→ Quel est votre sentiment vis-à-vis des étrangers ?
Je sais pas vraiment, à vrai dire. Je n'ai aucune idée arrêtée, mon jugement se base généralement sur mes connaissances d'une personne. Je sais qu'ici, les étrangers sont assez mal vus, mais je crois faire partie des seuls habitants natifs de Caswell à ne pas connaître cette haine des autres. À vrai dire, je me sens moi même étrangère à la ville, comme si je n'en faisait pas partie, comme si je venais d'ailleurs. Les gens d'ici ne nous aiment pas beaucoup, moi et mon frère. Je vois bien leur regard. Ils pensent comme moi que nous n'avons pas notre place ici, même si nous y sommes nés. Nous sommes partis loin de Caswell trop longtemps - de mes douze à vingt ans - pour nous y sentir chez nous.


→ Que pensez-vous du conseil municipal et de son action ?
Les gens qui dirigent Caswell savent ce qu'ils font, je leur fait confiance. Je ne suis pas douée pour tout ce qui s'occupe de politique. Je crois qu'ils veulent simplement le bien de la ville, et jusqu'ici, malgré les récents événements, je trouve que le conseil municipal joue bien son rôle. Mon opinion s'arrête là, je n'ai pas les compétences nécessaires pour en penser plus. Et de toutes façons, je m'en fiche royalement.


→ Que pensez-vous des récents événements ? Croyez-vous en toutes ces rumeurs surnaturelles ?
Je suis une personne plutôt rationnelle. J'ai du mal à croire à toutes ces superstitions de plus en plus présentes ces temps ci dans les croyances populaires. Les récents événements me sont incompréhensibles, tant ils sont barbares et horribles, mais de là à accuser sorcières et autres mythes, non. Pour moi, c'est l’œuvre du confinement de cette ville. Enfermez deux personnes ensemble trop longtemps et l'une d'elle finira par tuer l'autre. Selon moi c'est la xénophobie de Caswell qui a causé son propre déclin.


→ Avez-vous un secret vous concernant à nous révéler ?
Tout le monde a ses secrets, bien sur, moi y compris. Personne ici ne sait que je suis une thérapie, ni que j'ai fais un séjour en asile psychiatrique. Et c'est tant mieux, je ne veux pas passer pour la folle du village. Concernant mon enfance plutôt morbide et la raison pour laquelle j'ai quitté la ville, ce sont des faits connus depuis longtemps par les habitants - ou du moins que tout le monde croit connaître. Des choses qu'il m'arrive encore d'entendre parmi les chuchotements des citadins, mais qui a perdu son croustillant depuis des années.

→ Avez-vous été témoin dans la ville de choses que vous aimeriez dénoncer ?
Vous savez, les gens disent de moi que je suis hypocrite, et je ne vais pas nier ce trait de ma personnalité. J'aime faire plaisir à tout le monde pour ne pas faire de vague, c'est comme ça que je fonctionne et ai toujours fonctionné. Et pour être discret, rien de mieux que l'hypocrisie. On se tait, on approuve et le tour est joué. Moi qui aime le calme, je ne suis pas prête de dénoncer qui que ce soit. Ce que je sais, je le garde précieusement pour moi, et tout le monde est content ainsi.

→ Vous êtes pris dans un cyclone. Des débris sont tombés sur la personne qui vous est la plus chère et sur un enfant que vous ne connaissez pas. Si vous la sauvez cette personne vivra avec un handicap terrible mais l’enfant mourra. Si vous sauvez l’enfant il sera indemne mais l’autre mourra. Vous ne pouvez en sauver qu’un, alors que faites-vous ?
Honnêtement, je n'en ai aucune idée. La personne que j'aime le plus au monde est également celle que je hais le plus. Cette personne a détruit ma vie, tout en la rendant meilleure. Il m'est impossible de choisir. Personne ne peut prédire ce qu'il fera face à un tel dilemme, dans un moment de panique et d'angoisse.