J'ai beau passer un temps considérable avec lui, m'amuser à ses dépends, je ne sais toujours pas si nous sommes réellement amis. En réalité, je ne pensais pas pouvoir avoir une telle relation après la disparition de Liara. J'ai coupé les liens qui me reliaient aux autres délibérément. Et voilà ce grand idiot, aussi crayonné qu'un cahier à dessin pour gamine de six ans, sous acide toujours, qui débarque en enfonçant la porte de l'amitié à coup de conneries télévisuelles, références incompréhensibles pour un quarantenaire et de sourire qui ferait pâlir de jalousie le gamin sur les boîtes de Kinder. Pendant que je remue mes douces mèches blondes, je l'entends émettre un petit rire en m'observant. Blague à deux sesterce envoyée. Je me suis déjà trouvé plus adulte mais en sa compagnie, mon cerveau régresse de quelques années. On pourrait dire qu'il fait office de fontaine de jouvence pour mes neurones mais dans le mauvais sens de la chose. Je le regarde, la tête littéralement à l'envers, le sang me montant rapidement dans la boite crânienne. C'est alors que Jack Skelligton a l'obligeance de m'envoyer un majeur bien placé, accompagné d'un « J't'emmerde, barbie. » craché, juste avant d'entrer en mode boutade intensif. Sourcils froncés. Barbie. Sérieusement ? Really ? La boutade du shampoing n'est pas passée, apparemment. Enfin, c'est exactement la réaction que je voulais. Marionnettiste, je vous dis. Je souris, détachant ma tête du bord du dossier, revenant à mon état normal. « Si je suis Barbie, t'es qui, toi ? » Regard amusé, lèvres étirées au possible. « Ken ? » Être Ken, ça implique d'être une grande folle émasculé par une blondasse sans cervelle. Enfin, si ça lui va. Ken, c'est une sorte d'esclave. On rajoute les tatouages et finalement, le tableau se complète tout seul.

Finalement, il réalise que je ne l'ai pas prévenu pour mon cambriolage de cette nuit. Je tire sur la ficelle de l'agacement, mentant en omettant d'utiliser mes compétences d'acteur. Parce qu'il ne faut pas croire. Je viens de lui mentir sans effort et la réaction du petiot, en rejoignant mon canapé - enfin, son canapé, pardon - ne tarde pas mais je suis bien meilleur menteur. Surtout avec lui. Je suis certain d'arriver à lui faire croire qu'une nuit où je vais faire un casse sans lui, encore une fois, que je ne l'ai pas prévenu car des aliens m'ont kidnappé, ont fait des expériences sur moi. Mais qu'ont ait eu une petite discussion autour d'une boisson suédoise et que finalement, comme les martiens sont gentils, ils m'ont déposés chez lui, avec un petit butin pour me remercier d'avoir échangé des informations sur la planète. Et tout ça, sans effort. Je parle, il gobe, bien souvent. C'est peut-être l'âge de son cerveau qui en est la cause mais ça me fatigue jamais de le voir croire. Un peu sadique ? Je le taquine, c'est tout. « T'es vraiment un connard. » Bras croisés, sourire enclenché, je lui offre mon profil comme seul défouloir. « Peut-être, mais un beau connard. C'est déjà ça, non ? » Il me laisse à peine le temps de sortir ma réplique arrogante qu'il continue sur sa lancée. « T'sais quoi, la prochaine fois qu't'auras besoin d'moi, j'oublierais de te prévenir que j'suis d'jà occupé avec un plan cul, et tu manqueras de grandes choses. Genre ma présence. » Je tourne la tête. J'admets avoir eu une légère secousse sismique au niveau de ma caboche lorsque les mots « plan » et « cul » sortirent de sa bouche, elle aussi, entourée de tatouages. Sans même savoir pourquoi. Une réaction chimique envoyé par mon bulbe rachidien, ou j'sais pas quoi. Peut-être que j'ai du mal à l'imaginer avec une fille. Ou même un homme. Enfin. Je m'en fous de ses préférences. Mais, je me demande quelle genre de personne peut décider d'avoir une relation charnelle avec un être comme ça. Je ne le juge pas. Je ne le jugerai jamais. Chacun à sa définition de la beauté. Et finalement, je suis certain que des personnes doivent aimer son côté cadavérique. Il est pas si moche, de toute manière. Merde, il ne me manquerait plus qu'une tiare de princesse et je pourrai devenir sa majesté queen of the queer. Chut, Ingvar. Je lève le sourcil après sa vaine tentative de culpabilisation. Yeah, bitch, cause toujours. « Mais bien sûr, mon petit zombie. » Mon ton affectif arrive presque à dissimuler mon sarcasme grand comme ma...maison. Maddox ne peut pas se passer de moi. De l'adrénaline des soirées où l'on réalise nos méfaits. C'est comme une drogue. Je le sais, je suis accro.

Je me délecte de sa réaction comme un petit gros apprécie sa glace à l'italienne fraichement sortie du vendeur ambulant dans son quartier. Sauf que j'évite de le lécher, lui. Ça pourrait prêter à confusion. Il décide enfin à cacher ses parties. Je ne cache pas mon soulagement et lui donner un jolie petit surnom, en prime. Vexé, il soulève le coussin sauveur qui se transforme en coussin de terreur et le plante sur mon visage, du côté qui eut l'honneur d'entretenir une brève liaison avec son johnny. Oh, douce senteur de johnny pas frais, au réveil. « Tiens, tu peux remercier qui tu veux pour le privilège de ce divin contact indirect. » Lorsqu'il met fin à mon supplice, qui dura au moins dix secondes - dix secondes largement suffisantes pour voir ma vie défiler sous mes yeux - pendant quelques instants, je n'ai aucune réaction, à part mon visage crispé, froissé au possible. Grimace de dégout. Figé, comme si on venait de me transformer en pierre. Mon œil gauche capte tout de même son putain de sourire puis la pierre se casse. « BWARGH. PUTAIN. MADDOX. MERDE. » crie-je d'un seul coup, essuyant mon visage avec mes mains puis avec le bonnet de bandit que j'attrape plus vite que Sonic lui-même. J'enfonce mon visage dans le tissu en laine noir et je frotte, comme si je voulais arracher ma peau. Je n'arrête de pousser des petits « putain, putain, putain » en frottant, ne pouvant pas les garder à l'intérieur de mon crâne. Ce mec est dégueulasse. Merde. Je m'arrête un instant, réalisant que je ne sais pas où son baton démoniaque a trainé et je réitère un « Bwargh. » qui sort du fin fond de mon cœur. Je ne suis pas élégant, là. Je réagis comme tout homme sain d'esprit réagirait à ma place. Je devrai certainement lui foutre mon poing dans la gueule, en homme viril. Mais l'imbécile a déjà changer de sujet en allumant la télé. C'est trop tard. J'aurai du être plus rapide. Si je le frappe maintenant, il ne comprendra pas. C'est comme un chien, il faut le réprimander rapidement pour qu'il comprenne sa faute. Je finis mon lavement facial, tirant une tronche qui traduit mon agacement pour son comportement d'ado attardé. Et je finis par baisser les bras devant son rire et son émerveillement face à Beep-Beep.

C'est toujours comme ça. Je crois être le plus fort de nous deux, celui qui a le plus d'influence sur l'autre. Mais en réalité, je cède toujours à ses caprices, même si d’apparence, je gagne souvent contre Maddox. Je suis certain qu'il ne se rend pas compte que je me calme pour le laisser apprécier son stupide dessin-animé. Que je souris en le voyant rire. Que je veille sur lui, lui qui remue dans tous les sens, se tenant les côtes tant l'hilarité le gagne. Comme un protecteur, je décide d'effacer son geste de ma mémoire. De toute manière, je pense que pour ma santé mentale, il faut que j'oublie le contact indirect que ma face vient d'avoir avec ses parties. Je passe une mèche de cheveux dorée derrière mon oreille. C'est sûr qu'après la minute passée mouvementée, ma coiffure doit être aussi soignée que la fourrure d'un caniche royal.

Épisode terminé, je l'invite à manger le bol que je lui ai préparé, avec ma gentillesse légendaire. Je reconnais cette expression qui apparait sur son visage au moment même où il pose son regard sur les céréales. « Mais bien sûr, Lady Ingvar. » Toujours une pirouette humoristique pour cacher le vrai problème. Je sais qu'il a des troubles digestifs. Je sais qu'il a une maladie. Mais je m'interdis d'y penser, en réalité. J'ai peur de le traiter différemment inconsciemment et s'il y a bien une chose dont je suis certain à propos de Maddox, c'est qu'il n'aime pas provoquer la pitié chez les autres. Je le traite juste comme un gamin de dix ans. Ce qu'il est. « Tu dis oui, mais je ne te vois pas entrain de mâcher des chocapics, là. Ou alors, tu es trop rapide pour que je puisse le voir ? Serais-tu un Super-zombie ? » Je le regarde comme une mère fixe son enfant qui ne veut pas manger ses brocolis. Tu vas bouffer, moi j'te le dis. Et ça craint comme nom de superhéros, d'ailleurs. J'y connais rien en héros mais je m'y connais en élégance. Toujours en mode matriarche je lui demande d'arrêter de bouder. « J'fais pas la tête. » Non, ce n'est pas mon fils. Et pourtant, on dirait une scène banale dans une famille. « Si, tu fais la tête. Donc arrête. » Je ne lâche pas prise. J'ai l'impression d'éduquer mon enfant, sérieusement. Je m'explique. Je lui explique, clairement et calmement. Je suis un adulte, je reconnais mes fautes. Tu parles d'une faute. Mais il faut bien qu'un de nous deux agisse avec sagesse. « C'pas une raison. » J'inspire profondément, levant les épaules en même temps et je relâche la bouffée d'air et mes bras.

Je me rends compte que la discussion ne nous mènera nulle part. Alors, comme tout parent en manque d'argument et de patience, je décide de l'acheter en lui offrant quelque chose qui saura le faire oublier son petit caprice. Je fouille dans mon sac et je sens que j'ai piqué son intérêt à vif. « T'as pas vraiment ramené un chiot, quand même ? » Je finis par mettre la main sur la figurine, au fond, accompagné d'un petit rire suite à sa question. « Non, je me suis dit que la bestiole ne tiendrait pas longtemps avec un régime à base de bonbecs et de soda. C'est quelque chose de moins vivant. » Et je sors la statuette de Iron machin-truc, dans une mise en scène digne d'un spectacle de magie. Pendant quelques secondes, je le regarde, figé, puis la figurine, aussi figée que le zombie et je me demande si c'est une réaction positive ou négative. Pourtant, vu la dégaine de ses étagères, remplie de trucs dans ce genre, je me suis dit, en voyant le figurine dans la chambre du gosse où je m'étais aventuré par pur hasard - ok, je suis allé exprès dans la chambre de l'adolescent, histoire de récupérer un truc pour le zombie mais il n'a pas besoin de le savoir, ça. - que ça allait lui plaire.

Je viens de comprendre, au moment où il pose le bol à terre, en le voyant remuer comme une anguille que son absence totale de réaction était en réalité une phase très importante ; la réalisation. Je le regarde mettre la main sur son trésor avec un sourire amusé et rassuré - au fond - et l'observer sous tous les angles, tournant et retournant l'objet pour mieux apprécier les détails de l’œuvre. Je pense qu'il aime. No shit, Sherlock. Je pose mon coude sur ma cuisse et appuie mon menton sur mon poing - décidément, j'aime bien cette position - « Putain mais Ingvar, tu sais ce que c'est ? » Je ris légèrement, étonné d'une telle réaction, tout de même. « J'ai une idée mais je pense que tu vas me le dire, de toute façon, non ? » Petit con d'enfant émerveillé, va. « C'est une figurine collector d'Iron Man, qui était disponible qu'en édition limitée. Ça s'est écoulé en moins d'une journée. » « Oh ? » Mon ton feint l’intérêt parce qu'en toute franchise, je m'en balance un peu de ces conneries, tant que ça lui fait plaisir. Toujours dans ma position du Penseur, je l'écoute, passionné par la figurine. Comme un chercheur d'or qui vient de tomber sur le trésor absolu dans une mine. Il la repose et s'extase devant. « Ce truc vaut des centaines de dollars, peut-être même plus. » Je brise ma position pour redresser ma colonne vertébrale et prendre un visage triomphant. « J'ai toujours le don pour dénicher les perles rares, hein. » Oui, je me lance des fleurs mais d'après sa réaction, je le mérite alors fuck it. I'm da best. Tout ça m'amuse et j'ai l'impression de me prendre un vent d'air frais dans la gueule. Un peu de de gaieté dans cette vie de merde. Une lumière qui transcende le néant. Je crois que rien ne pourrait lui ôter ce sourire peuplant sa face. « Putain c'est l'plus beau jour d'ma vie. » J'en doute pas. Je ne dis rien, me contentant de croiser les bras et me glisser un peu plus au fond du canapé. Not bad Ingvar.

Je savais m'être attiré son adoration passagère mais pas à ce point-là. Voilà qu'il colle ses lèvres sur ma joue. L'impression qu'un squelette vivant vient de me faire la bise me déroute légèrement. Je le sais tactile. Trop tactile. Et surtout avec moi, ces derniers temps. Vas-y que je touche l'épaule, que je te tape le dos et que j'agisse comme un gamin irresponsable, se foutant de mes réactions. Il franchit une nouvelle barrière. Dans la société américaine, c'est plutôt étrange deux hommes qui se font la bise, même si en Europe, c'est tout à fait normal. Alors, avec mon éducation de cul-terreux de Caswell, je le regarde étrangement. Son geste n'a duré qu'une demie-seconde. Lèvres. Joue. Si ce n'est rien, pourquoi j'en fais tout un plat ? Chaos intérieur. Alors qu'il range son jouet et continue d'être en admiration devant, je reste assis sur le canapé. Une main sur chaque cuisses. Embarrassé. What. The. Actual. Fuck. J'ai une réaction de gamine de quatorze ans. C'est qui le plus idiot, hein ?

« C'est beau, hein ? » Je sors de mes pensées en le regardant, à poil, devant son étagère et son sourire sur la gueule. Je souris doucement, sincèrement. « Ouais. » Sans grand enthousiasme, tout de même. Maddox étant devant l'étagère et est donc la chose vers laquelle mes iris céruléennes sont dirigées, mon ouais armé d'un sourire tendre donne une impression étrange. Je me pensais ouvert d'esprit mais si je ne supporte même pas une bise amicale d'un ami, en quoi je suis différent que les autres arriérés de la ville ? Mais merde. C'est vrai que sa réaction est bizarre. T'embrasses pas un autre mec - même sur la joue - quand t'es à poil. Stupide zombie sans cervelle. J'ai envie de me lever et de frapper sur son crâne pour voir si le tatouage de cerveau qu'il a, est là pour combler l'absence de celui qui lui manque à l'intérieur. Je me penche et attrape le coussin maudit avant de lui balancer avec toute ma force, espérant faire mouche. J'imagine que c'est le cas, au moment où l'oreiller lui atterrit sur le visage. « Tu sais qu'être à poil quand t'as un invité, c'est pas poli. » Encore le rôle du moralisateur patriarcale. Et je change de sujet. Je tourne la page.

Je me lève et ramasse le bol par terre. Quatre ou cinq pas plus tard, je suis à ses côtés, du haut de mon mètre quatre-vingt dix; me plaisant à lui rappeler notre différence de taille, avec un sourire et un regard légèrement hautain. « Hé, je sais que t'as pas faim. Je te connais. Mais faut que tu manges, ok ? En échange de la figurine. » Et je lui installe les céréales entre ses griffes sans lui laisser le temps de refuser. Mon rictus disparait. « J'ai pas envie de débarquer un jour ici et de trouver un vrai cadavre. » Je lui tourne le dos, cachant ma mine inquiète que je ne peux retenir. Avant de retourner vers mon butin, je fais un détour par la cuisine, ouvrant le frigidaire, comme chez moi, pour me prendre une canette de coca-cola. De toute manière, ici, y a rien sans sucre. Sans acidité.


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S. Maddox Traigger
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âge : trente-deux ans.
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MessageSujet: Re: it's just medicine ☇ (madgvar)   it's just medicine ☇ (madgvar) EmptyJeu 2 Mai - 22:44

it's just medicine
C'était drôle, au fond. Son réveil avait été brutal, désagréable et douloureux. Pourtant, à la seconde même où ses pieds avaient franchi le seuil du salon, cette souffrance intérieure s'était envolée. Sa peur de la mort exacerbée par le cauchemar, balayée par le viking. Réduite en hachis parmentier. Parce que d'un coup, il n'était plus seul. C'était rare. Qu'Ingvar soit là en même temps que Mad. Oui, il savait parfaitement que ce fourbe se pointait ici à tout bout de champ, même quand lui n'était pas là. Même quand il dormait – la preuve ce matin même. Il le savait, parce qu'Ingvar laissait généralement une trace de son passage. Un post-it, de la bouffe, moins de bordel, peu importe. Y avait toujours quelque chose qui le signalait. Ou peut-être pas, d'ailleurs. S'il venait sans vouloir que Mad le découvre, eh bien il n'aurait aucun souci pour y parvenir. Ça, le tatoué le savait bien. En revanche, ce qu'il ne savait pas, c'était pourquoi. Les raisons qui poussaient Ingvar à agir ainsi, à venir squatter aussi souvent. Après tout, il avait probablement une belle maison. Grande et bien décorée. Élégante et classe, comme lui. Ouais, probablement. Comment pouvait-il le savoir avec certitude puisqu'il ne l'avait jamais vue ? C'était simplement ce qu'il imaginait, au vu des caractéristiques de son ami. Alors pourquoi venir se terrer dans ce trou à rat ? Dans cette antre chaotique, digne d'une cohabitation entre un gosse de sept ans et un ado de seize. Digne de faire hérisser les poils de n'importe quelle ménagère exemplaire, digne de faire une pub avant/après pour des produits de ménage. Qu'est-ce que le suédois venait foutre ici ? Il se le demandait bien, sans jamais poser la question. Il restait encore beaucoup de choses qu'il ignorait d'Ingvar, il en avait la certitude. Une conviction personnelle. A l'inverse, il était plus ou moins un livre ouvert pour son acolyte. A vrai dire, autant qu'il sache, la seule chose majeure qu'Ingvar ignore encore, c'était le fait que Maddox n'était pas son vrai prénom, et qu'il était originaire d'ici. Il le lui avait jamais dit, et ne voyait toujours pas l'intérêt de le faire. Soren avait disparu sous une épaisse couche d'encre, et mieux valait ne pas réveiller les morts, mieux valait ne pas sortir les vieux squelettes du placard. De toute façon, il en serait bientôt à cette étape là. Mais pas au sens métaphorique de la chose.

Pour l'instant, il était juste là, dans son salon, avec ce gigantesque troll, à discuter de sa chevelure ô combien brillante. On allait pas se mentir, Ingvar avait des putain de beaux cheveux, et allez savoir pourquoi, ça faisait beaucoup rire Maddox. Peut-être parce qu'il imaginait Ingvar, dans sa salle de bains, à se faire des shampoings nourrissants et des masques réparateurs – ou peu importe quels noms portaient ces trucs que les filles avaient l'habitude de foutre dans leur tignasse pour qu'elle devienne douce et parfumée. Pour un peu, il aurait envie d'aller toucher et sentir ses foutues mèches pour vérifier si vraiment, elles avaient les mêmes caractéristiques que celles des filles. Sauf que, il savait qu'Ingvar n'était pas aussi tactile que lui, et qu'il réagirait comme une vierge effarouchée. Ouais, au final, ce serait encore plus drôle. Peut-être qu'il essaierait, un jour. En attendant, l'apprenti viking – il avait pas encore massacré son premier village, il était donc encore au stade de bébé – vantait les mérites de son shampoing et sa chevelure, faisant un mouvement similaire à celui qu'on pouvait admirer dans les pubs. Et sa blague foireuse n'était pas drôle. Non, Mad n'avait plus de cheveux depuis longtemps. Fuck you. Pendant plus de la moitié de sa vie, il les avait eu coupés à ras. Depuis qu'il avait fait sa première expérience capillaire en voulant rendre le sourire à sa mère agonisante. Après ça, il les avait gardés aussi courts, pendant des années. Il ne pouvait simplement pas se résoudre à les laisser pousser. Et puis, y avait eu les tattoos. Et bye bye le reste des poils de tête. Alors non, la blague d'Ingvar ne le faisait pas rire. Mais pour une fois, ce n'était pas la faute du scandinave. Après tout, il ne savait rien de tout ça. « Si je suis Barbie, t'es qui, toi ? » Bonne question. C'était qui, la meilleure copine de Barbie ? En avait-elle une, au moins ? Putain, il en savait foutrement rien. « Ken ? » Wait, what. Ken. Censé être le mari de Barbie – ou tout du moins, c'était ce que Maddox avait toujours supposé. Sauf que si on en croyait les studios Pixar, c'était surtout un gay bien cliché, dans toute sa splendeur. Une grande folle. Ce que Mad n'était absolument pas. Enfoiré d'Ingvar. « Non, moi j'suis le gosse qui va te raser la tête et te faire fondre au micro-onde. » Terriblement joyeux et amical, parfaitement. Mais il savait d'expérience que certains enfants préféraient martyriser les Barbies plutôt que de jouer avec – ce qui donnait parfois des psychopathes, plus tard. A choisir, il préférait être serial killer que poupée castrée, merci bien. Puis, si sa victime était Ingvar, y avait plus de doute permis sur son choix.

Parce que cet espèce de motherfucker le méritait, dans le cas actuel. Le pire, c'était qu'il semblait beaucoup s'amuser. Ça devrait pas étonner Mad, c'était toujours comme ça. Ça n'en restait pas moins enrageant. Surtout quand il ne daignait même pas le regarder, préférant fixer le mur d'en face avec un sourire trop blanc pour ne pas être fake. « Peut-être, mais un beau connard. C'est déjà ça, non ? » S'envoyer des fleurs, l'un des passe-temps favoris de ce sale type. A force, Maddox s'y était habitué et ne relevait même plus, tout comme Ingvar l'avait fait avec ses enfantillages à lui. Il était trop parti sur sa lancée pour réagir de toute façon. Puis, qu'est-ce qu'il aurait bien pu dire, hein ? Vu le nombre de ménagères qui se foutaient en tenue de soirée de bon matin quand elles savaient que môssieur Hülsbeck allait leur mener un colis, Mad pouvait pas vraiment remettre en cause son affirmation quant à sa beauté. Ce serait un pur bobard de dire qu'il était moche, et c'était d'ailleurs sacrément emmerdant, pour le coup. Alors ouais, il passa outre et termina sa tirade quant à ses occupations. Là aussi, c'était un mensonge. Moins ridicule, cela dit. Même s'il était occupé à batifoler, il serait prêt à mettre sa recherche de plaisir charnel en pause, le temps d'aller se gonfler d'adrénaline. « Mais bien sûr, mon petit zombie. » Même Ingvar le savait. Ou comment perdre toute crédibilité en vingt secondes, top chrono. A croire qu'il n'en avait aucune face à cet imbécile. Mad, it sucks to be you. Une moue trouva à nouveau sa place sur son visage cadavérique, puisqu'il n'avait aucun argument plausible. Forcément. « Roh, la ferme. » Ouais. Très mature, tout ça. Comme d'habitude, quoi.

C'en était même à se demander si Maddox avait réellement trente-deux ans. Il les faisait clairement pas. Physiquement, c'était logique, il faisait pas d'âge du tout – et ce serait le cas jusqu'à ce que sa peau commence à se friper comme celle d'un bouledogue français. Avec tous ses tatouages, on pouvait pas clairement voir s'il avait dix-neuf, vingt-trois, vingt-sept, ou bien trente ans. C'était pas plus mal. Mais mentalement, c'était bien pire. Un véritable bordel dans cette caboche enfantine. Feu d'artifice macabre. Instabilité psychologique, il n'avait pas d'âge. Enfant, adolescent, adulte et vieillard à la fois. C'était peut-être même trop pour un seul homme. Mais du moment qu'il souriait, c'était que tout allait bien, pas vrai ? Ouais, sauf que non. Le sourire, c'était sa valeur par défaut. Même si l'unité centrale venait à être court-circuitée, ses lèvres seraient toujours étirées pour dévoiler ses dents. Mais pas maintenant. Pas alors qu'Ingvar continuait ses fichus sarcasmes en se payant sa tête. A croire qu'il avait oublié que Mad pouvait rétorquer. Coussin perverti dans ta face, le viking. Sourire Ingvarien sur les lèvres de Maddox. Image paradoxale, contradiction fascinante. Victoire. Le sanguinaire était changé en pierre, et Mad n'avait même pas eu besoin de faire appel à Méduse pour y parvenir. Un simple coussin et le tour était joué. « BWARGH. PUTAIN. MADDOX. MERDE. » Joie de courte durée, finalement. Alors que sa victime s'évertuait à se frotter le visage avec ses mains, le zombie laissa ses épaules se secouer dans un rire silencieux. Jusqu'à ce que le bonnet remplace les mains, et qu'un rire franc s'échappe de sa gorge. Moment de paix dans ses bouderies. Scène certainement digne des cartoons les plus hilarants. « Putain, putain, putain. » Mantra vulgaire qui résonnait, et n'aidait en rien à stopper le rire de Maddox. Il avait réussi son coup. « T'as l'visage tout rouge. Arrête de frotter, tu vas te décaper la peau. » On aurait dit qu'Ingvar venait de passer des heures à frictionner son visage contre la barbe piquante d'un motard. C'était plutôt drôle à voir. « Bwargh. » Lueur malicieuse, éclat victorieux dans le regard du tatoué alors qu'il passait à autre chose, préférant se concentrer sur de vrais dessins animés.

Le bol sur ses genoux, la superbe délicatesse légendaire d'Ingvar qui montrait qu'il ne le laisserait pas se désister, et son estomac qui menaçait de se dissoudre pour lui ressortir par les narines. Cruel dilemme. La solution la plus facile, la carte de l'humour. C'était soit ça, soit admettre à voix haute que la maladie continuait de le ronger de l'intérieur. Et ça, ce n'était juste pas une option envisageable. Pas besoin de le dire pour qu'ils en soient tous deux conscients, ça ne faisait pas de doute. Comment l'oublier alors que les entrailles de Mad se décomposaient à petit feu ? « Tu dis oui, mais je ne te vois pas entrain de mâcher des chocapics, là. Ou alors, tu es trop rapide pour que je puisse le voir ? Serais-tu un Super-zombie ? » Il avait l'impression d'être un gosse qui se fait réprimander par ses parents parce qu'il refuse de manger un plat ignoble – comprendre : fait à base de légumes et autres bidules naturels et bons pour la santé. Autant continuer sur sa lancée pseudo humoristique en contournant le sujet, le cœur du problème, le siège même de la malédiction qui coulait dans ses veines. « Super-zombie ? T'as pas trouvé mieux ? Tu m'déçois, Ulrik. » Oui. Ulrik. Ou le deuxième prénom d'Ingvar. Quand Mad l'avait découvert, il s'était mis à l'appeler comme ça, parfois. Il saurait pas trop dire pourquoi, mais au début, ça semblait agacer l'intéressé. Comme presque tout ce que Maddox faisait, d'ailleurs. Alors c'était certainement pas ça qui allait le stopper. Il avait continué. Et à force, la partie adverse avait cessé ses remontrances et protestations. Tant mieux. « J'suis un ninja, pour ça que tu vois pas tout ce que j'fais. Comme ça. » D'un geste rapide – ou pas – Maddox attrapa un cheveu d'Ingvar et tira dessus pour l'ôter de sa tête. Parfois, c'était à se demander ce qui tournait pas rond chez lui. Qui faisait des trucs pareils dans la vraie vie, hein ? Bah, lui. Mais fallait bien qu'il démontre sa théorie foireuse. « Tu vois, t'as rien vu, rien senti, et j'ai prélevé ton ADN. Maintenant, j'vais le vendre sur eBay en disant que c'est un poil de Chewbacca. » Parfois, il se fatiguait lui-même. Comme là, maintenant, tout de suite. Arrête tes conneries. Chaque jour, il s'étonnait un peu plus de voir qu'Ingvar continuait de venir et supporter ses conneries. Le suédois n'était pas juste sadique, il était surtout masochiste.

Débat sur l'état actuel de Mad. Était-il en train de bouder, oui ou non ? La réponse était plus qu'évidente, mais il continuait de nier les faits. Ouais, vraiment comme les gosses. « Si, tu fais la tête. Donc arrête. » Long soupir, à la manière qu'ont les adolescents de montrer leur mécontentement quand leurs parents leur demandent de ranger leur chambre. A les voir comme ça, on croirait pas qu'ils étaient deux acolytes, ayant respectivement trente-huit et trente-deux ans. Ils avaient plutôt l'air de deux copains de classe qui se chamaillaient pour une sombre histoire de cartes pokémon. Ou même d'un vieux couple. Mad était pas sûr, il était censé rire ou pleurer, du coup ? Ni l'un, ni l'autre. Il se contentait de regarder son squatteur favori – non pas qu'il en ait des masses non plus, en fait – en silence. Et ses protestations semblaient l'agacer puisqu'Ingvar se contenta de lâcher un profond soupir, un peu comme Maddox l'avait fait quelques instants plus tôt. Et comme pour faire oublier tout ça, Ingvar se mit à jouer au père Noël. Et bien évidemment, ça marchait. Ces trucs là marchaient toujours avec Mad. Toujours. Et ça, le voleur le savait bien, ça ne faisait aucun doute. Soudain questionnement sur la possibilité qu'il sorte un chiot de sa hotte. « Non, je me suis dit que la bestiole ne tiendrait pas longtemps avec un régime à base de bonbecs et de soda. C'est quelque chose de moins vivant. » Ah. Ouais, bon, argument imbattable. Le zombie savait déjà pas s'occuper de lui-même, alors d'un autre être vivant.. Ce serait un acte terroriste. Puis au final, le trésor était bien plus précieux que tout ce que Mad aurait pu imaginer. Sur ce coup là, Ingvar avait tapé dans le mille. Vraiment. De quoi faire oublier tous les pseudos caprices auxquels Maddox s'était adonné ce matin. De quoi le faire hyper-ventiler et se retrouver avec une putain de constellation dans le regard. Automatiquement, il posa la question cruciale. Non, Ingvar ne devait pas réaliser la perle qu'il venait de dénicher. « J'ai une idée mais je pense que tu vas me le dire, de toute façon, non ? » Tellement occupé à détailler la perfection de cette nouvelle figurine, Mad n'entendit même pas sa réponse, se contentant de dire de quoi il s'agissait. « Oh ? » Ah. Bordel, c'était vraiment la meilleure trouvaille qu'Ingvar ait jamais faite. « J'ai toujours le don pour dénicher les perles rares, hein. » Pour une fois, il ne pouvait pas le contredire pour stopper le processus de gonflage de son égo. Non, tout ce que Maddox pouvait faire, c'était acquiescer en se niquant les zygomatiques avec son sourire trop grand. « Tu l'as trouvée où ? C'est super rare, sérieux. »

Et qui dit cadeau dit remerciement, of course. Sans réfléchir, le tatoué avait fait la première chose qui lui était venue. Un bisou sur la joue. Geste anodin et naturel. Du moins, pour lui. Tellement qu'il ne remarqua pas le trouble d'Ingvar, et puis, de toute façon, il était trop occupé à admirer sa nouvelle figurine. Pourtant, il aurait du s'en douter. Il était tactile, ça avait toujours été le cas, surtout quand il apprécie la personne. Et il savait que le cambrioleur, lui, n'était pas comme ça. Mais c'était pas comme s'il s'en souciait vraiment. Non, maintenant, c'était plutôt l'heure de s'extasier devant son étagère, avant de demander à Ingvar de confirmer l'évidence. « Ouais. » Une affirmation plutôt neutre, certes. Mais une affirmation quand même. Toujours une expression de gamin peinte sur le visage, Maddox se tourna pour regarder Ingvar. Sauf qu'il n'en eut pas le temps, puisqu'il reçut un coussin en pleine face. Le coussin. « Eh ! » Sourcils froncés, il observa le squatteur avec une expression qui traduisait son what the fuck intérieur. « Tu sais qu'être à poil quand t'as un invité, c'est pas poli. » Haussant les épaules, le nudiste de service afficha un sourire moqueur. « Ouais, mais j'suis pas poli, et t'es pas mon invité, ça tombe bien. Tu sais, entrer par effraction chez moi, ça fait d'toi un intrus, pas un invité. » Sourire qui s'agrandissait alors qu'il continuait de fixer son interlocuteur, sachant qu'il avait raison sur ce coup là. Une fois n'est pas coutume.

Quelques secondes plus tard, il se retrouvait surplombé par Ingvar – ces putains de dix centimètres d'écart, que le scandinave se faisait un plaisir de lui rappeler dès que possible. Bordel, la Suède était une machine à géants, à croire qu'ils naissaient tous avec des échasses greffées sur leurs tibias. « Hé, je sais que t'as pas faim. Je te connais. Mais faut que tu manges, ok ? En échange de la figurine. » Avant qu'il n'ait le temps de protester avec une blague pas drôle, Maddox se retrouva avec le bol entre les doigts, placé de force par Ingvar. « J'ai pas envie de débarquer un jour ici et de trouver un vrai cadavre. » Toutes les répliques humoristiques qu'il avait préparées s'envolèrent à la seconde où ces paroles passèrent la barrière des lèvres d'Ingvar. Qui tourna les talons, se dirigeant vers la cuisine. Laissant Mad planté là, avec son foutu bol de chocapics, les mots planant dans son esprit, et la culpabilité envahissant son âme. Parce que c'était ce qui allait arriver, un de ces jours. Pas aujourd'hui, ni même demain. Pas dans un mois, ni même un an. Après ça. Mais ça arriverait. Irrémédiablement, irrévocablement. Définitivement. Il n'était qu'éphémère, et sa vie s'allongerait encore sur quelques années – deux ans au minimum, peut-être quatre s'il était chanceux. Mais elle ne durerait pas plus, jamais plus. Il irait rejoindre sa mère, au paradis des cancéreux. Il le savait. Ingvar aussi. Mais c'était un savoir qui planait entre eux, sans jamais être dit. Jamais. Cette phrase. Cette stupide phrase venait briser l'euphorie de Maddox, son sourire, son air de gamin. Doigts crispés autour du bol, il en contemplait le contenu, entendant Ingvar ouvrir le frigo.

En silence, épaules voûtées comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules, il avança. Il se prenait pour Atlas. Mais le monde qu'il soutenait n'était pas le même. Arrivé au canapé, il posa ses fesses, le bol toujours emprisonné entre l'étau de ses mains. Il en voulait pas. N'avait pas faim. Avait envie de gerber. Mais il le devait. Il était obligé, maintenant. Pour rassurer Ingvar, le temps de quelques bouchées. Pour chasser cette idée de leurs esprits à tous les deux. Sauf que ça resterait ancré dans le sien, quoi qu'il fasse. Cette culpabilité qui venait aider la maladie à le ronger. Il voulait épargner les autres. Pourquoi pas Ingvar ? Pourquoi était-il devenu son partenaire lors de ses casses ? Son ami en dehors du reste ? Il aurait jamais du. Et maintenant, c'était trop tard. La cuillère se noyait dans le lait, comme Maddox se noyait dans ses pensées. Le trajet jusqu'à sa bouche lui parut durer une éternité, qui elle-même n'était pas assez longue. Première bouchée. Les pétales qui s'entrechoquent sur ses dents et se brisent, l'explosion chocolatée dans sa bouche. La nausée dans son organisme. Il ne mâcha pas bien longtemps avant d'avaler le tout, histoire d'en finir plus vite. Mauvaise idée, ça empirait la chose. Sentant l'acide de la bile lui remonter la trachée, il se força à ravaler, une grimace sur le visage. Gorge brûlée, traits déformés, yeux clos. Baissant les mains, il s'apprêtait à reposer le bol sur ses genoux quand il se rendit compte que le coussin était toujours par terre. Abandonnant ses céréales sur la table, il alla saisir ce qui lui ferait office de table sur les cuisses lorsqu'il l'aperçut. Son distributeur de Pez. Il avait pas encore pris sa gélule du matin. Mais les pas d'Ingvar annonçaient qu'il revenait de la cuisine, et Mad n'avait aucunement l'intention de prendre son médicament devant lui. Pas après ces foutus mots et cette foutue réalisation. Retournant se caler sur le canapé, il remplaça sa mine dégoûtée par un sourire. Un faux. Mais un sourire quand même. « T'sais, j't'ai jamais vu manger d'céréales. Viens goûter, faut remédier à cet affront, jeune padawan. »



(c) WILD HEART.





Dernière édition par S. Maddox Traigger le Sam 1 Juin - 22:23, édité 1 fois
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Ingvar U. Hülsbeck
Ingvar U. Hülsbeck

date d'arrivée : 10/04/2013
mensonges : 263
crédits : kidd & tumblr
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âge : trente huit ans
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MessageSujet: Re: it's just medicine ☇ (madgvar)   it's just medicine ☇ (madgvar) EmptyLun 27 Mai - 7:11

it's just medicine
Maddox. Homme de nature inconnu. Il doit bien approcher les trente-cinq années de vie sur cette planète, ou peut-être moins, je ne sais plus. Il se nourrit de bonbons, de soda, de choses qui donnerait un infarctus à n'importe qui en quelques secondes. C'est surtout un être facilement manipulable, susceptible. C'est un enfant. Une chose fragile. Mais - malheureusement ? - c'est la seule personne dans ma vie actuelle que je peux appeler « ami ». C'est triste n'est-ce pas ? C'est que je me disais en marchant dans les rues mal éclairées du quartier, une heure auparavant. Pourquoi je marche vers lui ? Pourquoi je fais ça alors qu'il doit probablement dormir et que je me retrouverai seul, dans son salon, assis sur son canapé, à admirer mon butin ? Je me suis poser la question. Je me pose encore la question, quand je le vois, à moitié endormi, sans vêtement. Pourquoi lui ? Il doit se questionner lui aussi, aussi naïf soit-il. Quel est mon réel but, quand je franchis sa porte ? Quand je ne le réveille pas mais laisse une preuve de mon passage chez lui ? Une preuve que le veuf scandinave existe dans sa vie et lui a offert une boite de céréales. Oh merci, grand dieu nordique. En réalité, je n'ai absolument aucune réponse à ça. C'est idiot. Mais mon amitié avec Maddox n'a aucune explication qui tienne la route. C'est comme ça. Dire que c'est le destin, ça serait peut-être exagéré notre relation. Après tout, il n'est qu'un complice, un chauffeur de taxi, une deuxième adresse en cas de soucis. Je ne saurai dire ce qu'il est d'autre. Un instant, je pose sur lui un regard de parent désabusé, il est comme un fils que je n'aurai probablement jamais, le moment d'après, j'ai envie de lui en coller une, par devoir amical devant tant de conneries. Et il y a les moments où je le regarde et mon sourire se dissipe. Et j'essaye de nous imaginer dans quelques années. Je me berce d'illusions. Nos conversations ont toujours un fond d'humour, toujours. Pourquoi ? C'est comme un masque. Moi, je porte le mien tous les jours. Un peu de bonheur, d'amabilité, de charme. Avec Mad, je suis moi-même. Je suis un troll, et fier de l'être, comme il dirait. Mais on ne peut pas s'empêcher de glisser des mots pour nous amuser. On se ment mutuellement en réalité. Il essaye de me faire croire que tout va bien. Je tente d'accrocher à cette fausse vérité. Il ne va pas bien. Je me sens tellement inutile face à tout ça. C'est risible. Regardez-moi. Cambrioleur se vantant de ne tenir à personne et je bois pour oublier un ami malade, comme pour oublier ma femme. C'est le même combat en fin de compte. Je me bats contre des fantômes. Sauf que dans le cas de Maddox, il n'est pas encore tout à fait mort.

C'est déprimant, d'être moi. Ça n'a pas l'air, je sais. Avec mes sourires, ma chevelure dorée, mes dents blanches et mon côté « emmerdeur, parce que je le vaux bien » J'ai juste un don pour la tricherie. Le faux. N'est-ce pas, Ken ? « Non, moi j'suis le gosse qui va te raser la tête et te faire fondre au micro-onde. » Je ris. Simplement et naturellement. Pendant quelques secondes, ma voix grave retentit dans le salon. C'est sûre que mon cher Maddox est un éternel susceptible. J'aurai pu prédire sa réaction à la lettre près, tant je le connais. Ses réactions, ses tentatives pour tirer quelque chose de moi qu'il n'aura jamais, ses moues, tout ça, c'est une habitude à prendre. En réalité, je me rends compte que ça ne fait que quelques mois que l'on se connait, lui et moi. J'ai l'impression que cela fait une éternité. C'est surprenant. Parfois, il faut des années pour apprendre à connaître quelqu'un, et encore, on a pas réellement l'impression de le comprendre. Et de très rare fois - dans mon cas - on tombe sur des Maddox. Peut-être trop prévisible (ça me permets d'avoir toujours un peu d'avance sur lui) mais c'est tout de même agréable. « Roh, la ferme. » Je le regarde avec un brin d'espièglerie et un sourire en coin. Sassy is sassy. J'ai encore gagné. Nos combats ont souvent le même vainqueur, en apparence, tout du moins. « C'est toujours un plaisir de discuter avec toi, mon agréable et très mature ami. » J'insiste lourdement sur le mot « mature » pour qu'il comprenne mon sarcasme. M'enfin, faut pas être Einstein pour saisir. Même Maddox doit savoir que Maddox est une saloperie d'enfant de dix ans. Il est vrai que je l'ai aussi appelé « ami ». C'est plutôt rare, les moments où j'avoue ouvertement que nous entretenons une relation amicale. Non pas que ça m'effraie qu'on pense du mal de moi en fonction de mes liens sociaux. Oh fack, ça ne me dérange de marcher dans la rue avec lui, de rire à ses conneries devant tout le monde. Moi, je suis le facteur que tout le monde apprécie alors je peux côtoyer qui bon me semble. Mais c'est juste que je n'ai pas l'habitude d'avoir des amis. (sad, isn't it ?) Maddox serait même une sorte de meilleur ami, si on regarde bien. On se voit (ou presque) pratiquement tous les jours. On se marre bien (à ses dépends, certes).

Mais après le coup du coussin, je veux bien changer d'ami. Je vais le vendre sur Internet à la rubrique « gros con de pote tatoué qui se balade à poil tout le temps et qui est aime bien foutre son johnny sur le visage d'autrui, de façon indirect. » Je sais pas si les acheteurs vont être très sains d'esprits mais merde. Faut pas me chercher. Non, si je fais ça, je suis sûr que je vais culpabiliser. Je peux pas le donner à n'importe qui, cet idiot. Mes regards meurtriers sont si éloquents. Mais mon plan de vente diabolique s’effondre au moment où je l'entends rire, ce con. « T'as l'visage tout rouge. Arrête de frotter, tu vas te décaper la peau. » « La faute à qui, connard. » Je réponds du tac-au-tac, énervé, alors qu'il continue de rire. Il fait chier. Et comme si rien ne venait de se passer, la scène banale de la famille banale reprend. Ai-je besoin de préciser le rôle de chacun ? Maddox est un foutu bébé qui refuse de manger et je suis le parent responsable qui essaye de l'éduquer. Comme d'habitude.

Les masques sont exposés. Parce que le zombie a beau être un irréductible gamin, s'il ne semble pas avoir faim, ça doit être le cas. Je lui fais confiance. Mais il y a une partie de moi qui ne l'accepte pas. C'est comme si accepter ce problème de nourriture, c'était accepter le reste. La maladie. Laisser cette chose en lui prendre le dessus. Je sais que c'est une vision un peu naïve et stupide. Mais c'est la mienne. C'est la mienne pour ce décérébré cadavérique. Bol sur les genoux, j'essaye de lui faire la morale. « Super-zombie ? T'as pas trouvé mieux ? Tu m'déçois, Ulrik. » Ulrik. Ce prénom qui sort de ses lèvres me fait sourire. Au début, je ne supportais pas lorsqu'il utilisait mon deuxième prénom. Pourquoi ? Parce que c'était ainsi que ma femme m’appelait. C'est toujours comme ça que ma famille me nomme, d'ailleurs. M'appeler Ulrik, c'est vouloir se rapprocher de moi. Entrer dans le cercle privé. Un cercle que je ne veux pas ouvrir à n'importe qui. Et au fur et à mesure, j'ai commencé à m'habituer à cet idiot qui prononce mon deuxième prénom en souriant. Il n'y a plus que lui pour l'utiliser, de toute manière. « C'est pas comme si tu faisais dans l'originalité en m’appelant encore par ce prénom-là. » Le « encore » est lâché dans un soupire, traduisant l'absence totale, à mon goût, d'effort pour contrecarrer mon attaque. « J'suis un ninja, pour ça que tu vois pas tout ce que j'fais. Comme ça. » Je le regarde, haussant un sourcil, alors qu'il m'arrache soudainement un cheveu. Je sursaute légèrement parce qu'en réalité, je suis assez craintif au niveau du cuir chevelu et porte rapidement une main à ma tignasse, comme si on venait de me raser les cheveux. « Hé, fais attention, on abîme pas la perfection. » Bien entendu, je plaisante. Bon, je ne suis pas peu fier de ma chevelure de prince charmant, non. Mais je ne suis pas aussi narcissique, je vous l'assure. C'est juste qu'avec lui, j'aime me lâcher et être un peu moins l'homme parfait que je prétend être chaque jour. « Tu vois, t'as rien vu, rien senti, et j'ai prélevé ton ADN. Maintenant, j'vais le vendre sur eBay en disant que c'est un poil de Chewbacca. » Je soupire, en baissant les épaules alors qu'il scande encore une fois qu'il ne boude pas, par la suite. Je ne sais pas comment il fait pour avoir autant d'idées bizarres en même temps. Je le regarde, là, avec mon cheveu entre son index et son pouce, fier comme un coq.

Je me rends, mon colonel. Et le meilleur moyen de combler la bête, c'est la corruption en nature. Et par nature, j'entends lui offrir une de ces choses débiles dont il fait la collection. Avant de trifouiller dans mon sac, j'exécute un rapide coup d’œil sur son étagère fourre-tout, pour vérifier s'il ne l'a pas déjà. Parce que ça craindrait, quand même. Il mérite un oscar pour la réaction la plus inadaptée à la situation du siècle. Qui réagirait ainsi après l'obtention d'une figurine (rare, certes) ? Le même qui m'a arraché un cheveu pour me prouver qu'il était un ninja. Après ça, comment comprendre ce type, sérieusement ? Moi, j'ai arrêté d'essayé. Maddox, c'est juste Maddox.

« Tu l'as trouvée où ? C'est super rare, sérieux. » Je passe d'un air triomphale à un regard évasif, amenant mon poing à mes lèvres pour y tousser légèrement. Raclement de gorge, c'est comme si j'écrivais HONTE sur mon front couvert de mèches blondes, là. « Dans la maison que j'ai visité cette nuit. » C'est tout. Juste dans la maison. Je n'ai absolument pas pris d'énormes risques en grimpant les escaliers de l'énorme villa et en me rendant dans la chambre de l'adolescent. Surtout qu'il était là, lui. Il dormait. Juste pour lui piquer une statuette d'un mec en rouge et or. Pour qui ? Personne.

J'essaye toujours d'effacer la bise de ma mémoire. Ceci n'a pas eu lieu. Je ne pense pas. C'est bien le seul être vivant que je connaisse qui puisse me remercier ainsi. Il place sa figurine tel le Saint Graal et me demande mon avis. Encore embrumée par l'impression étrange que ses lèvres ont laissées sur ma joue, je suis évasif. Et en lui lançant le coussin maudit, je change de sujet. « Eh ! » Je souris. Tel est prit qui croyait prendre ! Cette phrase est vraiment bizarre. « Ouais, mais j'suis pas poli, et t'es pas mon invité, ça tombe bien. Tu sais, entrer par effraction chez moi, ça fait d'toi un intrus, pas un invité. » « Madou, t'es vraiment pas un bon hôte. » Petite moue faussement déçue. Et je me lève, bol de céréales en mains.

Maddox, si tu savais comme j'ai honte de faire ça. D'être aussi inquiet pour quelqu'un. Mais j'aime faire ça. J'aime savoir que grâce à moi, peut-être, tu gagnera quelques années. Un geste, même aussi petit que de te faire bouffer, ça peut peut-être être utile, plus tard. Je balance mes pensées. Mes réelles pensées. Et mes peurs. C'est bien ce que je crains à chaque fois que je franchis cette porte, finalement. Depuis que je sais pour sa maladie. C'est peut-être que je cherche en venant ici. Je m'assure qu'il est vivant. Qu'il est toujours dans cette vie et dans la mienne. Je lui fourre le bol dans les mains et me dirige vers la cuisine, ouvrant le frigo. Figé durant quelque secondes, le froid m'arrive en plein gueule. Ça ne me fait pas de mal. Pourquoi je lui ai dit ça ? Je baisse la tête. Je deviens de plus en plus con, faut croire. Je l'entends se déplacer et s'asseoir sur le canapé, je présume. Bruit d'une cuillère qui se heurte au bord du bol. Il m'a écouté ? Je ne suis pas si étonné, car il finit souvent par céder. Mais il ne semblait réellement pouvoir manger, là. Je commence à me demander si j'ai bien fait de lui forcer la main. Je soupire, prenant la canette de cola, l'ouvrant dans la foulée. Je ferme le frigidaire avec une petite poussée du pied et je retourne dans le salon. Rien n'a changé, sauf peut-être la place du coussin qui couvre une nouvelle fois le johnny de mon hôte. C'est pas plus mal. Il me regarde en souriant. « T'sais, j't'ai jamais vu manger d'céréales. Viens goûter, faut remédier à cet affront, jeune padawan. »

Et voilà. Le quotidien de notre duo. On passe d'un sujet sérieux à quelque chose de léger en un rien de temps. C'est notre plus gros problème, je pense. On affronte jamais les difficultés. Une pirouette, et hop. Je souris. « Je sais que c'est dur à croire, mais je suis un être humain comme les autres, j'ai mangé des céréales quand j'étais plus jeune. » Je fais le tour de la table basse, prenant une gorgée de soda. « Mais ça fait pas mal de temps, je présume. » Je m'assois, pose la canette et attrape la cuillère remplie de pétales de chocolats, gobant le tout rapidement. Je mâche doucement, en ne quittant pas des yeux le zombie. « C'est pas si mauvais. Mais j'sais pas comment tu fais pour bouffer ça tout le temps. » Je repose la cuillère dans le bol. Bizarrement, je n'ai pas besoin de vérifier s'il m'a obéit, concernant les céréales. Je le vois. Il essaye de le cacher, mais Maddox reste un livre ouvert, pour moi. Je regarde le distributeur de Pez, dans le coin, qui nous nargue. Il a besoin de ces médicaments mais il est juste trop borné pour l'admettre. Je soupire, tout en me levant, les poings appuyés sur les cuisses, la fatigue se faisant ressentir. Et bien soit, je suis le plus adulte de nous deux, après tout. Le plus responsable.

Arrivé devant son distributeur de médoc à deux dollars, je secoue la tête, de gauche à droite. « Avec cette merde que tu prends, tu m'étonnes que tu peux rien bouffer. » Je ne connais pas les détails mais je sais que c'est le bas de gamme. Le médicament pour ceux qui n'ont pas les moyens de se soigner correctement. Un fabricant de faux-espoir. « J'ai encore un truc pour toi, Super-ninja-zombie. » Je lui offre simplement mon dos pour m'admirer, triturant la machine à bonbon, ne voulant pas affronter sa réaction. Et surtout, je ne veux pas qu'il me regarde dans les yeux, comme il le fait si souvent. « Regarde dans la poche de ma veste. Promis, c'est pas un truc dangereux. » Non, juste une boite de médicament qui coute des centaines de dollars, avec un post-it collé dessus. J'ai déjà assez honte de lui avoir acheté, je ne vais pas lui donner en main propre non plus. Mes visites sont plutôt régulières et n'ont jamais de but précis mais aujourd'hui, c'est pour ça. Je voulais lui déposer cette boite sur sa table, me reposer et partir. C'était censé être ça, la preuve de ma visite quotidienne. Un post-it sur une boite. Un post-it qui dit simplement « Cachet anti-zombie. Parce que c'est bien d'être vivant, aussi. »
(c) WILD HEART.





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S. Maddox Traigger
S. Maddox Traigger

date d'arrivée : 10/04/2013
mensonges : 786
crédits : babine (avatar) ; love.disaster (signature).
multicomptes : seksi terminator.
âge : trente-deux ans.
adresse : downtown.
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MessageSujet: Re: it's just medicine ☇ (madgvar)   it's just medicine ☇ (madgvar) EmptySam 1 Juin - 23:09

it's just medicine
Pour une fois, Maddox était content de s'être levé plus tôt que d'ordinaire. Parce que ça lui avait permis de croiser Ingvar avant qu'il ne reparte comme un voleur – expression particulièrement bien choisie pour le coup, faut le dire. D'habitude, il ne le voyait pas. Il se levait trop tard, et se retrouvait juste avec une offrande, quelle qu'elle soit. Un petit truc pour dire que le viking de service avait fait sa BA de la journée en rendant visite à son zombie apprivoisé. Parce que c'était ce que Mad croyait, au début. Qu'il n'était qu'une distraction, un vulgaire passe-temps. Un animal de compagnie à nourrir, une bête en cage à venir observer. Une lubie qui aurait frappé Ingvar, pour une obscure raison. Il en avait été persuadé, pendant un temps. Parce qu'il ne trouvait pas d'autre explication à la relation qui les unissait. Parce qu'il ne voyait pas pourquoi un type comme Ingvar prendrait un type comme lui en considération. Parce que c'était absurde. Ils étaient absurdes. Mais force était de constater que non, il n'était pas un loisir macabre. Il savait toujours pas pourquoi, ni comment, mais Ingvar et lui étaient bel et bien amis. Ou quelque chose du genre, parfois il ne savait même plus. Mais malgré tout, malgré cette réalité, il continuait de se demander ce qui poussait Ingvar à rester. Ou plutôt, à revenir, à chaque fois. Mad n'était rien de plus qu'un fou, un être sans âge et sans visage. Il n'était rien. Rien qu'un mourant, un malade. Un condamné. Et Ingvar restait. Alors ouais, le tatoué remerciait son putain de cauchemar. Un mal pour un bien. Sans ça, il aurait raté la venue du voleur. Il aurait trouvé des cadeaux et des post-it, l'ombre fugace du scandinave toujours palpable dans son salon. Parce que c'est ce qu'était Ingvar. Une ombre. De la fumée. Insaisissable.

C'est qui l'animal apprivoisé ? Toi ou lui ? Peut-être un peu les deux. A s'apprivoiser mutuellement. Combinaison qui fonctionnait inexplicablement, mais qu'importe. Ça fonctionnait. Et plus le temps passait, plus Mad se disait qu'il avait du mal à imaginer sa vie sans cet enfoiré de suédois. Au fond, ça le rendait triste. Parce que lui au moins, il aurait la chance de l'avoir dans sa vie jusqu'à la toute fin – du moins, il l'espérait secrètement. Mais, pas Ingvar. Lui, il serait spectateur de l’œuvre de la faucheuse. Et au final, Maddox en venait à se demander si le mieux ne serait pas de stopper toutes ces conneries, avant que la réalité ne les rattrape et que la maladie devienne totalement visible. Il parvenait encore à la cacher au maximum, mais pour combien de temps ? Viendrait un jour où il ne pourrait plus rien pour la combattre. Et ce jour là, il honorerait véritablement le surnom que lui donnait Ingvar. Zombie de son état. Un cadavre ambulant, trimballant l'odeur et le spectre de la mort dans son sillage. Le mieux serait vraiment d'épargner ça à la seule personne réellement présente dans sa vie. Mais comme un enfant, il était incapable de s'y résigner. Comme un enfant, il était trop effrayé pour accepter la solitude. Trop égoïste pour affronter ça tout seul. Le connard, c'était lui, pas Ingvar. Et le plus douloureux, c'était qu'il s'en rendait bien compte.

Il avait beau être résolu à bouder et devenir peu aimable, son masque de gosse mécontent se fissura l'espace d'un instant, lui ôtant sa crédibilité déjà précaire. Parce qu'Ingvar s'était mis à rire. Et ça arrivait pas si souvent que ça. Certes, il souriait beaucoup, dévoilant ses dents publicitaires à tout va. Mais ses rires étaient plus rares. Et beaucoup trop souvent, ils étaient faux. Mad savait les reconnaître, à force. Avec lui, les faux étaient plus rares qu'en public. Il savait qu'Ingvar se la jouait gendre parfait avec des gens qu'il méprisait. Alors il sondait le vrai du faux, même si avec le chevelu, c'était pas toujours une tâche facile – de toute façon, il avait l'impression que rien n'était jamais aussi facile qu'il n'y paraissait, avec ce type. Mais là, c'était un vrai. Alors oui, l'espace d'un instant, il ne put s'empêcher de sourire. Parce qu'un rire comme ça, c'était pas donné à tout le monde de l'entendre, et il le savait parfaitement. Mais une fois que le son s'éteignit dans la gorge d'Ingvar, les lèvres de Maddox retournèrent à l'état de moue boudeuse. Ouais, il était pas content, là. Il savait plus pourquoi, mais ça n'avait pas d'importance. Rien n'en avait jamais, pas vrai ? « C'est toujours un plaisir de discuter avec toi, mon agréable et très mature ami. » Forcément, fallait qu'il en rajoute une couche. En insistant sur le mature, parce qu'ils savaient tous les deux que Mad ne l'était pas. Il était bien trop instable pour ça, en fait. Sa maturité n'était qu'éphémère, elle aussi. Il avait l'impression que rien n'était stable ou constant dans sa vie, pas même lui-même. Rien, à part Ingvar, finalement. L'un des murs porteurs, qui empêchait que tout ne finisse par s'effondrer. Inébranlable, ou presque. « Dans les moments comme ça, j'me demande pourquoi j'suis ton ami, justement. » A vrai dire, il se demandait souvent. Parce que leur amitié était et resterait toujours un mystère. Aux yeux du monde certainement, et aux yeux de Mad surtout. Peut-être aussi aux yeux d'Ingvar, il en savait trop rien. Un putain de mystère pas encore élucidé. Et qui ne le serait sûrement jamais.

Là où il n'y avait pas de mystère, c'était quant au fait que Maddox était le plus drôle des deux. Il en était persuadé, en cet instant. Parce qu'il se trouvait fichtrement drôle, pour le coup du coussin. Son rire en témoignait largement. Bon, fallait bien avouer qu'Ingvar participait à rendre ce moment hilarant, en se frottant le visage de la sorte. Quel dramaqueen celui-là. C'était qu'un coussin, et le contact n'avait pas duré plus de quelques secondes. C'était rien, comme si Maddox avait embrassé ses propres doigts pour venir les poser sur la bouche d'Ingvar, y avait pas mort d'homme – quoi que ce cas de figure-ci était assez perturbant, mais là n'était pas la question. Juste un coussin sur son visage et il en faisait tout un plat. Mais Mad savait qu'il réagirait comme ça. C'était d'ailleurs pour ça qu'il l'avait fait. Et il en était fier, se foutant ouvertement de la gueule de sa victime. Franchement, y avait de quoi. « La faute à qui, connard. » Cette réplique ne fit qu'accentuer son rire alors qu'il contemplait la mine dégoûtée de son acolyte. Pour une fois que les rôles étaient échangés, ça faisait pas de mal. Et aussi vite que cette scène s'était déroulée, elle se terminait alors que Mad se faisait aspirer par la spirale envoûtante de la télévision. Une création de Satan ce truc-là, vraiment. Y avait qu'à voir le temps que Maddox pouvait passer à s'abrutir devant, quand il savait pas quoi faire d'autre. En même temps, à force, il devenait incollable sur le nom des sportifs et la vie des animaux – les dessins animés également, mais ça, ça coule de source. Il était pas sûr que ça lui serve beaucoup dans la vie, mais ça le faisait bien marrer, en tous cas.

Et voilà, Ingvar venait tout casser en demandant à Maddox de manger. Ce qu'il ne pouvait se résoudre à faire, pas aujourd'hui. Alors il contournait le sujet, comme toujours, en jouant la carte de l'humour pour s'en sortir avec une vulgaire pirouette. Et ça fonctionnait, puisque le sujet dérivait sur tout autre chose, laissant le tatoué gagner le match, à sa plus grande satisfaction. « C'est pas comme si tu faisais dans l'originalité en m’appelant encore par ce prénom-là. » Oui, et alors ? Il s'en foutait pas mal. Il aimait bien l'appeler comme ça, c'est tout. Même si le soupir poussé par son interlocuteur témoignait de sa lassitude face à cette habitude que Maddox avait prise. « On s'en fout, au moins, Ulrik, ça a d'la gueule. Super-zombie, c'est nul. » Ouais. Ulrik, ça lui plaisait bien. C'était familier, et un peu tranchant aussi. Facile à retenir, facile à laisser glisser dans son esprit. A l'image du suédois. Ingvar, ça faisait plus princier, plus froid. Les deux prénoms exposaient l'aspect à multiples facettes de leur propriétaire. Mais y avait quelque chose de plus intime, dans Ulrik. Alors Mad s'était mis à l'utiliser de temps en temps, et il ne s'était plus arrêté, alternant entre les deux. Et tant pis si l'intéressé protestait, au début. Maddox avait la même fâcheuse tendance que les gosses – faire comme bon lui semblait et s'approprier ce qui ne lui appartenait pas. En l'appelant Ulrik, il avait un peu l'impression de se l'approprier, comme pour dire coucou je veux pas te laisser sortir de ma vie. A l'image de la maladie, sa solitude le rongeait. Le Maddox, c'est pas une bestiole conçue pour la solitude, non. Donc maintenant qu'il avait le viking, il ne voulait pas s'en séparer. Et tant pis si ça voulait dire devoir vivre avec sa culpabilité face à un tel égoïsme. Il supportait ça mieux que la solitude. Mais tout ça, il préférait ne pas y songer. Et de toute façon, son cerveau passait d'une chose à l'autre trop vite pour qu'il s'attarde sur le sujet. Comme les enfants. Il était déjà passé à autre chose quand il arracha un magnifique cheveu de la tête du criminel. « Hé, fais attention, on abîme pas la perfection. » Temps d'arrêt. Il tourna la tête vers son camarade, sourcil arqué. « Ah. Je peux t'abîmer alors. » Non Ingvar, t'es pas parfait. T'es même un con parfois, un gros troll, un enfoiré de première, et il m'arrive de vouloir te donner des claques. Pourtant, il lui était devenu indispensable, comme l'air. Avec toutes ses imperfections qui saturaient l'atmosphère et l'esprit de Mad. Ce qui était parfait, c'était son imperfection. Connard.

Vint ensuite l'épisode de la figurine, et c'était comme si tout le reste était balayé, juste comme ça. Avec une facilité dérangeante. Décidément, Maddox avait la totale faculté de passer du coq à l'âne en un millième de seconde. Il changeait de sujet, de comportement, d'humeur, de visage. Pas comme un caméléon, non. C'était pas de l'adaptation. Il laissait tout ce bordel à Ingvar. Lui, c'était plutôt l'énergie et la curiosité enfantines. Une pointe d'innocence, dans sa vie faite de désillusions. Et forcément, comme les gosses, il se questionnait sur les origines d'une telle merveille. A poser des questions et vouloir tout savoir. « Dans la maison que j'ai visité cette nuit. » Récompensé par le vague. Ouais, bon. Ça, il s'en doutait un peu, hein. C'était pas très difficile à deviner. No shit, Sherlock. Mais soudain, Ingvar était.. bizarre. Du moins, plus que d'ordinaire. Normalement, il se gênait pas pour afficher son air victorieux quand il était fier de lui. Ce qui voulait dire qu'il n'était pas fier ? Pourtant, il venait d'offrir l'un des plus beaux cadeaux possibles à Maddox. Il pouvait être fier, le bougre. « Ouais, mais c'est qui le collectionneur ? Parce que s'il a des trucs comme ça, on est faits pour s'entendre, tu vois. » Bon, il comptait pas vraiment faire ami-ami avec la victime, hein. Mais au moins savoir qui il devait respecter pour le cadeau, fait aux dépends du propriétaire. C'était franchement pas correct. Mais Mad était tellement content qu'il n'en avait rien à carrer. Il devenait immoral là. Tant pis. En contemplant sa figurine dans l'étagère, il ne pouvait que se dire que ça valait le coup, vraiment. Mais comme toujours, Ingvar brisait la beauté du moment. Avec le coussin, qui plus est. Son deuxième nom, c'était pas Ulrik, c'était bel et bien Troll, Mad en était intimement convaincu. « Madou, t'es vraiment pas un bon hôte. » Un sourire victorieux étira ses lèvres pour parer la moue d'Ingvar – au passage, le côté mignon était pas compatible avec sa véritable personnalité, fuck you Ingvar. « Pourtant, ça t'empêche pas de revenir à chaque fois. »

Lorsqu'Ingvar lui fourra le bol entre les doigts avant de balancer ces quelques mots pour finalement sortir de la pièce, Maddox le détesta instantanément. Puis il se détesta lui-même. Cette inquiétude qui était palpable à travers les paroles d'Ingvar l'avait déstabilisé. C'était rare, que son ami laisse apparaître ses sentiments de la sorte. Tellement rare que Maddox culpabilisait. Parce que c'était lui, le responsable. Et que les choses ne feraient qu'empirer à l'avenir. Sa peur à lui, c'était ce qu'il adviendrait du scandinave, à sa mort. Ingvar avait beau se la jouer viking avec ses sourires moqueurs et ses sarcasmes piquants, Maddox savait qu'il avait lui aussi une importance dans sa vie. Que ferait Ingvar, quand il n'aurait plus son zombie ? Quand il n'aurait personne à aller nourrir ? Quand personne ne serait là pour jouer le rôle du chauffeur ? Quand personne ne pourrait être témoin de ses rares sourires authentiques ? Quand personne ne pourrait le désespérer avec ses conneries ? Quand il n'aurait personne chez qui aller squatter ? Peut-être que Maddox surévaluait la place qu'il tenait dans la vie du suédois. Peut-être qu'il s'accordait plus d'importance qu'il n'en avait réellement. Il en savait rien. Mais il ne pouvait s'empêcher de penser à tout ça, parfois. Et ça lui tordait les entrailles. Autant qu'elles étaient actuellement tordues par son incapacité à ingurgiter ses céréales. Son envie de vomir lui déclenchait le soudain besoin d'envoyer le bol s'éclater contre le mur. Pourtant, il se força à prendre une bouchée. Pour Ingvar. Pour apaiser le poids de la culpabilité. Pour se racheter. Et ça marchait pas, putain. Ça marchait pas.

Pourtant, il s'efforça de ne rien laisser paraître lorsqu'Ingvar revint dans la pièce. Sourire plaqué sur les lèvres, il camoufla une fois de plus la réalité. Des menteurs, voilà ce qu'ils étaient. Des putains de menteurs, que ce soit envers la face du monde ou même entre eux. Ils se disaient amis, mais n'étaient pas foutus d'être honnêtes. Pas foutus d'affronter la vérité et de la laisser apparaître. Y avait de quoi se taper la tête contre les murs. Ils le savaient tous les deux. Et ils souriaient, même quand ils n'en avaient pas la moindre envie, même quand ils avaient envie de hurler. Parce que c'est plus facile de sourire plutôt que d'être heureux. « Je sais que c'est dur à croire, mais je suis un être humain comme les autres, j'ai mangé des céréales quand j'étais plus jeune. Mais ça fait pas mal de temps, je présume. » Maddox laissa échapper un ricanement moqueur, contemplant Ingvar qui s'approchait, canette de soda à la main. « Un humain comme les autres, t'es sûr ? Depuis quand le prince charmant est comme les autres ? » Parce que ouais, Ingvar avait la dégaine d'un foutu prince charmant sur son cheval blanc. Mais il n'en avait que la dégaine, justement. Maddox le savait bien. Il observa Ingvar s'armer de sa cuillère pour goûter ses céréales, et autant dire que la vision finale était étrange. Le prince qui mange les céréales de la princesse. Wait what. Fuck you, Mad n'avait rien d'une princesse. Au pire, il pouvait peut-être devenir le cheval blanc. Ouais, et encore. Il s'apparentait plutôt au paysan qui fait coucou au prince quand il passe dans le village, en fait. Coucou Ingvar. « C'est pas si mauvais. Mais j'sais pas comment tu fais pour bouffer ça tout le temps. » Laissant échapper un petit rire, Maddox haussa les épaules. « Et moi, j'sais pas comment tu fais pour jamais en bouffer. » Ces trucs là, Mad y était accro. Il ne jurait que par les céréales. Et quand il n'en avait plus ou qu'il les faisait tomber – hein, hein – c'était un véritable drame pour lui. Sauf dans les jours comme celui-ci, où il ne pouvait rien avaler sans avoir envie de rendre ses tripes sur le carrelage.

Maddox suivit le viking du regard alors que ce dernier se levait, se dirigeant vers le meuble où était posé le distributeur de Pez. Il fronça les sourcils, se demandant ce qu'il allait foutre là-bas. Surtout compte tenu du malaise qui l'habitait toujours, Mad n'avait aucune envie d'en rajouter une couche en prenant ses médocs, pas maintenant. S'te plaît, Ingvar. Toujours silencieux, le tatoué le regarda faire alors qu'Ingvar s'amusait avec le distributeur de Pez, qui était d'ailleurs presque vide. « Avec cette merde que tu prends, tu m'étonnes que tu peux rien bouffer. » Cette merde, le Misulban. Nom de merde pour un médicament de merde, qui ne valait pas grand chose et avec lequel Mad tournait depuis trois mois, n'ayant pour l'instant pas les moyens de prendre la gamme au-dessus. Celle qui sert vraiment à quelque chose, quoi. Avec celui-là, les effets de la maladie étaient atténués, mais quand même très présents. Comme aujourd'hui, par exemple. « J'ai encore un truc pour toi, Super-ninja-zombie. » Un sourire étira les lèvres de Maddox au surnom, alors qu'il se demandait bien quel pouvait être le truc en question. Finalement, il s'était trompé. Ingvar n'était pas un prince charmant. Il était le père Noël. En avance, d'ailleurs. Enfin, on allait pas s'en plaindre, pour une fois que les cadeaux valaient le coup. « Regarde dans la poche de ma veste. Promis, c'est pas un truc dangereux. » Un léger rire échappa à Maddox alors qu'il posait finalement le bol sur la table basse, se résignant à l'évidence. Les céréales se dissoudraient dans le lait, sans que personne n'y touche. C'était soit ça, soit son estomac qui se dissoudrait. Le choix était vite fait. « Ouais bah si un truc me saute à la tronche, ou quelque chose du genre, j'me vengerai. Et j'ferai plus fort que le coup du coussin, tu l'sais. »

Conservant un sourire au coin des lèvres, il attrapa la veste noire, qui était posée non loin de lui sur le canapé. Sa curiosité attisée, il plongea sa main dans la poche, ne trouvant rien d'autre que des clés. Okay, mauvaise pioche. Évidemment. D'autant plus impatient de découvrir ledit cadeau, il s'attaqua à l'autre poche, et marqua un temps d'arrêt au toucher de l'objet, son sourire figé sur son visage. Rectangulaire, léger, à la sensation cartonnée. Plus un papier collé dessus. Avalant difficilement sa salive, Mad sortit la petite boîte pour la contempler, le sourire étirant ses lèvres s'effaçant peu à peu. Une boîte de Glivec. Autre nom pourri donné à ces foutues gélules. Plus de trois-mille dollars la boîte – trois-mille deux-cent-cinquante pour être précis, mais ils comptaient augmenter, ces connards. Pas étonnant qu'il pouvait pas se le payer. Et pourtant, il tenait la boîte entre ses doigts, scrutant le nom affiché en lettres oranges. Mais ce qui attirait vraiment son regard, c'était le post-it collé dessus. Cachet anti-zombie. Parce que c'est bien d'être vivant, aussi. Mâchoires contractées, un léger sourire trouva néanmoins le chemin sur ses lèvres. Léger, et à l'air triste. Mais là quand même. Il s'attendait pas à ça. Et il savait même pas quoi dire. Ça, les paroles d'Ingvar, ses autres présents. Tant de preuves que finalement, si. Mad avait quand même une importance à ses yeux. Et il savait toujours pas quoi dire. Surtout lorsqu'il rencontrait le dos d'Ingvar en levant les yeux vers lui. Plus tôt, avec la figurine, sa réaction avait été immédiate. Un baiser sur la joue. Instinctif, et normal. Mais là, c'était différent. C'était pas juste une figurine collector, c'était pas juste un trophée à afficher. C'était une source de vie, de quoi combattre ce mal qui lui consumait les entrailles. Et il aurait voulu qu'Ingvar le regarde, pour qu'il lise sa gratitude dans ses yeux. Mais visiblement, il n'était pas décidé à croiser son regard. Alors Mad le ferait à sa place.

A son tour, il se leva, abandonnant le coussin sur le canapé, boîte de médicaments en main. Il s'approcha de l'auteur du cadeau et vint se poster à côté de lui, le regardant un instant. Puis il attrapa le distributeur de Pez, l'ôtant doucement des mains d'Ingvar, lui prélevant son jouet provisoire. Il l'ouvrit et en vida le contenu sur l'étagère, poussant les gélules inutilisées dans un coin. Il arracha le post-it de la boîte pour venir le coller sur l'étagère, bien en vue. Il gardait toujours les post-it, aussi stupide que ça puisse paraître. Et il ouvrit la boîte de médicaments pour transférer les comprimés dans son distributeur. Il marqua une pause pour observer Ingvar, se décidant enfin à parler. « Merci. » C'était pas un mot assez fort, mais il n'en avait pas d'autre. Il l'avait dit avec une voix basse, plus basse que d'habitude. Et il se concentra à nouveau sur ses médicaments, continuant son opération de transfert avec la minutie d'un gosse qui s'applique à colorier sans dépasser. Ce médicament-là le valait bien. C'était de la vie en gélules.



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