AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

Partagez
 

 blood in the water. ▼ (theodore)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Adam T. Rosenbloom
Adam T. Rosenbloom

date d'arrivée : 24/02/2013
mensonges : 252
crédits : ❖ avatar (c) psychozee ; signature (c) tumblr + code by me + watchmen (quote) + feeling good (muse)..
multicomptes : ❖ none.
âge : ❖ thirty-two y.o.
adresse : ❖ northern hills.
humeur : ❖ énergique mais sombre.

sneak peek
Relations
:
What about the town ?: Indiquez ici si votre personnage est au courant ou non du secret de la ville.
Pouvoir: Uniquement pour les infectés.


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyVen 23 Aoû - 22:44


→ theodore (adam) rosenbloom.
trente-deux ans ; né le 01/12 à Caswell, dans le Maine ; médecin légiste ; hometown.

“ humans, after all. ”

Tu regardes une énième fois le cliché que tu as pris de ces marques autour de son cou. Du cou de cet homme mort. C’glauque, quand même. Les gens disent souvent ça. Mais bordel, les gens, qu’est-ce qu’on s’en tape. C’est à toi qu’on s’intéresse. Il est deux heures du matin, et t’es toujours à ton bureau en train d’observer méticuleusement tous les clichés que tu as pris de cet homme. Les causes de sa mort pourraient être l’étouffement, l’hémorragie due à la balle qu’il a prise, ou ce coup violent qu’il a pris à la tête. C’est l’une des trois. Et tu te dois de trouver laquelle.

Alors ouais, on le dit souvent. Que t’es un bourreau du travail. Ted. Parce que Theodore c’est franchement pas ton truc. Et en plus, c’ta mère qui voulait t’appeler comme ça. Ton père n’a jamais aimé, alors en sa présence il t’appelait Ted. Dès qu’ils ont divorcé, t’es devenu Adam, ton second prénom, que tu préférais de loin. Adam, alors. Ça t’arrive de lâcher tes dossiers ? D’arrêter de tout fouiller de fond en comble ? Non, on dirait pas. C’qu’on dirait bien, c’est que tu vas toujours au bout des choses, et que ces derniers temps, la mainmise que le Conseil exerce sur la justice et les enquêtes à Caswell te pompe réellement l’air. Mais on n’est pas non plus là pour parler de ça.

T’es qui, Adam, réellement ? Le gars au costume bon marché, qui se trimballe toujours avec ses trois chiens quand il ne travaille pas ? Ce type souriant, plein d’humour et d’énergie, s’offusquant faussement pour un rien et cachant bien des secrets ? Ouais. Un peu de tout ça. T’es un gars bien, les gens diront rarement le contraire. Et pourtant, tu as quelque chose d’animal, de sauvage ; de vorace. Tu ne te laisseras pas marcher sur les pieds, tu en arriveras tôt ou tard à monter sur tes grands chevaux, malgré le sang-froid dont tu es affublé. Tu restes calme, tu préfères régler les conflits par les mots, mais tu n’hésiteras pas à flanquer ton poing dans la figure d’un gars si tu estimes qu’il le mérite. Pour être francs, on dira même que tes colères sont d’autant plus intimidantes qu’il n’existe pas grande transition entre ta bonhomme humeur et ta hargne. À un moment, tu exploses, le plus simplement du monde. T’as une sacré droite, on te le dit souvent. Pas étonnant, lorsqu’on sait que tu as fait pas mal de boxe étant gamin. Y en a qui font du ping-pong, d’autres du foot, ben toi c’était la boxe, c’est tout. Ça t’a permis de te défouler, mais c’était pas pour autant que tu étais un violent partout où tu allais. Non. Fallait juste pas t’emmerder. Comme maintenant, en fait. Sauf que maintenant, c’est d’autant plus trompeur. T’as une bouille en laquelle on a envie de croire. Et parfois même, la tronche d’un p’tit gars qu’on aurait bien envie de martyriser. Proie facile, que les gens pensent en t’apercevant au loin. Tu rentres avec ton cartable en cuir rapiécé, ton costume parfois trop grand, ta cravate un peu relâchée. On dirait que t’as du fric. Mais pas trop. Le gars à plumer, quoi. S’ils savaient.

Le problème, une fois qu’on t’a emmerdé, c’est que tu te souviens de tout et de tout le monde. T’as une mémoire incroyable. Pas eidétique, oh non. Ce ne serait pas drôle, sinon. Hé, t’as dû bosser dur pour y arriver, hein, comme tout le monde. Mais tu es physionomiste. Tu te souviens des visages ; des noms également. D’autant plus que tu es instinctif ; tu as tendance à savoir lire dans les expressions corporelles des gens. S’ils te mentent, ou qu’ils cachent des choses, tu peux t’en douter. Pas en avoir le cœur net, tu ne connais pas non plus la vérité, mais c’est comme ça. Y a des expressions qui ne trompent pas. Et toi, en plus d’être curieux, t’es observateur.

T’es drôle. T’es sympa. T’es posé, de bon conseil, et attachant. T’es cultivé, intelligent, t’as un charisme et un talent de rhéteur qui surprennent agréablement. T’es curieux, tu aimes apprendre autant que savoir. T’as besoin de bouger, besoin de tes trois chiens pour te sentir chez toi. T’as besoin de ton boulot, malgré ce handicap à ton bras qui t’a réellement embêté les premiers temps, et qui te gênent encore aujourd’hui. T’es observateur, investi, entêté. Tu restes calme longtemps, mais quand t’exploses tu deviens violent. Parce que cette simple dernière phrase te définit si bien. T’as tout d’un gentleman. Sans le costume prada, par contre ; tu sors pas ton fric à tout bout de champ. Mais derrière le gentleman, c’est un requin. Ambitieux, vorace, sauvage, qui se protège et défend ses causes. T’es pas ambitieux. T’es pas hautain. Moqueur, parfois. Mais ce sont des moqueries gentilles. T’es un peu versatile, un peu imprévisible. Mais y a pas grand chose qui t’arrête, dans le fond.

Un requin, déguisé en poisson rouge.





→ Quel est votre sentiment vis-à-vis des étrangers ?
Je suis assez neutre sur ce point. Ils ne me dérangent pas ; j'ai vécu assez longtemps loin de la ville pour considérer qu'au final, je suis moi aussi à moitié étranger à Caswell. Je suis né en ville, mais j'ai passé du temps loin de cette bourgade. Qui a fini par me faire revenir, comme chacun, comme toujours. Les étrangers qui se croient tout permis à Caswell me pompent l'air. Les étrangers qui se la jouent victime et qui en deviennent paranoïaque, simplement parce que les habitants de la ville ont la réputation de maltraiter les gens qui viennent d'ailleurs, très peu pour moi. Ceux qui sèment le trouble, ils me courent sur le haricot, sauf si c'est pour répondre à des insultes, auquel cas je les comprends. Mais tout de même, s'il n'y avait pas d'étrangers à Caswell, je suis prêt à parier que je n'aurais pas de boulot. Ils ne me dérangent pas, mais faut pas prendre les requins pour des poissons rouges. Je ne fais pas de différence entre eux et les autres ; s'ils sont cons, je leur dirais.

→ Que pensez-vous du conseil municipal et de son action ?
Cartes sur table, c'est ça ? Okay, ils m'emmerdent. Gamin, j'en avais strictement rien à foutre. Ils décidaient tout, j'étais né dans cette optique et je m'étais fait à l'idée. Maintenant, c'est un peu différent. J'suis censé exercer le boulot de médecin légiste et de traiter en justice les affaires de meurtres de la ville, notamment. Je savais que ce serait pas une partie de plaisir de le faire à Caswell. Le conseil me fout des bâtons dans les roues. J'ai beau construire un dossier solide qui conduirait haut la main à l'emprisonnement d'un crétin, j'ai beau témoigner au tribunal, avoir le titre d'expert, si le Conseil Municipal de mes deux a décidé que Môsieur se baladerait librement jusqu'à la fin de ses jours et qu'il n'y aura aucune poursuite judiciaire, il n'y en aura pas, et mon dossier, j'me le fous là où on pense tous. Je n'imagine pas la rage du procureur, mais bon. Et si à l'inverse une fillette a renversé sa canette de soda sur un flic et qu'il est mort l'heure suivante tué d'une balle dans la tête, on va me demander de prouver scientifiquement par a + b la responsabilité de la gamine. J'extrapole, mais les choses sont ce qu'elles sont. Ils dirigent tout. Décident ce que je fais de mon boulot, dans le domaine judiciaire surtout. Et honnêtement, j'ai beau me battre, ça ne me sert qu'à m'attirer leurs foudres. Alors j'fais comme les chiens bien dressés. Je grogne sans mordre, animé de l'unique envie de leur faire bouffer leur justice à deux balles et ces dossiers qui me prennent des heures voire des jours et qui finissent au feu sans être lus. J'ai pas envie de finir ligoté dans un sac avec un poids au pied, noyé dans la mer, si vous voyez ce que je veux dire.

→ Que pensez-vous des récents événements ? Croyez-vous en toutes ces rumeurs surnaturelles ?
J'ai suffisamment vécu à Caswell pour y croire. Et même si ce ne sont pas dans les habitudes des gens de croire au surnaturel du premier coup, moi, j'y crois. Et je n'ai pas envie qu'on me prouve que j'ai bel et bien raison de piger toute cette merde. J'y crois mais j'aime pas ça. J'sais pas si je défendrais ceux qui sont différents. Après tout, ils y sont pour rien, ouais, c'est clair. Mais certains peuvent nous faire du mal, c'est un risque. Honnêtement, ça me fait flipper. Ça me rend curieux. J'y crois. Mais je sais qu'au final, dans le cas du surnaturel, ce serait la même chose que pour mes dossiers. Le Conseil impose une vérité, au bout du compte. Et fin de l'histoire.

→ Avez-vous un secret vous concernant à nous révéler ?
Le montant total du contenu de mon compte en banque vous ferait recracher votre champagne. Aha, on dirait pas pourtant, hein. Le clown qui vient toujours avec un costume bon marché et un peu froissé au tribunal, le gars qui détonne entièrement dans un magasin Prada, ou que sais-je d'autre. Je n'exerce pas le métier qui rapporte le plus au monde. Je ne suis pas mal payé, mais je suis loin de gagner des millions par mois. Alors d'où ça vient ? Papa et Maman. Ils se sont battus pendant des années pour savoir de qui j'hériterai la boîte. Et au final, ce ne fut ni de l'un ni de l'autre, mais bonjour la valeur des parts dont j'ai héritées, et de celles que j'ai revendues. Honnêtement, si j'arrêtais de travailler demain, je pourrais vivre aisément dans mon petit confort jusqu'à la fin de ma vie. Beaucoup le feraient sûrement. Mais moi, ça ne m'empêche pas de travailler tous les jours. Et de continuer à le faire. Je déteste cette idée de vivre en me reposant sur ce que m'ont laissé mes parents. J'appelle pas ça vivre. J'appelle ça se laisser vivre.

→ Avez-vous été témoin dans la ville de choses que vous aimeriez dénoncer ?
Le racisme, c'est une réponse qui vous suffit ? L'intolérance, plutôt, même. Les couleurs des gens sont une chose qui ne gêne plus autant que ... La sexualité, par exemple. Ou que l'intolérance face à la différence. Et pitié, je ne parle pas là spécialement de la xénophobie ambiante de la ville. Par différence, je parle de mon frère. Qui a toujours été méprisé, caché par ma salope de mère. Il venait à Caswell et passait deux semaines enfermé à la maison avec moi, à ne sortir que dans la cour intérieure de la maison. Pitié. Il était différent. Mais pas débile. J'suis pas le seul à l'avoir compris, mais à Caswell, pas loin. Il a causé le divorce de mes parents, à cause de ce putain de maintien des apparences qu'il faut avoir en permanence pour être bien vu, là-bas. Alors ouais. L'intolérance, je la dénoncerais volontiers.

→ Vous êtes pris dans un cyclone. Des débris sont tombés sur la personne qui vous est la plus chère et sur un enfant que vous ne connaissez pas. Si vous la sauvez cette personne vivra avec un handicap terrible mais l’enfant mourra. Si vous sauvez l’enfant il sera indemne mais l’autre mourra. Vous ne pouvez en sauver qu’un, alors que faites-vous ?
Beaucoup dirons certainement que je suis un monstre, mais la réponse m'apparaît comme une évidence, il est vrai. Disons que c'est un dilemme. Admettons que le choix soit cruel, que je vais probablement regretter cette décision jusqu'à la fin de ma vie. Malheureusement, je reste un être humain. Si je me retrouve pris dans un cyclone, qu'un enfant et la personne que je chéris le plus au monde sont tous deux pris sous les gravats, je peux d'ores et déjà vous dire que je ne verrais même pas l'enfant. Il aura beau hurler, je serais probablement aveuglé, comme toute personne normalement constituée, par mon égoïsme, ou pour être plus précis par la souffrance de cette personne que j'aime. Alors oui. Je ne remarquerais pas l'enfant. Entre le coeur et la raison, la raison n'aurait même pas pu tenter sa chance. Je me précipite. Je sauve la personne que j'aime. Y a des choses qui se remplacent pas. Pour les parents de l'enfant, c'est le fruit de leurs entrailles. Pour moi, c'est cette personne, également coincée. Et je ne la laisserai pas mourir.

“ only hate the road when you're missing home ”


« Mais c’est fantastique ! Oh, je suis si heureuse pour vous ! » Putain de faux-cul. Pourtant, tu souris. Tu acquiesces, regardant ta femme et son ventre rond, le plus simplement au monde. Tu fais semblant d’être heureux. Faire semblant. Comme chaque fois que tu vas quelque part, dans cette putain de ville que tu détestes du plus profond de ton être. Tu t’y es senti inexorablement attiré, sans savoir pourquoi tu as accepté un job qui était loin d’être celui de tes rêves, dans c’te misérable bourgade de Caswell. T’as rencontré Henley totalement par hasard et vous vous êtes tout de suite bien entendus. Elle était importante, dans c’te ville étrange, paraît-il ; ses parents, tout du moins. Elle n’a pourtant pas mis longtemps à devenir Madame Rosenbloom. Avec toute sa fierté et sa putain d’arrogance, mentant comme elle respirait pour te faire monter en grade dans le pauvre journal au milieu duquel tu avais mis les pieds. Jusqu’à te prêter du fric pour que tu ouvres ton propre journal. Maintenant, t’es riche. Elle, encore plus ; elle tient une entreprise privée d’avocats, avec un gars aux gros biceps et à la langue de pute que tu méprises comme tu respires. Et voilà qu’Henley est enceinte. « C’est une fille ou un garçon ? » Le sourire de Madame Oaken te fait tiquer, mais tu te contentes de le lui rendre. Tu laisses ta chère épouse répondre, puisqu’il n’y a qu’elle pour réussir à jouer suffisamment les hypocrites dans cette ville de tarés. « Un garçon ! » « Mon dieu, c’est tout simplement merveilleux. Quelle chance vous avez. » Tu parles. De la chance, de tomber enceinte onze ans après le premier, alors qu’ils avaient arrêté d’essayer depuis bien longtemps ? Ça tenait du miracle. Les conditions de stress dans lesquelles ils vivaient avaient rendu tout juste possible leur premier enfant, un deuxième était totalement inespéré. Lentement, tu tournes la tête vers ledit gamin, ignorant les compliments hypocrites — ou pour une fois sincères, qu’en sais-tu — des parents Oaken à l’intention d’Henley et de votre futur bonheur. Tu regardes ce gosse de onze ans, ses cheveux laissés un peu trop longs et moussant en boucles brunes autour de son visage fin, ses prunelles d’une couleur oscillante, entre le vert et le bleu sous éclairage terne. Pour souvent regarder ton fils dans les yeux, tu savais que lorsque la lumière le frappait de plein fouet, l’une de ses prunelles tirait étrangement plus vers le bleu, tandis que l’autre s’enfonçait dans un vert un peu plus franc. À chaque fois, il en souriait. Adam ressemblait à sa mère. Ou plutôt, Theodore, comme elle avait choisi de l’appeler, et comme elle le nommait à tout va, n’écorchant jamais la moindre syllabe de son prénom. C’était pas Ted. Non. Theodore. Putains d’apparences à conserver.

Le p’tit Adam, comme tu l’appelles intérieurement, il joue dans son coin. Ou presque. L’aînée des Oaken est face à lui. Il lui sourit, il rigole. Fait le pitre, légèrement. Il essaie de la dérider. De la faire jouer avec lui. Au début, il ne tirait que trop peu de réactions de la petite. Maintenant, ça allait mieux. Il avait trouvé comment la faire sourire. Et toi, tu les regardais, de temps en temps. Contrairement à Henley, qui en oubliait son fils, dès qu’elle se retrouvait face à la cadette parfaite de ses fabuleux amis. Toi, tu le trouves attachant ton fils. Tu aimes passer du temps avec lui. Tu espères lui transmettre ta passion pour la lecture et l’écriture. En tout cas, il a ta curiosité envers le monde, c’est tout ce que tu sais. Et ton second fils ? Comment sera-t-il ? Est-ce qu’il sera aussi faux que sa mère ? Aussi ouvert que son frère ? Est-ce qu’il aura les yeux verts d’Henley, ou les lacs bleus qui te servent de prunelles ? Est-ce qu’il aura les cheveux bruns et bouclés de ta femme, si souvents tenus attachés, ou tes mèches autrefois de jais, maintenant grisonnantes, drues et impossible à dompter ? T’en sais rien. Ça t’intrigue. Adam tourne la tête vers toi, te sortant de tes pensées. Tu lui souris. Tu poses à nouveau ton regard sur Henley. Votre couple bat de l’aile depuis quelques temps. Tu espères que cet enfant le redressera. Avec un peu de chance, tout ira bien.

Avec beaucoup de chance, tout se passera bien.

+ + + + +

Tu prends ton front à deux mains, l’air exaspéré. Et, instinctivement, tu lui tournes le dos, ignorant ses hurlements qui te percent les tympans. Si tu t’écoutais, tu lui hurlerais dessus aussi. Ta voix est plus puissante ; tu lui défoncerais les oreilles. Et tu y prendrais un malin plaisir, c’est peut-être ça le pire. Elle t’emmerde. Je crois que c’est clair. Tu ne veux plus avoir affaire à elle. Tu la détestes. Tu n’en peux plus. Elle ose te parler comme si tu n’étais qu’un chien, qu’une sous-merde, alors qu’Henry est là. Elle est partie du principe qu’il ne comprenait rien. Tu as beau lui expliquer dans toutes les langues que tu connaisses qu’il est autiste, pas débile, elle n’imprime pas. Tu n’en peux plus. Tu vas craquer. « Qu’est-ce que tu ne comprends pas, dans le fait qu’on peut rien pour lui ?! Je l’ai jamais voulu cet enfant, tu le sais, t’étais le premier au courant, et tu m’as convaincue d’arrêter de faire la tronche quand j’ai découvert que j’étais enceinte. Soi-disant que ça allait arranger les points de vue, et notre couple. Et tu sais quoi ? J’ai accouché d’un attardé, à cause de toi ! » C’est à cette seconde précise que la porte d’entrée s’ouvre. Les prunelles d’Adam s’écarquillent, croisant les tiennes. Tu as les yeux exorbités, dos à Henley. Tu vas lui hurler dessus. Tu ne vas plus jamais te laisser marcher sur les pieds par cette harpie. Cette sorcière. À en regarder Adam, tu en déduis qu’il a entendu plus que ce qu’il n’aurait dû en entendre. Ses yeux se posent sur Henry. Au moment où il se jette sur son frère pour le prendre dans ses bras, tu remercies le ciel qu’au moins un Rosenbloom dans cette maison soit doté d’un quelconque sens de raison. Toi, tu es trop con pour te sentir concerné par tout ça. Mais Adam, lui, ne laissera pas Henry. Il l’aime, son frère. L’autre, derrière toi, ça ne l’empêche pas de continuer à hurler comme une crécelle. « J’aurais jamais dû t’écouter, toi et tes conseils éternellement pourris. J’aurais dû me faire avorter. » C’est à ce moment là que le vase déborde. Tu te retournes brutalement, et tu pointes un index accusateur vers elle. Éructant de rage. « TA GUEULE, MAINTENANT. TA GUEULE ! » Derrière toi, Adam plaque ses mains sur les oreilles de son frère. Lui aussi est persuadé qu’Henry comprend tout. Il lui cale la tête contre son torse, pour qu’une oreille soit bouchée par son pull. Il lui maintient l’une des paumes sur la seconde oreille, le serrant contre son cœur avec douceur, enroulant son second bras sous ses fesses de bébé pour le hisser contre lui. Pendant ce temps, Henley ouvre la bouche pour répliquer. Que t’as pas à lui parler comme ça, que t’es qu’un connard et un lâche, qu’elle te déteste et qu’à cause de toi votre réputation est foutue. Mais tu ne lui en laisses pas le temps. Oh non. C’est terminé, tout ça. Terminé. « Maintenant tu fermes ta gueule, okay ? Ta putain de réputation, j’en ai rien à secouer. Tes sourires mielleux me donnent envie de gerber, alors ta bonne image, tu te la fous là où j’pense, et j’viendrais pas t’aider, t’as plus besoin de moi depuis longtemps. T’as qu’à demander à ton super associé de te le faire, je suis sûr qu’il attend que ça ! » Tes paroles dépassent ta pensée. Mais tu as bien vu comment ce connard regardait TA femme. Et ouais. T’es jaloux, mon pauvre. L’éclair d’un instant, tu te souviens qu’Adam est derrière toi. Et que s’il bouche avec précautions les oreilles de Henry, lui les a grandes ouvertes. Faudra que tu t’excuses. Même si ce n’est plus un gamin, il n’avait pas à entendre tout ça. Va falloir lui demander pardon. « T’as fait deux gosses, alors tu les assumes tous les deux ! Sinon tu vas passer pour une mère indigne, en plus de la mère de l’attardé. Tu en veux de la réputation ? Bah bouffe-en, mais toute seule. Moi, j’en veux plus, j’en peux plus. » La sentence va claquer. Un instant tu reprends ta respiration, haletant comme un bœuf, ta carrure imposante et dense n’aidant pas. Derrière toi, c’est comme au ralenti. Adam a soulevé son frère, et s’est éloigné. Le plus vite possible. Le petit serré contre son cœur. La porte de sa chambre se referme, plus lentement que de nature. « Je dem… » La porte claque. T’interrompt dans ta lancée. Tu t’arrêtes. Serre les dents. Et te lance à nouveau. La sentence tombe, d’un ton sec et sans appel. Adam l’entendra sûrement. Mais tu n’y penses pas. Emporté par ta rage et ta colère. Tu t’excuseras plus tard.

« Je veux divorcer. »

C’est terminé.



« Tu m’expliques ce que c’est que ça ?! » Tu cries. Comme d’hab’, te diraient beaucoup de gens. Mais tu ne peux pas t’en empêcher. Dès que quelque chose ne te plaît pas, ou te contrarie, tu cries. C’est ton caractère. De merde, certes, mais ton caractère. « Arrête, tu lui fais mal. » Le ton est sec. Ton fils te regarde droit dans les yeux, dents serrées, narines légèrement dilatées sous le coup de la colère. Une expression qui le trahira toujours, mais dont il n’a cure. Et toi, tu fous quoi ? Tu continues de tirer sur le bras de Henry. Ce bras couvert de petits dessins noirs, visiblement exécutés au marqueur, ou du moins au feutre noir. C’était pas là ce matin, quand t’es partie. Mais là, ça l’est. Et ça t’énerve. « Réponds-moi. Qu’est-ce que t’as foutu encore ? » Il voit rouge, ton Theodore. Et t’es trop conne pour le remarquer. Et de quoi tu te mêles, d’ailleurs, hein ? Il fait ce qu’il veut, avec son frère. T’façon, depuis que tu as appris qu’il était autiste, tu as littéralement cessé les gestes d’affection à son égard. Henry n’est qu’une chose, molle poupée de chiffon, quelque chose que tu cacherais au fond d’un placard pour ne pas mourir de honte. Tu as enfanté un autiste. Qu’as-tu fait, pour mériter cela ? « Lâche-le. Tu lui fais mal. » C’est presque un grondement, sourd de colère et menaçant. Henry se tortille, essaie de récupérer ce bras que tu retiens avec force, par le poignet, le levant aussi haut que tu peux, obligeant parfois ton fils à sautiller sur place. Il ne pleure pas. Il gémit juste, pour le moment. Mais Theodore, lui, ne supportera pas la moindre larme. Au fond, tu le sais. Mais dans tes putains d’apparences clichées, tu t’en tapes. Tu secoues le bras de Henry. « RÉPONDS-MOI. » Le petit garçon pousse un nouveau couinement. Les larmes s’échappent de ses grands yeux bleutés. « TU LUI FAIS MAL, PUTAIN. » Et, brusquement, comme tu aurais dû t’y attendre à un moment ou un autre, Adam se jette sur toi. Attrape ton bras, celui de Henry, et te force à lâcher. Il a dix-huit ans, ce n’est plus un enfant. Il a plus de force que toi, et tu cries sous le coup de la surprise. De la douleur ? Non, ce serait du chiqué. Il t’a certes fait mal, mais pas assez pour un cri strident, ou pour que tu te plaignes. Henry se jette au cou de son frère, pleurant à chaudes larmes, tremblant. C’pas dans tes habitudes de lui faire du mal. Mais là, tu es hors de toi. Adam est accroupi, il tente de se relever en calmant Henry. Celui-ci vous a entendu hurler et, comme toujours, son hypersensibilité a explosé au grand jour. Il tressaille, tremble, pleure à chaudes larmes, les yeux fermés, agité de sanglots incontrôlables. Et toi, tu sais pas t’arrêter. « Tu lui as dessiné dessus ?! J’hallucine, t’avais pas autre chose à foutre de ta journée que de prendre ses bras pour des feuilles ?! » Il se redresse, ouvre la bouche. Sans réfléchir, ta main claque sur sa joue. Il tressaille. Henry s’est tu. Regarde son aîné porter sa main à sa joue, d’un air terrifié. Le bruit lui a fait peur. « Tu arrêtes de me répondre, maintenant ! J’suis sûre que tu as encore invité ce type, là. Celui dont le père s’est suicidé. » Adam serre les dents de plus belle. Son torse se soulève de plus en plus rapidement. Et toi, tu continues dans ta rage veine, aveuglée par cette colère infondée. T’es incapable de te rendre compte que tu le pousses à bout. Qu’il te déteste. Que c’est pour ça qu’il est toujours barré, et qu’il apprécie que tu ne sois pas là. Quand tu prends Henry en vacances, l’été, deux semaines par an, tu les laisses presque deux semaines seuls. C’est l’arrangement passé avec le juge ; il faut qu’il soit deux semaines chez toi. Mais avec toi, c’est une autre histoire. Adam s’occupe de lui, c’est tout ce qui compte. Toi, tu ne veux pas avoir affaire à Henry. Adam part toutes les autres vacances chez son père, pour aller les passer avec Henry. Henry, Henry, Henry. Il a que son nom à la bouche, ça t’horripile. Au final, y a-t-il quelque chose qui ne t’emmerde pas, chez ton fils ? T’espères qu’il fera du droit ; il te rit au nez. Tu insultes Henry et ton ex mari, il t’insulte aussi. Tu te pavanes avec ton nouveau mari, ton associé, et il le méprise. Tout simplement. « Il s’appelle Ysmael. » « Ouais, bah … » « Bah rien du tout. Faut que je te fasse un dessin pour te faire comprendre qu’Henry est malheureux avec toi ? Que lorsqu’il est avec moi, il est bien ? Et que quand Ys’ vient s’amuser avec lui, il est tout simplement enchanté ?! » Tu serres les dents. Mais il n’a pas fini. Il a du caractère, ce gosse. « Aujourd’hui, il a vu le tatouage d’Ys’, et il en voulait aussi. Alors au lieu de l’emmener chez le tatoueur, on lui a dessiné avec du feutre lavable sur les bras. Il était heureux. T’aurais dû voir ses yeux. Ils pétillaient de joie. Mais non, c’est vrai. T’en as rien à foutre. Il peut bien chialer, tu t’en tapes. C’est qu’un inconnu pour toi. Tu ne sais même pas ce qu’il aime manger, ni ce qu’il aime tout court. » Les tons alternent. Il parle, puis crie. Recommence à parler. Il n’en peut plus. « C’est ton fils, et tu ne le connais même pas. Mais moi je le connais. Et je l’ai jamais vu aussi heureux que lorsque « ce type », comme tu dis, lui prête son blouson et le laisse faire le tour du salon avec ! » Il déglutit. Il a soulevé Henry, qui s’est remis à pleurer, et l’a serré contre son torse. L’enfant a enroulé ses jambes autour de son ventre, et s’accroche de toutes ses forces à lui en laissant couler ses larmes, tremblant et sanglotant. Il faut toujours que tu cries lorsqu’Henry est là. T’as jamais pigé qu’il était aussi sensible que n’importe qui. Voire même beaucoup plus. « Tu le détestes ? Tu ne veux pas t’en occuper ? Très bien. Il a pas besoin de toi. Mais alors dans ce cas, assume de n’en avoir rien à foutre jusqu’au bout. » Il te tourne le dos, sur ces mots, posant une main sur la tête de Henry pour la maintenir contre son épaule. Soupirant. Murmurant à l’enfant quelques mots doux. « Allez viens. On va aller prendre une douche et faire un dessin ensuite. » Quelques gémissements. Ils s’éloignent dans le couloir, tandis que tu restes plantée là, battant des cils, passant une main sur ton front, quelque peu hors de toi. Sauf que t’en as marre de te battre. D’autres gémissements. Et une dernière fois, la voix d’Adam. « … Oui, un câlin aussi, si tu veux. Autant que tu veux. » Ta famille ne ressemble même plus à une famille. Mais tu t’obstines à croire que tu contrôles quelque chose. Tout est de ta faute.

Mais jamais tu ne l’admettras.

+ + + + +

Au loin, tu regardes la silhouette de ton fils. Ses boucles brunes, ses grands yeux remplis de compassion. Depuis quelques années, tu ne le vois quasiment plus, à vrai dire. Il est parti faire sa putain de fac de médecine, faisant bien exprès de te l’annoncer à la dernière minute. Il ne t’a rien dit, au début, prétextant ne pas avoir grands projets d’avenir. Son père avait mis pas mal d’argent à sa disposition, et ce petit abruti avait trouvé un appartement avant même qu’il ne te parle de ses projets. Faut dire que le journal de ton ex-mari marchait à merveille. Il n’avait apparemment même pas protesté lorsque son fils avait manifesté son désir de se lancer dans sa propre carrière. Il ne reprendrait ni l’entreprise de son père, ni celle de sa mère. Toi, ça t’offusquait, et te montrait définitivement que ton fils était presque aussi demeuré que son frère. Le diagnostic médical en moins. Enfin. Au moins, depuis qu’il faisait ses foutues études de médecine à Portland, il te laissait la paix. Il revenait deux semaines l’été, logeant chez toi pour s’occuper d’Henry, chez des amis s’il y restait plus longtemps. Et en général, il emmenait Henry dans son appartement à Portland, quelques temps, aussi. Il était devenu beau garçon, fallait bien lui reconnaître ça. Mais il ne te parlait presque plus. Les seuls moments où vous vous parliez étaient ceux où tu lui donnais les dates de la venue de Henry pour les vacances d’été. Triste réalité. Mais c’te fois-ci, ç’avait été différent. Dans la conversation, tu lui as glissé quelques mots. Tiens, la fille Oaken est morte, au fait, les funérailles c’est demain. Juste comme ça. Ignoble femme ? Probablement. Mais ils t’avaient traitée comme de la merde en apprenant qu’Henry était autiste. Alors tu avais eu l’occasion de leur rendre la pareille. Tu ne savais pas quelle réaction attendre de la part de ton fils. Et lorsqu’il a débarqué au cimetière, le lendemain, soit aujourd’hui même, tu as été surprise. Tu es venue aussi, en tant qu’ancienne amie, et parce que la moitié de cette ville de faux-culs était conviée. T’as assez bien sauvé les apparences, au bout du compte, on te respecte presque à nouveau. Enfin bref. Ton fils aîné est là. Henry n’arrivera pas tout de suite. Vivement que le juge accepte qu’il ne vienne plus chez toi. T’en peux plus. Et tout le monde serait soulagé. La preuve, pour la première fois depuis des années, Theodore te soutient pour quelque chose. Ouais. Il veut plus que Henry ait à venir chez toi. Il veut pouvoir le prendre chez lui, éventuellement. Tu t’en tapes. Tant qu’Henry ne met plus jamais les pieds à Caswell, ça te va.

Tu plisses les yeux. Adam s’est éloigné. Un léger sifflement s’échappe d’entre ses lèvres. Il se casse avec la p’tite Oaken. Il en a vraiment rien à foutre, de ta réputation, hein ? Toi, tu lui lègues ton fric, et lui, rien. Ingrat. Tu les regardes s’éloigner, quelques instants. Réalisant que tu ne connais rien de ton fils. Tu sais juste que son dernier soir de lycée, tu l’as cueilli quand il rentrait. Complètement bourré. Ramené par ce gars que tu ne blairais pas, Ysmael. Adam est parti pour Portland le lendemain, et n’est revenu qu’un mois plus tard, pour Henry. D’ailleurs, Ysmael aussi est parti, quelques jours plus tard. Tu ne l’as jamais revu. Tant mieux. Il avait mauvaise influence sur ton fils. Si tu savais, ma pauvre. Si tu savais qu’ils s’étaient embrassés, à cette dernière soirée, pour un pari idiot. Si tu savais que leur gage, ç’avait été de se rouler une pelle. Si tu savais qu’ils avaient tous les deux plus qu’apprécié, sans oser se le dire. J’crois que tu deviendrais folle. Tu regardes ton fils et cette gamine s’éloigner. Cascade rousse, boucles brunes. Tu les détestes. Tu le détestes. C’est évident, maintenant. Pourtant, c’est ton fils. Une petite part d’affection, quand même. Tu te dis juste que s’il mourrait, tu serais tout de même triste. Après tout, t’as pas d’autre héritier. Henry fait pas parti de ton testament. Et puis quoi encore.

Tu tournes le dos, finalement. Tu les laisses partir. Il ne t’a même pas adressé un mot. Vos regards se sont croisés durant l’enterrement, mais il n’est pas venu te voir après. Très bien. Qu’il la vive, sa vie. Qu’il les finisse, ses putains d’études de médecine. Le juge va t’accorder le droit de ne plus le voir. Et il arrêtera de venir à Caswell. Il arrêtera de polluer ton champ de vision, et de ternir l’image de ta famille.

Mais en reste-t-il seulement la moindre image ?



Les bips réguliers de la machine ne te font plus ni chaud, ni froid. Tu griffonnes quelques mots sur la fiche de suivi de l’homme, alors qu’il dort encore. Il a fermé l’œil, quelques minutes, probablement encore trop fatigué pour rester éveillé toute une journée d’affilée. Lorsque tu es passée dans le couloir, il y a cinq minutes de cela, il était éveillé, regardait l’extérieur par la fenêtre aux stores ouverts de sa chambre. Tu t’es dit que tu allais lui demander comme il se sentait. Au final, le temps que tu déposes le dossier de Mrs. Reider à l’administration, il s’était rendormi. Tu as soupiré, en entrant. Mais ses constantes étaient bonnes, rien à signaler. Tu as donc pris la peine de remplir la fiche de suivi. Depuis combien de temps est-il là ? Quelques jours. Quatre, qu’il te semble. Cinq, tout au plus. Tu continues de griffonner quelques valeurs, dans tes pensées. Tu n’étais pas de service, tu as lu son dossier en arrivant, le lendemain. Il avait été percuté par un chauffard. Accident ou tentative de meurtre ? On n’en savait foutrement rien. La voiture avait déboulé, alors qu’il marchait tranquillement. Elle était allée le chercher sur ce putain de trottoir, en pleine nuit, sous les hurlements des quelques passants attardés en ville. Ils avaient immédiatement appelé les secours. Lorsque l’homme de la voiture s’était extirpé du véhicule, il s’était approché de la victime. Sans réfléchir, quelques personnes l’avaient attrapé, éloigné. Il avait fait réveiller les chirurgiens de garde. Mais au moins, il était vivant.

Tu relèves les yeux, te sentant observée. Tes prunelles croisent les siennes. Tu bats des cils, quelques instants, surprise. Puis tu lui souris. Il te rend ton sourire, cette expression douce et apaisée passant sur son visage. Il est beau. Tu ne peux pas t’empêcher de te faire la remarque, chaque fois que tu le vois. Tu ne sais pas ce qu’il pense de toi. Ça ne devrait pas t’angoisser, après tout les relations de patient à professionnel sont interdites. Pourtant, ton cœur battant, lui, il s’en soucie. Ta collègue s’est moquée de toi, lorsque tu lui as lâché d’un ton léger que tu ne le trouvais pas désagréable à regarder. Pas mon genre, qu’elle t’a dit. Tu t’es sentie idiote. Mais maintenant que tu le regardes, ça n’a plus d’importance. Tu baisses les yeux, lentement, reposant sa fiche de suivi, glissant ton crayon dans la poche de ta blouse. Les mots s’échappent de tes lèvres, le plus neutrement possible. « Alors, comment vous vous sentez ? » Au silence léger, tu devinais qu’il voulait plaisanter. Mais au sourire résigné qu’il afficha, tu présumais qu’il n’en avait finalement pas encore le cœur. « Mieux … » « Votre bras ? » Il bougea les doigts de sa main droite, légèrement, les repliant avant de les ouvrir. « Je sens moins que ce matin. » Tu affiches un sourire assez tranquille, le cœur néanmoins pincé. Tu sais que les terminaisons nerveuses de son bras sont endommagées. Il arrive à bouger, mais sentir sera une autre paire de manches. « Ça va revenir petit à petit. » « C’est vrai ? » Tu avais baissé les yeux vers la fiche de suivi, retournant corriger quelques inscriptions et indiquer ses engourdissements. Tu relèves tes prunelles, le cœur ratant un battement face à son sourire tranquille mais douloureux. Il veut la vérité. « … Je n’en sais rien. Je l’espère. » Tu te sens stupide. Tellement idiote. Tu voudrais disparaître. Tu n’es même pas médecin ; tu n’en sais rien. Il te regarde d’un air tellement tranquille. Comme s’il s’était fait à l’idée qu’il allait souffrir pour le reste de sa vie de cet accident. Tu pousses un léger soupir, essaie de garder ta contenance. Tu surveilles sa sonde, du coin de l’œil. « Et votre ventre ? » Il déplace sa main gauche, effleure lentement son abdomen par-dessus la couverture, le pyjama d’hôpital et l’épais bandage qui recouvre la cinquantaine de points de suture plus ou moins alignés. « … Ça ira. » Il enlève sa main, pose sa tête sur son oreiller. Tu le regardes toujours, déglutissant. Tu te demandes qui a bien pu lui faire ça. Ça ne te regarde pas, bien entendu. Mais tu es tout de même en droit de te poser la question, tant qu’elle reste informulée. « Dites ? » Tu relèves précipitamment la tête, les joues roses, le cœur battant. Il te parle, te retient alors que tu allais sortir de sa chambre en lui souhaitant bonne journée. « Oui ? » Il te sourit à nouveau, bien que les traits tendus et l’air fatigué. « C’est quoi votre nom ? Simple curiosité. » Tu déglutis, légèrement décontenancée. « Watkin. » Il ferme les yeux, un sourire comme tu n’en avais jamais vu étirant ses lèvres. Tu rosis de plus belle, ayant comme l’impression qu’il se retient de rire, à cause de son ventre. Il finit par rouvrir les yeux, les coins des lèvres remontés au plus large. « Je voulais dire, votre prénom. » Tu te sens idiote. Mais tu ne pouvais pas savoir. Tu souris. « Oh. Dominique. » Son sourire s’adoucit, son regard se mêle au tien. « D’accord. » … C’est tout ? Tu restes plantée comme une idiote. Bon sang. Un sourire nerveux finit par se poser sur tes lèvres, alors que tu hoches la tête. Tu n’as qu’une idée : ressortir de cette chambre. Et d’ailleurs, tu as déjà fait volte-face. Tu repars, dos à lui. Et quelques mots te parviennent. « C’est un joli prénom. » Tu souris. Un dernier regard. Simple. « Merci. » Et tu t’en vas. Le cœur battant. La sensation d’être une imbécile finie pesant sur tes épaules. Mais le compliment te résonne dans la tête, alors que tu traverses le couloir d’un pas rapide.

Tu ne le trouves pas joli, toi, ton prénom.



Tu bailles lentement doucement, assis sur ton canapé. Un coussin sur tes genoux, paisiblement. Adam vient de partir. Il est parti avec Dominique. Tu le sais, oui. Tu l’as bien compris. Contrairement à ce qu’ont toujours cru beaucoup de gens, tu es loin d’être stupide, Henry. Tu as juste toujours eu un énorme problème de communication avec le monde extérieur, un gros handicap d’expression, et un retard prononcé. Pendant des années, tu n’as pas trouvé meilleur moyen que tes dessins pour prendre contact avec l’extérieur. Mais personne ne l’a jamais compris. Tes dessins étaient troubles, à leurs yeux. Tous identiques. Pendant longtemps tu ne dessinais que toi et ton frère, Adam. Juste vous deux. Et puis tu as rencontré Ysmael, lorsque tu avais quatre petites années. Tu t’en souviens. C’est ça le pire ; même maintenant, alors que tu ne l’as pas vu depuis neuf ans maintenant, tu te souviens encore de lui. Quand il jouait avec toi et ton frère, que tous deux s’occupaient de toi, c’étaient les seuls moments où tu te sentais vivre. Bien sûr que tu exprimes cela autrement, dans ton langage. Mais c’est le seul moyen de l’expliquer. Durant ces moments-là, tu te sentais vivant. Il y a toujours trois garçons, sur tes dessins, même maintenant. Les premiers temps, Dominique s’est étonnée. Tu l’as dessinée, une fois. Mais tu n’as pas aimé ce que tu as fait. Immédiatement, tu l’as déchirée, et t’es lancé dans un autre croquis de toi, Adam et Ysmael. Pour toi, il ne semble y avoir que vous trois. Il n’y a jamais eu que vous trois.

Ton regard se détache quelques instants de la télévision, alors que tu le déposes sur l’écharpe, laissé négligemment là, sur le dossier de cette chaise. Il l’a oubliée. Tu affiches une mine terrifiée. Tu sais bien qu’il fait froid, dehors. Dominique l’a dit à Adam avant de partir. Tu touches le tissu autour de ton propre coup. Elle t’en a offert une, à toi aussi, d’écharpe. Presque la même que ton frère, mais pas tout à fait. Tu étais tellement heureux, en ouvrant le cadeau. Tu l’aimes bien, Dominique. Elle rend heureux ton frère. C’est peut-être d’ailleurs pour cette raison que tu l’aimes bien, mais que tu ne l’inclus jamais dans tes dessins ; c’est ton frère, qu’elle rend heureux. Toi, elle te fait bondir de joie lorsqu’elle te comble de cadeaux. Parfois, aussi, quand elle te serre dans ses bras. Mais c’est Adam qu’elle serre le plus. C’est lui qui a le droit a la majorité des câlins. Tu l’aimes bien, Dominique. Mais elle ne te rend pas aussi heureuse qu’Ysmael a pu te rendre heureux, en aimant autant ton frère que toi. Cette écharpe, c’est différent. Il fait froid, dehors. Et Adam avait promis qu’il la porterait la prochaine fois qu’il sortirait. Et là, il est sorti. C’est clair dans ta tête. Il doit la mettre. Et il faut la lui apporter.

D’un bond, tu te lèves. Tu éteins la télé, tu t’empares de l’écharpe, et tu sors de l’appartement. Tu ne prends pas le temps de fermer à clé. Ils ne sont partis que depuis cinq minutes, même pas. Et Adam t’a confié qu’il n’emmènerait pas Dominique plus loin que le bistro en bas de l’immeuble. Comme ça, s’il y avait le moindre problème, il était tout près. Tu l’avais rassuré, à ta manière. Tout irait bien. Et te voilà, dévalant les escaliers de l’immeuble. Tu glisses, tu te rattrapes in extremis. L’écharpe en main. Tu as la tienne bien serrée autour du coup. Tu respires rapidement, ton petit cœur bat la chamade au fond de ta poitrine. Tu dois les rattraper. Et lui donner son écharpe. Il a promis.

T’as quoi, Henry ? T’as quinze ans ? Ouais, c’est ça. Quinze ans. T’es jeune. T’as la vie devant toi. Un handicap certes lourd, mais tu as toute ta vie pour continuer à faire des progrès. Tu deviens à peu près intelligible parfois, d’ailleurs. Tu es heureux, lorsque Dominique peut te comprendre. Adam t’a presque toujours compris. Il a appris ton langage en même temps que tu le découvrais, même s’il ne passait que par quelques mouvements des doigts, des légers cris et des gémissements. Puis ensuite, tu as appris à prononcer quelques mots. Encore maintenant, les gémissements et les cris sont tes meilleurs moyens de communications, et les plus faciles. Mais tant pis. Tu fais des efforts. Tu as bien progressé depuis que Domi vit avec Adam, et quand tu passes les vacances chez eux, tu apprends bien. Tu es intelligent. Ni l’un ni l’autre n’en doutent ; et c’est ce qui te donne confiance en toi, Henry. Même si tu ne t’en rends pas toujours compte.

Soudain, tu les aperçois. Tu as déboulé sur le trottoir. Et en effet. Ils sont juste là. De l’autre côté de la rue. Une bouffée d’espoir envahit ton cœur. Tu vas pouvoir lui donner son écharpe avant qu’ils ne rentrent dans le restaurant. Tu rentreras ensuite tranquillement te remettre devant le film qui passe à la télévision. Et tout ira bien. Tu les attendras sagement. Tu le promettras à Adam, s’il le faut. Tu seras sage. Il faut juste qu’il récupère son écharpe. Tu t’approches en courant du bord du trottoir. Ils sont de l’autre côté. Juste de l’autre côté. Tu pousses un léger cri, essayant d’appeler ton frère. L’intonation est cachée par le brouhaha ambiant des passants et des voitures. Tu cries plus fort. Trop pour te permettre d’articuler réellement les syllabes. Et puis tu es pressé. Tu n’y penses pas. Tout ce que tu veux, c’est qu’il t’entende. Enfin, tu vois Domi tourner la tête. Elle t’a entendu. Ton cœur s’agite un peu plus. Ses cheveux retombent sur ses épaules. Elle t’a vu, sautillant sur ton trottoir, l’écharpe levée au-dessus de ta tête, les passant te jetant un regard fort étrange. Ils se demandent ce que tu fais. Ce que tu vas faire. Elle aussi. Elle a une mine étonnée, le cadavre d’un sourire amusé flottant encore sur ses lèvres. Sûrement une blague d’Adam. C’est vrai qu’il est drôle, ton frère. Il t’a toujours fait rire.

Il est dos à toi, tu le vois bien, de loin. Dans son manteau. Domi tient encore son bras. Elle a un air interrogateur au fond du regard. Tu ne la regardes pas. Tu regardes Adam. Tu serres l’écharpe. Un autre cri, pour qu’il t’entende. Tu fais trois pas en courant.

Sur la route.

Ton écharpe, Adam, que tes cris semblent vouloir dire. T’as oublié ton écharpe.

La voiture te percute de plein fouet, sans avoir le temps de freiner.

+ + + + +

Ta respiration ne s’est pas vraiment calmée, depuis tout à l’heure. Ta main est posée sur celle d’Adam, ta paume contre le dos de la sienne. Tu crispes tes doigts autour des siens. Il ne te rend pas l’étreinte, mais tu sais que s’il ne voulait pas de ce contact, il l’aurait rompu. Les images se bousculent dans ta tête. Les hurlements, les bruits de pas étouffés, les crissements de pneus. Tu trembles encore, secouée. La scène repasse en boucle devant tes yeux, et tu ne peux absolument rien y faire. Dans tes rêves les plus fous, tu arriverais à traverser avant que tout ne se passe. Dans tes rêves les plus fous, tu aurais fait signe à Henry d’attendre. Il t’aurait compris. Mais tes rêves les plus fous sont faits pour rester des rêves. C’est la vérité qu’il faut vivre, et tu le sais. La vérité, c’est que tu es assise sur ce fauteuil parfaitement inconfortable, dans cet hôpital puant la mort et la désolation. Tu y travailles tous les jours. Mais aujourd’hui, tu y es pour la pire raison qui puisse exister. Henry.

Tu n’en peux plus. T’as l’impression d’entendre ses cris. T’as l’impression que le monde s’effondre autour de toi, encore et toujours. Puis qu’il se reconstruit, avant de reprendre un malin plaisir à se détruire à nouveau, te faisant souffrir chaque fois plus que la précédente. Tu revois tout. Et tu souffres. Les joues couvertes de cadavres de larmes. Impuissante.

Il te semblait bien avoir entendu un léger gémissement, un petit cri, au milieu des voitures passantes. Tu le vois, le bras tendu vers le ciel, l’écharpe que tu avais offerte à Adam en main. Tes lèvres s’entrouvrent en un hurlement qui t’apparaît muet. Adam ne comprend pas encore. Tu ne t’es qu’à peine détachée, à peine retournée. Un sursaut agite ta cage thoracique et ton cœur se remet à battre comme jamais. Tu as lâché Adam, ton corps s’est tendu en direction du bord de la route. Un nouveau cri s’échappe d’entre les lèvres de Henry. Il agite l’écharpe. Tu veux lui hurler de ne pas venir. Mais rien ne sort.

Tu as le cœur qui s’accélère. Ta main se resserre sur celle d’Adam. Il ne réagit pas. Ta seconde paume vient passer sur ton visage, chassant d’éventuelles larmes qui auraient eu l’idée de ressurgir. Tu n’arrives pas à ne pas y penser. Tu ressens la même chaleur sur la nuque, depuis tout à l’heure. Le même point de malaise. La même nausée. Tu te sens mal. Si mal.

Les papillons noirs dansent devant ton regard. Le monde est comme fait de coton. Tu t’enfonces, progressivement, lèvres entrouvertes. Tes cils battent lentement, tandis que l’air n’atteint plus tes poumons. Les sons se sont engourdis depuis quelques interminables secondes déjà. Le prénom crié par ton Adam était déjà lointain. Il t’a bousculée. Il est passé.

Tes yeux se ferment. Ils se rouvrent sur Adam. Ton Adam, le regard fou, tremblant comme une feuille. Il est trop loin pour que tu l’entendes. Mais alors qu’il slalome entre les voitures brutalement arrêtées, tu devines le mot franchissant maintes fois ses lèvres. Comme une fatalité. Non.

Tes yeux se ferment. Ils se rouvrent. Sa détresse te fait tourner la tête, les hurlements que tu devines entre ses lèvres n’ont d’égale que l’horreur dont tu le sais envahi. La scène vacille. Cette souffrance te rend malade. Te donne envie de vomir. Ce n’est qu’un rêve. C’est la sensation que tu as. D’être en train de rêver. C’est ça. C’est un rêve. Et tu vas te réveiller dans ses bras. Au calme. Chez vous.

Ce n’est qu’un rêve.

Tes yeux se ferment. Tu ne les rouvres pas.


Ce n’était pas un rêve.

Un sanglot agite ta poitrine. Tu essaies de te calmer. Tu tournes la tête vers Adam. Il n’a pas versé une larme depuis l’accident. Le choc l’avait emporté sur le chagrin, et la panique avait éradiqué toute trace de larmes de ses yeux. Tu bats des cils. Tu déglutis. Lentement. « A… Adam ? … » Ta voix est étranglée, remplie de tristesse. Il ne tourne même pas la tête vers toi, battant simplement des cils. « Hm ? … » Ton cœur bat de travers. Tu as le sentiment que tout glisse. Que tout t’échappe. Mais tu trouves tout de même le courage de te lancer. D’une voix faible et douloureuse. Peinée. « Je … Qu’est-ce qu’il y avait de si important à me dire, aujourd’hui ? … » Tu avais besoin de savoir. Le moment était particulièrement mal choisi. Mais tu voulais savoir. Lentement, tu déglutis. Il rompt votre contact, sans te brusquer. Tes deux mains se posent sur tes genoux, tandis qu’il va chercher quelque chose dans la poche de son blouson, les mains tremblantes comme tu ne les avais jamais vues. Il en sort un petit écrin. Ton cœur bat étrangement. Tu ne comprends pas. Il ouvre la boîte, plus pour lui-même que pour toi. Tu suis son regard perdu. Tes yeux tombent sur la bague en or, incrustée d’un petit diamant, minuscule, simple mais magnifique. Pour la seconde fois de la journée, ton cœur cesse de battre. Les larmes envahissent tes yeux, lorsque tu comprends ce qu’il avait l’intention de faire. Tu pousses un soupir gémissant en détournant les yeux. La voix d’Adam glisse dans tes tympans, rauque et dévastée. « J’suis désolé … » Il n’a pas la force. Il ne peut pas. Tes yeux se posent à nouveau sur lui. Il a refermé la boîte, la tient serrée dans le creux de sa main. Il a ramené son poing sur son front. Son visage crispé en une souffrance absolue. Tu lui frottes le dos. Tu n’arrives pas à lui en vouloir. Instinctivement, tu sais qu’il n’a pas choisi la bague seul. Tu te retiens pour ne pas fondre en larmes. Adam ne pleure pas, lui. Tu devrais prendre exemple sur lui.

Tes yeux se reposent sur ton homme. S’écarquillent lentement.

Les larmes bariolent ses joues, ruisseaux impossibles à stopper. Il se recroqueville, prend son visage à deux mains. Un long râle s’échappe d’entre ses lèvres. Quelques personnes de la salle d’attente tournent un instant les yeux vers lui, avant de regarder précipitamment ailleurs. De ton cœur, il ne reste que des cendres, piétinées par ces légers gémissements rauques qui s’échappent d’entre les lèvres d’Adam. Il a pris son visage entre ses mains, la boîte de la bague plaquée contre sa tempe. Tu relèves les yeux. Et tu les vois. Les deux médecins, qui vous ont ouvert les portes de l’ambulance, aux urgences. Leur mine désolée, leur air abattu.

Ton cœur a fait le grand saut. Tu ne veux même pas imaginer ce que peut ressentir ton Adam à cet instant. Personne ne le peut.

Tu fermes les yeux. Tu ne veux pas entendre ce qu’ils ont à vous dire. Tes bras entourent le corps recroquevillé et secoué de sanglots d’Adam.

C’est fini.
Tout est fini.




Ton feutre entre tes doigts, tu traces quelques traits maladroits et hésitants sur le papier. Tes petites jambes balancent dans le vide devant ta chaise, sous la table de ce petit salon modeste. Dans un coin de la pièce, ton petit sac à dos en forme de pingouin attend sagement, contenant toutes les affaires nécessaires à passer une nuit hors de chez toi ; ton petit pyjama superman, un slip de rechange, ta brosse à dents et ton doudou. Tu renifles lentement, tu plisses les yeux. Le feutre trace quelques nouvelles lignes. Ce soir, tu vas encore dormir chez tes grand-parents. Deux fois par semaine, c’est comme ça ; c’est ainsi que ton père s’est arrangé avec ta mère, juste avant que celle-ci ne parte travailler en Asie, il y a trois ans de ça. Tu connais grossièrement l’arrangement, sans en avoir eu tous les détails croustillants. Ta mère a dû partir, mais ne pouvait pas t’emmener. Tes parents se sont séparés peu de temps après ta naissance, un mois à peine avant le départ de ta génitrice ; ils n'étaient pas mariés, et tu n’avais même pas un an. Elle a convenu avec ton père que ses parents devraient pouvoir te voir aussi souvent qu’ils le voulaient, et au minimum une à deux nuits par semaine, et vous avez emménagé à Caswell, dans la même ville qu’eux. Ton papa ? Ses parents sont tous les deux morts. Tu ne le sais pas vraiment ; tu ne poses pas de questions, pas encore. Tu renifles, te gratte le nez du bout de ton petit doigt plein de feutre. Une trace bleue marine sur ta peau. Tu ne la remarques pas. Tu continues. Derrière toi, ton père s’agite. Ta grand-mère ne va pas tarder à passer te chercher. D’habitude, c’est lui qui t’emmène, mais ce soir il a une réunion, apparemment. Beaucoup de travail, en tout cas. Alors mamy vient te chercher. Tu l’aimes bien. Elle est gentille. Papa l’aime moins. Il ne s’entend pas trop avec papy et mamy. Il faut dire que papy et mamy ne disent pas que des gentilles choses sur papa. Parfois, ils sont durs.

Tu l’aimes, ton papa. Il fait toujours des efforts devant toi. Il fait toujours tout pour te rendre heureux. Des câlins dans son lit le dimanche matin. Des siestes avec toi, parfois, même. Il cuisine bien. Il te lit des histoires. Il t’apprend plein de choses. Parfois, comme maintenant, il court un peu partout. Il cherche des choses. Mais il finit par soupirer, distribuer quelques caresses aux trois chiens avec lesquels vous vivez. Il s’approche de toi, comme là. Sourire aux lèvres. Tu ne le vois pas venir. Tu sens juste son baiser sur le sommet de ton crâne. Tu relèves les yeux, tes petites boucles souples gigotant autour de ton visage chérubin. Il passe sa main dans tes cheveux, les ébouriffe lentement. Tes grands yeux bleus le suivent. Il te regarde. Te sourit. Et soudain, tu ne sais pas pourquoi, les mots te viennent. Comme ça. Peut-être parce que tu pensais à ce que ta mamy dit toujours sur lui. Qui sait. « Je t’aime, papa. » Il te regarde. Te sourit de plus belle. Et t’embrasse sur le front, tenant l’arrière de ton crâne dans sa main. Simplement. Oh oui. Tu l’aimes. « Moi aussi, Henry. »


→ about today.

... I love you  C'est pour bien commencer. perv Anciennement Dean, il m'inspirait plus trop, et j'avais envie de partir sur de nouvelles bases, mes absences répétées n'ont pas aidé. ash So je vais faire de mon mieux, et je vous laisse découvrir Adam. Pour refaire un résumé ? What a Face Clo, 18 ans, plus de dents de sagesse (ÇA VEUT TOUT DIRE haha ) ( *sort Arrow* ). J'rentre en prépa d'orthophonie cette année donc j'vais en baver donc on verra bien pour l'activité mais I'll be strong just for you. saalut Je vous aime. Et j'crois que c'est tout. perv blood in the water. ▼ (theodore) 2774444739  I love you



Dernière édition par Adam T. Rosenbloom le Mer 28 Aoû - 13:14, édité 45 fois
Revenir en haut Aller en bas
Asher Weir
Asher Weir

date d'arrivée : 28/10/2012
mensonges : 6230
crédits : JUDAS.
âge : 36 ans.
adresse : Dock N°7. Appart 204.
humeur : Invincible.

sneak peek
Relations
:
What about the town ?:
J'ignore tout de la vérité

Pouvoir: Orgasme cosmique du grand gourou. Ok, just joking, aucun.


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyVen 23 Aoû - 22:51

Rebienvenue I love you
Revenir en haut Aller en bas
Tyler A. Lawson
Tyler A. Lawson

date d'arrivée : 24/07/2013
mensonges : 395
crédits : cha
multicomptes : gunter & the island
âge : 20 yo
adresse : chez môman près du port

sneak peek
Relations
:
What about the town ?:
J'ignore tout de la vérité

Pouvoir: _


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyVen 23 Aoû - 22:59

J'suis bien contente de te retrouver dans le coin !
J'espère que tu te sentiras plus à l'aise avec ce personnage. Bonne chance pour ta fiche ! sqeee 
Revenir en haut Aller en bas
Shirley Anderson
Shirley Anderson

date d'arrivée : 06/06/2013
mensonges : 780
crédits : Silverwing ◊ Dnwinchester
âge : 30 ans
adresse : City Center

sneak peek
Relations
:
What about the town ?:
J'ignore tout de la vérité

Pouvoir: //


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyVen 23 Aoû - 23:00

Huugggggghhh lala 

Rebienvenue sur le forum happybounce 
Bonne continuation pour ta fiche super
Revenir en haut Aller en bas
http://www.hmcming.com/t885-shirley-tiens-c-est-poussiereux-chez
Irene F. Harper
Irene F. Harper

date d'arrivée : 27/05/2013
mensonges : 773
crédits : Signature @GreyWind Gif @Tumblr
multicomptes : H. Carter Wuornos
âge : 29 ans
adresse : Downtown
humeur : Electrique

sneak peek
Relations
:
What about the town ?:
J'ignore tout de la vérité

Pouvoir: Sarcasme


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyVen 23 Aoû - 23:07

Bon retour parmi nous et excellent choix d'avatar et de nom je doit dire I love you 
Revenir en haut Aller en bas
Adam T. Rosenbloom
Adam T. Rosenbloom

date d'arrivée : 24/02/2013
mensonges : 252
crédits : ❖ avatar (c) psychozee ; signature (c) tumblr + code by me + watchmen (quote) + feeling good (muse)..
multicomptes : ❖ none.
âge : ❖ thirty-two y.o.
adresse : ❖ northern hills.
humeur : ❖ énergique mais sombre.

sneak peek
Relations
:
What about the town ?: Indiquez ici si votre personnage est au courant ou non du secret de la ville.
Pouvoir: Uniquement pour les infectés.


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptySam 24 Aoû - 8:04

Merci grosbras. I love you

Thanks Gunter, I hope so. What a Face Arrow Mais pour l'instant je me fais pas trop de soucis, j'l'aime bien le p'tit. perv

Shirley & Irene, merci à vous deux. brill blood in the water. ▼ (theodore) 2774444739

J'essaie de bien entamer ma fiche aujourd'hui. perv
Revenir en haut Aller en bas
Love C. Fillmore
Love C. Fillmore

date d'arrivée : 18/11/2012
mensonges : 612
crédits : P&H
âge : 18 ans
adresse : Northern Hills
humeur : Ca ira mieux avec une arme entre les doigts.

sneak peek
Relations
:
What about the town ?:
Je sais tout de la vérité

Pouvoir: Uniquement pour les infectés.


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptySam 24 Aoû - 8:15

Re-bienvenue et Re-bon courage alors blood in the water. ▼ (theodore) 2774444739 
(Et j'peux qu'approuver les dires d'Irene ! )
Revenir en haut Aller en bas
http://rdtosalvation.forumgratuit.org
Adam T. Rosenbloom
Adam T. Rosenbloom

date d'arrivée : 24/02/2013
mensonges : 252
crédits : ❖ avatar (c) psychozee ; signature (c) tumblr + code by me + watchmen (quote) + feeling good (muse)..
multicomptes : ❖ none.
âge : ❖ thirty-two y.o.
adresse : ❖ northern hills.
humeur : ❖ énergique mais sombre.

sneak peek
Relations
:
What about the town ?: Indiquez ici si votre personnage est au courant ou non du secret de la ville.
Pouvoir: Uniquement pour les infectés.


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptySam 24 Aoû - 8:59

Merci bien. brill I love you
Revenir en haut Aller en bas
Timothy Grayson
Timothy Grayson

date d'arrivée : 03/02/2013
mensonges : 307
crédits : tumblr/bazzart
âge : 12 ans
humeur : hmpf.

sneak peek
Relations
:
What about the town ?: Indiquez ici si votre personnage est au courant ou non du secret de la ville.
Pouvoir: Uniquement pour les infectés.


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyDim 25 Aoû - 14:07

*lui lèche la joue* Bienvenue 8D !
Revenir en haut Aller en bas
Jodie Hobbs
Jodie Hobbs

date d'arrivée : 29/05/2013
mensonges : 37


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyDim 25 Aoû - 15:50

Que quelqu'un nourrisse Timothy

Bienvenue ici
Revenir en haut Aller en bas
Milena Castelli
Milena Castelli

date d'arrivée : 24/06/2013
mensonges : 134
crédits : jump girl, tumblr
multicomptes : /
âge : 26 ans
humeur : changeante


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyLun 26 Aoû - 1:55

Bienvenue et bon courage pour la fiche sqeee 
Revenir en haut Aller en bas
Adam T. Rosenbloom
Adam T. Rosenbloom

date d'arrivée : 24/02/2013
mensonges : 252
crédits : ❖ avatar (c) psychozee ; signature (c) tumblr + code by me + watchmen (quote) + feeling good (muse)..
multicomptes : ❖ none.
âge : ❖ thirty-two y.o.
adresse : ❖ northern hills.
humeur : ❖ énergique mais sombre.

sneak peek
Relations
:
What about the town ?: Indiquez ici si votre personnage est au courant ou non du secret de la ville.
Pouvoir: Uniquement pour les infectés.


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyLun 26 Aoû - 16:02

*lèche la joue de Tim aussi. haha*

Merci à vous trois. brill J'ai presque fini, enfin plus que l'histoire à faire, mais je pense le faire assez rapidement. saalut I love you
Revenir en haut Aller en bas
T. Judith Oaken
T. Judith Oaken

date d'arrivée : 17/01/2013
mensonges : 2532
crédits : valingaï (avatar) ; sweet peach (signature).
multicomptes : seksi zombie.
âge : vingt-six ans.
adresse : downtown.
humeur : massacrante.

sneak peek
Relations
:
What about the town ?:
Je sais tout de la vérité

Pouvoir:


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyMar 27 Aoû - 11:02

rebienvenue you. hinhin i hate you, tu vas me buter, et voilà fuck okay. nop (non en vrai jotem, même si tu me butes anyway. stare)
lit lit lit lit lit 
Revenir en haut Aller en bas
Thea Larsen
Thea Larsen

date d'arrivée : 20/06/2013
mensonges : 296
crédits : avatar © glamor. — signature © gifs@tumblr.
multicomptes : aucun.
âge : vingt-et-un an.
humeur : massacrante.

sneak peek
Relations
:
What about the town ?:
J'ignore tout de la vérité

Pouvoir: Uniquement pour les infectés.


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyMer 28 Aoû - 10:50

shame on me de pas être passée par là. nop
(re)welcomeeeee. I love you I love you Tu gères avec ce nouveau personnage, on va gérer anyway. lit bonne chance pour la fin de ta fiche (parfaite) What a Face ilu. lit
Revenir en haut Aller en bas
Adam T. Rosenbloom
Adam T. Rosenbloom

date d'arrivée : 24/02/2013
mensonges : 252
crédits : ❖ avatar (c) psychozee ; signature (c) tumblr + code by me + watchmen (quote) + feeling good (muse)..
multicomptes : ❖ none.
âge : ❖ thirty-two y.o.
adresse : ❖ northern hills.
humeur : ❖ énergique mais sombre.

sneak peek
Relations
:
What about the town ?: Indiquez ici si votre personnage est au courant ou non du secret de la ville.
Pouvoir: Uniquement pour les infectés.


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyMer 28 Aoû - 13:17

YOU TWO. lit lit lit
Je vous aime, j'espère que vous avez bien crevé haha Cool Arrow

Fiche terminée. brill Je m'excuse de la longueur, je me suis beaucoup trop éclatée à écrire son histoire. ash Heureusement que j'avais pas réservé de deuxième post sinon ç'aurait été pire What a Face Arrow
En espérant que ça plaira quand même, encore désolée. ash brill I love you
Revenir en haut Aller en bas
Asher Weir
Asher Weir

date d'arrivée : 28/10/2012
mensonges : 6230
crédits : JUDAS.
âge : 36 ans.
adresse : Dock N°7. Appart 204.
humeur : Invincible.

sneak peek
Relations
:
What about the town ?:
J'ignore tout de la vérité

Pouvoir: Orgasme cosmique du grand gourou. Ok, just joking, aucun.


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyMer 28 Aoû - 14:39

Mon grosbras I love you
Toujours aussi perfect.
TU ES VALIDÉ(E) !
Encore une fois bienvenue à toi ! L'équipe administrative te souhaite de vivre une expérience des plus intéressantes sur le forum. Tu peux les contacter pour tout problèmes, pour une question, ou pour le plaisir, si tu as envie de les embêter. Aussi, tu peux voir sur le coté une barre de navigation; ce sont les points importants que tout nouveau membre doit effectuer. Sache que tout le forum t'es maintenant ouvert. Tu peux dès à présent poster ta fiche de liens, de téléphone, d'historiques et partir à la recherche d'un rp. Un administrateur t'ajoutera vite à ton groupe, ton rang te sera donné ainsi qu'une jolie couleur ! Au plaisir de te croiser sur le flood ou bien sur la chatbox !
Revenir en haut Aller en bas
Adam T. Rosenbloom
Adam T. Rosenbloom

date d'arrivée : 24/02/2013
mensonges : 252
crédits : ❖ avatar (c) psychozee ; signature (c) tumblr + code by me + watchmen (quote) + feeling good (muse)..
multicomptes : ❖ none.
âge : ❖ thirty-two y.o.
adresse : ❖ northern hills.
humeur : ❖ énergique mais sombre.

sneak peek
Relations
:
What about the town ?: Indiquez ici si votre personnage est au courant ou non du secret de la ville.
Pouvoir: Uniquement pour les infectés.


blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) EmptyMer 28 Aoû - 16:06

Thanks mon grosbras. brill I love you
Et encore désolée pour la longueur. ash
Je file faire tout ça. ohyeah I love you I love you
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé



blood in the water. ▼ (theodore) Empty
MessageSujet: Re: blood in the water. ▼ (theodore)   blood in the water. ▼ (theodore) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

blood in the water. ▼ (theodore)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
HOMECOMING △ V.4 :: 
« Home Weird Home »
 :: Yearbook :: Validés
-