Jonathane qui tourne en rond au bord d'une des routes menant à Caswell. Jonathane jonchée sur des talons de dix-huit centimètres, les cheveux qui virevoltent au gré du vent. Jonathane et son maquillage grossier. Rouge à lèvres écarlate et mascara rendent vulgaire ce visage aux traits de poupon. Robe serrée rend aguicheur ce corps tout droit sorti de l'adolescence. Jonathane la gamine qui se prostitue aux alentours de Caswell. Jonathane qui joue avec le feu, qui joue avec les hommes, qui joue avec les femmes. Jonathane qui satisfait les envies. Mais les envies de qui ? Pas de ses parents en tout cas. Papa et maman n'aiment pas ça. Papa et maman n'aiment plus leur fille. Cette demoiselle devenue une pure inconnue. Elle est où la gamine qui riait vêtue d'une jolie robe bleue sur les docks ? Partie, perdue, envolée et surtout dévergondée. Pervertie par cette envie d'acquérir des belles choses. Enfin, belles choses, surtout des choses hors de prix. Et papa et maman qui ne peuvent pas payer. Pêcheur, ça ne gagne pas tant que ça. Enfin, ça ne gagne pas autant que Jonathane le voudrait. Elle veut vivre dans le luxe, une coupe de champagne à la main. Quel beau rêve impossible. Fille de pêcheurs, ça ne va jamais bien haut dans l'échelle sociale. Et encore moins fille de pêcheurs qui devient une prostituée. Quelle idée t'es passée par la tête ?

Jonathane qui tourne en rond au bord d'une des routes menant à Caswell. Et Jonathane qui attend un client. Oh, il va y en avoir, elle le sait, elle a l'habitude. Des frustrés niveau cul à Caswell, y en a pas mal. Plus que ce que les gens pensent. Des maris aux envies non-assouvies. Des femmes en quête de sensation nouvelle.  Des étrangers fuient par les demoiselles originaires de Caswell. Ou tout simplement des Hommes avec un surplus d'argents qui le dépensent en sa compagnie. Tout un tas de personnes qui permettent à la blonde de partir un petit pactole entre les doigts. Mais pour aller où, au final ? Papa et maman t'ont viré ma p'tite, il ne faut pas l'oublier. Alors, généralement, Jonathane avance et part squatter le premier hotel venu. Parce que sa vie est devenue comme ça. Trottoir, hôtel. Vêtements de luxes, de tant à autre. Elle vit dans le délit. Si les flics la trouvent elle est cuite. Fini l'argents. Fini tout ça. De nombreuses fois les policiers sont arrivés. De nombreuses fois elle les a venu venir et elle a pu se sauver les fesses. De nombreuses fois ses «  collègues de travail  » se sont faites avoir. Mais c'est comme ça dans ce domaine là. Chacun pour sa gueule. Chacun sa merde, c'est le cas de le dire. Et Jonathane n'échappe pas à la règle. Jonathane mène désormais sa vie, sans se soucier de qui que ce soit. Parce que maintenant Jonathane est seule, sans personne. Sans famille, qui la renie. Sans amis. Seule, Jonathane est seule.

Jonathane qui tourne en rond au bord d'une des routes menant à Caswell. Et Jonathane qui n'a jamais été  destinée à ça. Ses parents avaient déjà tout prévu. La gamine, elle allait reprendre la tradition familiale. Elle allait pêcher, en compagnie de son frère. Comme ça et pas autrement. Il n'y a jamais eu un «  mais si elle ne voulait pas ?  » Non. Parce que Jonathane était obligée de vouloir cela. C'était comme ça et pas autrement. Erreur. Jonathane n'a jamais été comme ce que ses parents voulaient qu'elle soit. Rebelle dès son plus jeune âge. Jonathane a toujours montré qu'elle aimait plus les vêtements chers que les poissons. Jonathane a toujours dit ce qu'elle voulait. Être riche. Pas de princesse, pas de maitresse, ou autre. Riche. Elle voulait être riche. Alors Jonathane, à ses seize ans, a trouvé la solution avec des amies. Se prostituer. Donner son corps. Au début, elle n'était pas trop d'accord, puis elle a accepté, au final. Et ça a commencé. Les premiers clients sont arrivés et les flics aussi, bien rapidement. Et là, les parents de Jonathane ont su. Su que leur gamine avait vendu son corps. Et la sanction est vite arrivée. Parce que les flics, ils ont vite relâché la blonde. Maligne, elle avait déjà prévu le coup. «  Non, non ce n'est pas moi... Je.. Je voulais pas. Je veux pas avoir d'ennuis avec elles... Elles m'ont dit que... que si j'le faisais pas... elles elles allaient me faire re-regretter. Je voulais pas...  » Et les policiers qui ont plus ou moins gobé, mais qui l'ont relâché. Et les parents qui l'ont dégagé.