Welcome back to your hometown
Cette rue. Toujours cette putain de rue. Je ne sais même plus combien de fois je l’ai empruntée. Des dizaines, peut-être bien des centaines. Je m’étais promis de ne plus jamais me tordre la cheville en talons sur ces trottoirs, promis de ne plus jamais avoir à emprunter le tournant sombre après la maison des Spencer. J’ai vomis sur leur perron après le bal de promo. Je sortais avec leur fils à l’époque, nous étions les rois du campus. Les rois du monde. Et le monde, il se résumait à Caswell. Du phare aux falaises, des vieilles baraques austères au centre-ville. Oui, je m’étais promis de ne plus jamais foutre les pieds dans cet endroit de malheur. J’ai toujours voulu partir. Comme si quelque chose en moi rejetais la simple idée d’y finir mes jours. Ici tout le monde connait tout le monde, comme si la ville avait sa conscience propre. Peut-être est-ce l’isolement, peut-être est-ce autre-chose. Ici le microcosme vous enlise au nom du collectif et du paraitre. J’en ai fait des fêtes de voisins cachée sous une table pour mieux entendre les ragots. J’ai ravalé mon dégout de ces visages faussement pieux le dimanche matin. A Caswell on y rentre comme on en sort, par les grandes routes isolées. Et on espère bien ne jamais se retourner. Et pourtant me voilà de nouveau plantée devant la maison où j’ai grandis. Elle n’a pas changé. Oh la façade à un peu subit le temps et le lierre en a profité pour s’étendre. Il y a toujours des cordes de balançoire qui pendent misérablement d’une branche basse. Mon père s’était donné un mal fou pour l’y accrocher. Je vois les fantômes du passé surgir, des objets absents que je pourrais presque toucher. Caswell est restée la même et pourtant elle est comme ces liens usés qui s’agitent au vent. De son orgueilleuse richesse passée il ne reste plus rien. Plus rien que des bâtiments abandonnés, des tessons de bouteille sur la chaussée. Il est bien loin le temps de l’insouciance. Bien loin le temps prospère où le coin attirait les promoteurs et les regards. Mes voisins eux, sont toujours là. Alicia n’a pas eus la chance de pouvoir partir. De ce que j’en sais elle travaille comme serveuse dans un bar sur les docks. Elle ne m’a même pas fait de signe de la main. Pas même au nom de notre ancienne amitié. Elle qui souriait à s’en décrocher la mâchoire. Cet endroit a changé, mais plus encore, il vous change. Une sensation dans les tripes, l’impression de ne pas être à ma place au bercail. Peut-être que pour eux je suis maintenant l’égale de ces étrangers qui affluent à la saison touristique. Et pourtant l’hypocrisie fait rage alors que la nouvelle de mon retour à fait le tour de toutes les oreilles. Ces enfoirés du conseil de la ville ont décidés dès mon arrivée d’organiser un vin d’honneur en souvenir de leur ancienne championne junior de volley. C’est comme si les années où j’ai construit ma vie ailleurs n’existaient pas. Comme si des frontières invisibles stoppaient le temps de ce petit patelin du Maine. Je m’étais promis de ne jamais revenir. Mais quand on nait à Caswell, qu’on le veuille ou non, on y retourne toujours.

Homecoming est un RPG fantastique de multiples inspirations, notamment l'univers et les ambiances de Stephen King. Le forum en lui-même est administré par Asher Weir (JUDAS), Dylan RosenWood (Aisen) et Trajan Templesmith (.Reed). La première intrigue est en cours depuis le 31 Janvier et nous en sommes déjà à l'épisode deux. Avec 39 membres, le forum a déjà plus de 8000 messages et déjà quatre mois d'existence.
Fiche par .ReedNight
LIENS UTILES
ReglementContexteBottinInvitésPartenariat
ChronologieCaswell